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Journée internationale des droits des femmes

Myanmar. Appel à la grève générale contre la junte militaire à l’occasion du 8 mars

Ce 8 mars, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, 18 syndicats ont appelé à la grève générale au Myanmar jusqu'au renversement du pouvoir militaire. La répression des putschistes a à nouveau coûté la vie à 3 manifestants, soit plus de 50 depuis le 1er février.

Oscar Renard

10 mars 2021

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Crédit photo : AFP

Une grève générale cherche depuis ce lundi à « freiner l’économie » au Myanmar pour accentuer la pression sur une junte militaire qui continue à réprimer brutalement les manifestations pro-démocratiques. A nouveau, ce lundi, trois morts au moins sont à dénombrer. La grève générale appelée le 8 mars à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, a été l’occasion d’une jonction entre des revendications féministes et la lutte contre le gouvernement militaire et en ce sens les femmes travailleuses et étudiantes étaient présentes en nombre à la tête des cortèges.

Les petits commerces, les banques et les usines à Rangoon, la plus grande ville du pays, étaient très largement fermés ce lundi à la suite de l’appel à la grève générale lancé par 18 syndicats pour intensifier le rapport de force : « continuer comme si de rien n’était et retarder une grève générale ne fera que profiter aux militaires alors qu’ils répriment le peuple birman ».

« Il est temps d’agir pour la défense de notre démocratie » affirme le communiqué des 18 organisations syndicales, dont l’action s’est jointe aux manifestations qui défient quotidiennement la violente répression du pouvoir militaire. Le mouvement de désobéissance civile, initialement mené par des travailleurs de la santé et des travailleuses du textile, a commencé quelques jours après le putsch militaire, et s’est depuis étendu à tous les secteurs.

Freiner l’économie

Les syndicats ont appelé à « arrêter totalement l’économie » dès lundi. Et ce dans la continuité des grèves du mouvement de désobéissance civile, qui ont été suivies par un tiers des travailleurs de l’administration - selon des chiffres non officiels - et qui affaiblissent considérablement l’économie.

En conséquence, la junte militaire a intensifié les mesures coercitives contre les travailleurs qui décident de ne pas aller travailler et dimanche soir de nombreux travailleurs grévistes ont été arrêtés. Dans cette droite lignée, les militaires ont investi au moins six hôpitaux et plusieurs universités à Yangon, l’ancienne capitale, qu’ils occupent par la force.

Répression

A nouveau les forces militaires ont tiré sur les manifestants. Deux personnes sont mortes lundi sous les coups de feu de la police dans la ville de Myitkyina, au nord, et une autre est décédée lors d’une manifestation à Pyapon, tandis que plusieurs ont été gravement blessées dans différentes régions du pays. La police a également réprimé de façon violente les manifestations à Mandalay, la deuxième plus grande ville du pays, où des coups de feu ont blessé au moins six personnes.

Journée internationale des droits des femmes

Les manifestations et la grève de ce lundi ont pris une coloration particulière à Ragún, où certaines des barricades étaient ornées de « longyi », une jupe traditionnelle birmane, pour commémorer la Journée internationale des droits des femme.

Dans toute la Birmanie, des milliers de femmes, dont beaucoup portaient des T-shirts violets et agitaient des drapeaux fabriqués à partir de jupes traditionnelles, sont sorties pour protester contre le soulèvement militaire.

« Le mouvement de protestation pacifique, ainsi que le mouvement de désobéissance civile, a vu des femmes assumer divers rôles de direction et on estime que le nombre de manifestantes représente 60% du total » ont communiqué cinq associations des droits des femmes dans un communiqué. Parmi elles, les jeunes travailleuses de l’industrie textile sont aux avant-postes de la lutte.

Au moins six femmes ont été tuées par la répression brutale exercée par la police et l’armée, et « beaucoup d’autres ont été détenues arbitrairement et exposées à la violence, au harcèlement et aux violences sexuelles » poursuit la déclaration.
Des groupes féministes ont exigé ce lundi, au même titre que les manifestations qui se sont répandues dans tout le pays, le rétablissement de la démocratie, le respect des résultats des élections de novembre et la libération de toutes les personnes détenues par l’armée, dont Suu Kyi, la dirigeante néolibérale de la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

Les militaires au pouvoir ont imposé, la semaine dernière, un virage répressif qui a conduit aux jours les plus sanglants depuis le coup d’État de début février. Face à une résistance qui ne quitte pas les rues, les militaires répondent avec brutalité et violence. La grève générale entamée ce lundi, menace non seulement de renverser le gouvernement militaire, mais aussi de mettre fin à tous ses privilèges politiques, économiques et sociaux qui étaient inscrits dans la constitution elle-même. Cette dynamique pourrait aussi en cas de chute de la junte, rendre extrêmement faible un hypothétique nouveau gouvernement de Suu Kyi.


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