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New-York : « Derrière la population Noire, c’est une jeunesse multiethnique qui se mobilise »

Depuis New-York, Tatiana Cozzarelli, militante de Left Voice, media frère de Révolution Permanente, revient sur la mobilisation inédite en cours. Une mobilisation historique, contre les violences policières sur fond de crise économique, qui mobilise de larges franges de la jeunesse.

1er juin 2020

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Nous retranscrivons ici l’interview réalisée par LID avec Tatiana Cozzarelli, militante de Left Voice

Bonjour Tatiana, pourrais-tu revenir sur le déroulement de la mobilisation là où tu milites ?

Je suis à New-York. Les mobilisations ont commencé réellement vendredi dernier. Ce sont des manifestations qui s’organisent dans toute la ville, par différents groupes de la communauté noire. Pour donner un exemple, hier il y avait huit manifestations différentes dans huit endroits différents de New-York, avec à chaque fois des milliers de personnes !

Clairement, ce qui prime c’est la spontanéité, avec pas mal de confusion et beaucoup de créativité. Les lieux de départs sont annoncés sur Twitter ou Instagram, mais tu peux aussi trouver les manifestations simplement en te baladant dans la rue. Comme il y a de la répression, tu dois souvent fuir, puis tu te retrouves à manifester avec d’autres personnes. Donc il n’y a pas de forme classique « tu commences ici et tu termines là ».

Ce sont des mobilisations dirigées par des jeunes Noirs, radicalisés par des années de violences policières, mais c’est plus largement une jeunesse très multi-ethnique, beaucoup de Latinos qui sont également criminalisés, beaucoup de jeunes Blancs qui il y a quelques mois faisaient campagne pour Bernie Sanders et qui se mobilise désormais dans la rue. Les mobilisations ont un caractère très juvénil. Le mot d’ordre qui prime est « Justice pour George Floyd », il y a également un fort sentiment anti-policier lié à la répression avec des également des mots d’ordre anti-policiers mais aussi anti-Trump.

Au cours de l’épidémie on a pu voir différents phénomènes de grève, chez Amazon notamment. Est-ce que ces épisodes jouent un rôle dans la situation actuelle ?

Je dirais que ces mobilisations, même si elles étaient petites, ont joué un rôle important pendant l’épidémie car elles posaient la question de la surexploitation dans le contexte du Coronavirus. Il est certain que les acteurs de ces mobilisations sont aujourd’hui dans la rue, comme c’est notre cas du côté des camarades de Left Voice parmi lesquels on compte notamment des soignants.

Quels sont les aspects « nouveaux » que tu mettrais en avant à propos des mobilisations en cours ?

Pour moi il y a quelque chose de totalement nouveau dans ces mobilisations. D’abord, évidemment, le fait qu’elles se produisent dans toutes les principales villes des Etats-Unis. Aujourd’hui 40 villes américaines ont instauré un couvre-feu ! Ensuite, il y a une colère forte, contre la violence policière, mais aussi contre une situation où le chômage est à un niveau très élevé et où tout le monde n’est pas égal face au coronavirus. La communauté noire est surreprésentée dans les morts du coronavirus, si bien qu’il y a énormément de colère, à l’heure où le gouvernement veut rouvrir et renvoyer les travailleurs se mettre en danger pour les profits capitalistes. On a donc cette forte colère en arrière-plan qui donne un caractère particulier au mouvement.

En novembre il y a des élections présidentielles. Comment interviennent les partis démocrates et républicains dans la situation ?

Pour moi, ce qui est important à comprendre c’est que, même si les Démocrates tentent d’apparaître comme étant du côté de ceux qui manifestent, le Minnesota est un Etat démocrate ! Le gouverneur est démocrate, le maire est démocrate, et ils ont mis des jours pour ne serait-ce qu’arrêter le policier qui a tué George Floyd. Il a fallu que Minneapolis brûle pour que Derek Chauvin soit arrêté !

En parallèle, ils appellent également la Garde Nationale à intervenir et instaurent des couvre-feux. Beaucoup de villes concernées sont gouvernées par des Démocrates, et la répression contre les mobilisations est donc fortement liée aux Démocrates. Du côté des élections présidentielles, Joe Biden a une histoire politique profondément raciste, il a été favorable à la ségrégation, il a écrit une loi, le « Crime Bill », qui a accru la répression. Donc il n’a pas beaucoup d’autorité sur la question des violences policières, même s’il affirme demander Justice pour George Floyd.

Trump quant à lui est resté silencieux quelques jours, et quand il s’est exprimé c’était pour appeler à la violence ! Au point que Twitter a censuré son tweet où il disait qu’il fallait tirer contre les manifestants. Trump s’adresse ici clairement à sa base sociale qui est raciste, radicalisé, armé, et qui pourrait dessiner un scénario très dangereux.

Et du côté des syndicats, quel rôle ont-ils joué ?

Oui, il s’agit d’un aspect important de la situation. Beaucoup de syndicats ont écrit des déclarations de soutien à la mobilisation. A Minneapolis et à New-York, les chauffeurs de bus se sont également montrés solidaires dans l’action.

A New-York, il y avait un bus rempli de policiers et de manifestants. Les manifestants à l’extérieur criaient, demandant à ce qu’on libère leurs camarades, et le chauffeur a fini par descendre du bus, refusant de les transporter. Des scènes semblables se sont produites à Minneapolis.

Evidemment les syndicats devraient aller plus loin, par exemple en appelant à la grève jusqu’à ce que les quatre policiers soient arrêtés.

Pour voir l’interview originale en espagnol :


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