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Municipales à Paris. Hidalgo, Dati, Buzyn, dans un mouchoir de poche

A moins d'une semaine du premier scrutin, la campagne des municipales à Paris poursuit son cours. Après les divers rebondissements des candidats LREM, des candidatures dissidentes aux désistements post-scandale, c'est aujourd'hui avec la progression du Coronavirus et le jeu compliqué des alliances qui leur permettraient de prendre de l'avance au second tour que les 3 candidates du trio de tête doivent jongler pour les jours restants.

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Crédits photos : AFP/Joel Saget

Un trio de tête dominé par le couple Dati-Hidalgo

Depuis quelques semaines, la tendance se renforce. De plus en plus certainement, c’est ainsi un match à 3 candidates qui se dessine : le duo Anne Hidalgo, à 25% d’intentions de vote (+ 1 point), et Rachida Dati, avec 24% et en progression de 4 points, en tête, se dispute la première place dans les sondages. A leurs trousses, Agnès Buzyn peine à les talonner (stagnant à 19%) avec, à ses chevilles les lourdes casseroles de LREM. Pas évident, pour la candidate de dernière minute, d’assumer le début de campagne chaotique de son parti, et peut-être encore moins sa moitié de mandat.

Loin derrière, les quatre autres candidats s’éloignent chaque semaine un peu plus de la course. Les Verts tombent à 12%, suivi de Villani relégué au bas de la liste avec 7% au dernier sondage, avant le Rassemblement national et la France insoumise ne parvenant chacun qu’à réunir 4%.

Si, par sa double place de mairesse sortante et de première dans les sondages, Anne Hidalgo est la cible de prédilection des attaques des autres candidats, elle parvient malgré tout à maintenir sa position. Tant et si bien que Rachida Dati ne peut, contrairement à ses dires, être sûre de « tourner la page Anne Hidalgo » à la fin du mois. Une page que la candidate sortante entend bien continuer à écrire, défendant son bilan contre les attaques de ses deux principales rivales et soulignant, sans scrupule, « J’ai toujours veillé à ne pas créer de tensions dont les Parisiens auraient été victimes. Personne n’est descendu dans la rue, parce que le dialogue social a toujours été là. Tout le monde ne peut pas en dire autant. », dans une pique directe à celle qui, il y a encore quelques semaines, était ministre du gouvernement Macron. Une déclaration non dépourvue d’hypocrisie quand, du versement d’un million d’euros pour les commerçants des Champs Élysées importunés par les manifestations des Gilets jaunes, à la chasse aux collages féministes, la mairie de Paris n’a pas manqué de se montrer, à la moindre occasion, du coté du gouvernement, contre le mouvement social.

Dati et Hidalgo revendiquent la droite et la gauche, Buzyn retente le « ni de droite ni de gauche »

Dans le match qui promet d’ores et déjà de voir s’affronter les trois candidates entre lesquelles tout semble encore possible, l’enjeu est de se démarquer. Un effort dans lequel, Rachida Dati et Anne Hidalgo choisissent toutes deux l’affirmation assumée de leurs familles politiques.

Ainsi, c’est à la revendication appuyée de la droite de laquelle elle est une figure endurcie que s’en remet Rachida Dati. C’est ce qu’a illustré son meeting de ce lundi soir, de son discours écrit par Henri Gaino, plume fétiche de Nicolas Sarkozy, à la présence de ce dernier venu parler de celle sur laquelle il a toujours pu s’appuyer. L’ancien président a profité de sa présence pour féliciter la candidate de sa campagne et de l’avenir qu’elle pourrait offrir aux Républicains : « La droite n’a d’avenir que si elle est populaire. Tant de fois la droite s’est trompée en choisissant telle ou telle catégorie. Rachida, c’est la capacité à être entendue par la France du peuple, par la France qui travaille la France qui cotise (…) et il y a quelque chose que j’aime chez elle : elle est courageuse. »

Face à elle, Anne Hidalgo tient le rôle de la candidate « de gauche », surtout dans ses discours et dans la bouche de sa principale rivale, qui l’accusait, il y a peu, de faire du « très très social ». Entre elles, se débat une Agnès Buzyn qui n’a d’autre place que celle de « centre » dont elle essaie de tirer profit en brandissant avec moins d’assurance que ne pouvait le faire Emmanuel Macron en 2017, la carte du « ni de droite, ni de gauche ». A la position délicate de représentante de LREM, s’ajoute celle, non moins délicate, d’être défendue par ses ex-collègues du gouvernement, à l’image de Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, qui n’a pas trouvé mieux comme éloge, à l’issue du débat qui opposait les 7 candidats que de déclarer : « C’est une femme qui a beaucoup de compétences (…) Une de ses faiblesses, c’est peut être de ne pas être élue même si je ne le crois pas personnellement ». Un soutien en or pour finir de restaurer à ce stade de la campagne la crédibilité du parti présidentiel.

Pour le second tour, Buzyn évoque des alliances ; Dati « choquée » de ses « combines »

En vue de la configuration qui s’annonce pour le second tour, l’enjeu est pour chaque parti d’anticiper les reports de voix qui lui permettrait de prendre la tête du scrutin le 22 mars. Si Anne Hidalgo pourrait bien bénéficier d’une alliance avec les Verts, comme le veut la coutume, pour ces rivales, la suite est plus incertaine.

Comme elle tente de le faire depuis qu’elle est officiellement candidate, et après des discussions pour le moment infructueuses avec Cédric Villani, Agnès Buzyn a ainsi tenté d’ouvrir la porte à des alliances, arrondissement par arrondissement, avec la candidate des Républicains. Une porte que Rachida Dati lui a claqué au nez sans plus attendre : « Je suis profondément choquée, alors même que le premier tour n’a pas eu lieu, que madame Buzyn, organise des combines de deuxième tour (…) La politique c’est de la dynamique, pas de la combine (…) Madame Buzyn veut sauver des postes... et des potes ! ». Une réponse qui, si elle pourrait être revue une fois passé le premier tour, ne se retient pas d’appuyer là où ça fait mal chez LREM, renvoyé une fois de plus au rang à la fois d’amateur et de magouilleur, bien loin du « nouveau monde » qu’il prétendait incarner.

Au-delà de l’issue incertaine de cette lutte pour la Mairie de Paris, et de la difficulté de LREM à apparaître crédible dans la période, cette campagne semble surtout marquée par l’imperméabilité du monde électoral au mouvement social. Après plus d’un an de Gilets Jaunes et la grève historique contre la réforme des retraites, la campagne semble se dérouler comme hors de ce contexte ; du rejet des Verts au bas de la liste - à l’heure ou des pans entiers de la population et en particulier de la jeunesse se politisent autour de la crise climatique - au combat entre le PS, les Républicains et LREM qui s’annonce. Une rupture d’autant plus frappante dans la capitale paralysée durant presque 60 jours il y a encore quelques semaines.


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