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Nanterre : Free-Mobipel en procès après une vague de « licenciements disciplinaires massifs »

Ce lundi, l’ancien centre d’appels de Free, Mobipel, à Colombes, est passé devant le tribunal correctionnel de Nanterre après une enquête ouverte en 2017 pour « délit d’entrave au fonctionnement du comité d’entreprise » liée notamment à une baisse de 60% des effectifs en moins de trois ans sans consulter les instances représentatives.

Lucia Nedme

14 septembre 2020

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Alors que les travailleurs de Mobipel avaient déjà dénoncé leurs mauvaises conditions de travail notamment via l’émission Cash Investigation, faisant suite à deux tentatives de suicide sur le lieu de travail mettant au jour des conditions de travail inhumaines. Alors que 77% des employés disaient subir de la violence de la part de leur hiérarchie, qu’ils devaient demander des pauses pour se rendre aux toilettes ou encore étaient constamment évalués et que leur salaire était recalculé, les salariés ont en 2014, débrayé pendant 3h. S’en suit une vague de licenciements "pour faute grave" de plus de 60% des effectifs. Un motif permettant à l’entreprise de ne pas déclarer de plan social, l’exonérant de frais supplémentaires.

En effet, entre 2014 et 2017, Mobipel est passée de 711 à 287 employés en moins de trois ans, toujours pour « faute grave » ou « raisons disciplinaires ». Une situation qui a été dévoilée lors de l’émission Cash Investigation en 2017, qui a permis d’ouvrir une procédure judiciaire sur le motif que ces licenciements ont été menés sans en informer ou consulter le comité d’entreprise (CE) de mobipel.

C’est à ce sujet que la presidente du centre de relations abonnés d’LLIad, (maison mère de Free), Angélique Gérard, devra répondre aux accusations d’entrave au fonctionnement d’un comité d’entreprise qui pourrait être sanctionné par une amende de 7 500 euros.

Anousone Um, delegué syndical Sud-Télécom, explique très clairement au micro de l’AFP le lien de cause à effet entre le débrayage et ces licenciements en série : "tout a commencé très clairement en octobre 2014, à la suite d’un débrayage visant à dénoncer les conditions de travail. Depuis ce jour là" il dit constater "ce que (la direction) appelle la décroissance, ce que moi j’appelle le début du plan social déguisé.". Il dénonce en outre le fait que « Free a industrialisé cette pratique pour eviter de payer des indemnités, cela lui a fait économiser plus d’un million d’euros, selon les calculs de notre avocat. ». En effet, ceci devient un moyen commun chez les entreprises qui cherchent à contourner l’obligation de mettre en place un plan social.

« Ils ont tout gagné, ils n’ont pas fait de plan social, ils ont réussi à se séparer de salariés de manière massive tout en économisant et à avoir une masse salariale très basse pour que le processus de cession soit intéressant » continue Anouone Um, lui même licencié car il avait « pris neuf pauses inférieures a cinq secondes ».

Cette situation fait écho à tout le mal être au travail depuis les suicides à France Télécom, à état de détresse des travailleurs à la SNCF, des situation qui sont amplifiées par la précarité de l’emploi dans un moment de crise majeur où les salaires sont constamment remis en question, le travail rendu flexible, des plan sociaux à tout va. Contre cette réalité, nous devons nous organiser pour faire face à la crise que les patrons mains dans la main avec le gouvernement veulent nous faire payer, pour faire face aussi, à la répression syndicale qui fait rage. Contre la casse du travail et pour une vie digne, relevons la tête.


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