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Israël

Netanyahu et Gantz forment un gouvernement. Une catastrophe pour le peuple palestinien

Cela faisait 16 mois que l’État israélien n’avait plus de gouvernement. Depuis lundi, Netanyahu et son rival Gantz se sont mis d’accord pour en former un. Bonne nouvelle pour Netanyahu, pas pour les Palestiniens.

Sadek Basnacki

21 avril 2020

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Crédit photo : GPO / Omer Meron

Après 3 élections législatives et 16 mois de gouvernement de transition, l’État israélien a de nouveau un gouvernement. Netanyahu et Gantz se sont mis d’accord pour former un gouvernement d’ « union et d’urgence » selon un communiqué commun des deux partis.

Pourtant, quelques jours avant Gantz avait échoué à former ce gouvernement d’union avec Netanyahu. La décision de Gantz de renier sa promesse de ne jamais faire un gouvernement avec Netanyahu a fait éclater son parti, le parti Bleu Blanc. Cet accord va permettre à Netanyahu de sauver sa tête lui qui est inculpé dans trois affaires de corruption, de fraude et d’abus de confiance. Le procès devrait commencer le 24 mai, après avoir été repoussé à cause du coronavirus.

Le Coronavirus une aubaine pour Netanyahu

Alors qu’il n’a pas réussi à remporter les deux premières élections législatives Netanyahu et le Likoud obtiennent 3 sièges de plus que le parti Bleu Blanc lors des troisièmes élections. Cependant il échoue à former un gouvernement. Son procès s’ouvre et Gantz est chargé de prendre la suite et échoue à son tour. Gantz et Netanayhou négocient alors en pleine épidémie un gouvernement d’union nationale.

Entre temps, Netanyahu a invoqué l’épidémie afin de fermer le Parlement et les tribunaux. Son procès est donc reporté et l’absence de parlement empêche le parti Bleu Blanc de proposer au vote un loi empêchant une personne en procédure judiciaire de diriger l’État. L’État d’urgence est déclaré par le premier ministre. Ainsi, Netanyahu prend tous les pouvoir avec ses hommes de confiance. On parle même de « coup d’État rampant » dans l’État israélien.

C’est dans cette situation que Gantz a abdiqué démontrant qu’il n’a jamais été une alternative crédible à Netanyahu.

Un accord parfait pour Netanyahu

Les négociations et le « coup d’État rampant » ont provoqué une vague de protestation et des manifestations malgré l’État d’urgence. Dimanche, ils étaient plusieurs milliers, munis de masque à deux mètres de distance entre eux, à défiler dans Tel Aviv. La Coronavirus a fait bondir le taux de chômage, passant de 3,6 % à 26 %. Ce qui pourrait provoquer des soubresauts dans la lutte des classes.

Pourtant, Netanyahu peut voir la suite avec légèrement plus de sérénité. L’accord avec Gantz le laisse au pouvoir pendant les 18 prochains mois. Normalement, Gantz prendra le poste de premier ministre pour les 18 mois restant de leur législature. Mais rien n’oblige Netanyahu à laisser sa place. Si la situation politique lui est plus favorable dans 18 mois il pourra, s’il le veut, provoquer de nouvelles élections.

Du point de vue de la justice, Netanyahu a obtenu la garantie de pouvoir opposer son véto au choix du prochain procureur de l’État. Si cela ne suffisait pas, le comité de nomination des juges, qui était au centre des désaccords entre Gantz et Netanyahu, sera composé du ministre de la Justice et d’un autre ministre du Likoud, mais aussi un autre législateur du parti de Netanyahu.

Un accord catastrophique pour le peuple palestinien

Ce qui est une bonne nouvelle pour Netanyahu est une catastrophe pour le peuple palestinien. Les accords entre les deux partis prévoient d’appliquer la « souveraineté d’Israël dans les implantations en Judée et Samarie » à partir du 1er juillet. C’est à dire faire un grand pas dans la colonisation des territoires palestiniens. Cela rentre dans le projet de paix de Trump prévoyant l’annexion de la vallée du Jourdain, ce qui représente 30 % de la Cisjordanie.

Une seule condition à cela, que l’administration américaine donne son aval. Il ne faut pas en douter, Trump à l’approche des élections aura le zèle d’aller dans ce sens afin de solidifier la base de son électorat évangéliste.

Netanyahu sort grand gagnant de cet accord, repoussant un peu plus sa chute. Il peut tenter de contrecarrer la justice avec la nomination du juge ou mettre son véto. La désagrégation du parti Bleu Blanc et sa participation au gouvernement empêchent toute offensive par voie parlementaire. Si jamais la Cour suprême décide de lui interdire d’exercer le pouvoir, il y aura de nouvelles élections. On en saura plus lors de la réouverture de son procès le 24 mai prochain.

Pourtant, Netanyahu devra faire face à une situation de plus en plus compliquée pour lui. La grogne ne cesse de croître. Ses mesures anti-démocratiques ne font que mettre de l’huile sur le feu. L’échec de l’illusion du parti Bleu Blanc poussera sans doute les israéliens à augmenter leur pression dans la rue, d’autant plus que la situation économique est fortement impactée par la pandémie et que plus d’un quart de la population est au chômage. La colonisation de 30 % de la Cisjordanie ne se fera pas sans réaction du peuple palestinien contre cette politique criminelle.


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