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Exploitation

Morts au travail : la France sinistre championne d’Europe

Deux travailleurs.euses meurent chaque jour à leur poste en France, et 90 autres sont mutilé.e.s des suites d’un accident du travail. Alors que le 28 avril se tenait la journée mondiale de l’OIT pour la sécurité et la santé au travail, les chiffres des morts au travail en France ne cessent d’augmenter, entre sous-déclaration des employeurs et invisibilisation médiatique.

Augustin Tagèl

29 avril 2022

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Le 6 mars dernier, Flavien B., ouvrier foreur, décédait à son poste frappé à la tête par une pièce métallique détachée de sa machine. Le 30 mars, un salarié des chantiers navals l’Esclain de Nantes, mourrait écrasé par une plaque métallique de plusieurs tonnes. Il y a quatre jours, le 25 avril, un travailleur du mareyage à Concarneau, succombait, happé par une machine à compacter sur laquelle il travaillait. Le travail tue. En France deux travailleurs décèdent chaque jour d’un accident du travail mortel, et plus de 90 subissent des blessures dont ils ou elles garderont des séquelles.

A l’occasion, le 28 avril, de la journée mondiale de l’Organisation Internationale du Travail pour la sécurité et la santé des travailleurs, de nombreux rapports, chiffres et statistiques ont été publiés, pour documenter la macabre réalité de la mort au travail.
En Europe, selon les statistiques Eurostat, citées dans un dossier constitué par un groupement intersyndical et associatif, le taux d’accident mortel s’élève à presque deux pour 100 000 employés en 2019. Si certains pays comme l’Allemagne ou la Suède parviennent à maintenir ce taux inférieur à 1 pour 100 000, la situation en France est particulièrement catastrophique, avec plus de 3,5 accidents mortels pour 100 000 salariés. La palme revient également à la France concernant le taux d’accidents du travail non mortels, avec 3 400 victimes pour 100 000 salariés, quand la moyenne européenne est à 1 600, pour l’année 2019.

Ces chiffres et les rapports pointent l’évidente responsabilité des employeurs dans ce décompte morbide, un exemple parlant : seulement un patron sur deux réalise régulièrement l’obligation légale d’évaluation des risques en entreprise. Les employeurs diminuent sciemment les conditions de sécurité des travailleurs pour augmenter leurs profits.

Si les chiffres rapportés des morts et des blessés au travail apparaissent déjà terriblement élevés, il est évident qu’ils restent bien en deçà de la réalité, en cause : la sous-déclaration chronique dont se rendent coupables les employeurs. En France, ce sont ainsi la moitié des accidents du travail qui ne sont pas déclarés. Les principales victimes de cette réalité sous-terraine étant les travailleurs sans papier, souvent écartés des chiffres des accidents du travail salarié car classés en auto-entrepreneurs, et de toute façon non déclarés lorsque salariés, au regard de leur statut précaire.

La sous déclaration permet non seulement aux employeurs de ne pas faire augmenter leurs statistiques d’accident du travail, mais prive également les salariés de leurs droits, et notamment à un meilleur remboursement de leurs soins de santé.

Au-delà de la sous déclaration et du camouflage des accidents du travail, les plus de 1 000 morts au travail par an en France, ne prennent pas en compte les indépendants, les auto-entrepreneurs, les travailleurs détachés. Les travailleurs des plateformes, particulièrement exposé et vulnérables au regard de leurs conditions de travail restent une zone d’ombre des accidents du travail.
L’Etat enfin, ne s’applique même pas les obligations de publicité des accidents du secteur privé, et ne communique que des chiffres partiels et non analysables, qui révèlent cependant qu’en 2019 14,5% des fonctionnaires territoriaux et 11% des agents de la fonction publique hospitalière ont été victimes d’un accident du travail.

Alors que ces deux dernières années de Covid ont révélé le rôle central des travailleurs dans le fonctionnement de la société mais également leurs salaires faibles, cette liste de morts nous rappelle un autre aspect de la situation des travailleurs : leur vulnérabilité du fait des politiques du patronat et de l’Etat. Face à un système exploiteur et meurtrier, qui tue et mutile de plus en plus de travailleurs tous les ans, mobilisons-nous le 1er mai pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur.


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