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Estrosi militarise les écoles !

Nice. Flicage dans les cours de récré dès la rentrée 2017

Déjà connu pour son record de vidéosurveillance dans les lieux publics, la ville de Nice s’apprête à voir débarquer la police municipale armée dans les cours de récrée au nom de la « sécurité » des établissements scolaires. Porté par Estrosi, du parti Les Républicains, premier adjoint au maire de Nice et président de la région PACA, ce projet « d’unité sécurité scolaire » est fortement décrié par la communauté éducative qui refuse de céder à la logique du tout sécuritaire. C’est sans compter sur la détermination d’Estrosi et sur le laisser aller du ministère de l’Éducation Nationale qui dit « comprendre » les préoccupations du Conseil municipal de la ville après les attentats du 14 juillet. Sur fond de période électorale, le thème de la « lutte contre le terrorisme » est une fois de plus utilisé pour déployer les dispositifs répressifs jusque dans nos écoles. Marina Garrisi

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On se souvient qu’Estrosi avait accusé le gouvernement de laxisme après les attentats à Charlie Hebdo, plaidant pour le système de surveillance et le dispositif sécuritaire mis en œuvre dans la ville de Nice et qui auraient pu selon lui éviter l’attaque terroriste. Pourtant, on se rappelle aussi que l’individu ayant perpétré l’attentat du 14 juillet à Nice avait pu procéder à plusieurs repérages sur la promenade des Anglais sans que la « fameuse » police niçoise ait pu l’en empêcher. Preuve supplémentaire s’il en faut que la surenchère sécuritaire n’est en rien une solution au problème du terrorisme. Estrosi n’en tire cependant pas la même conclusion puisque celui-ci réaffirme sa volonté de mettre en place un flicage « préventif et curatif » systématique et permanent, et ce jusque dans les établissements scolaires de la ville. En effet le Conseil municipal a voté le 19 décembre passé le plan « Unité sécurité scolaire » qui prévoit de s’appliquer dès la rentrée 2017. 130 agents sont ainsi recrutés pour augmenter le nombre de policiers municipaux qui devront se partager les quelques 165 écoles de la ville, une réorganisation à hauteur de 4 millions d’euros par an qui prévoit également que les policiers travaillent 4 samedis de plus par an, mesure qui a amené FO Police à déposer un préavis de grève.

Bras de fer entre la municipalité et la communauté éducative. Le ministère de l’Éducation Nationale arbitre en faveur d’Estrosi

Contrairement à ce qu’affirme Estrosi, le projet « Unité sécurité scolaire » ne rencontre pas une adhésion auprès de la communauté éducative qui témoigne de son opposition au projet. « Une école n’est pas un poste de police mais un lieu d’apprentissage », dénonce Laetitia Siccardi, porte-parole de la fédération de parents d’élèves FCPE dans les Alpes-Maritimes. Pour le SNUipp-FSU, majoritaire au primaire, la décision relève d’une instrumentalisation des peurs plutôt que de l’intérêt collectif : « A la rentrée, les collègues ont dû faire un très gros effort de pédagogie pour mettre des mots sur ce qui s’était passé en juillet, explique son secrétaire départemental, Gilles Jean. Alors qu’on se remet à peine sur nos deux jambes, quel effet cela aurait-il de placer des hommes armés face aux enfants ? Est-ce utile d’en rajouter ? ». Les parents d’élèves sont eux aussi inquiets devant la détermination de la municipalité. Le ministère de l’Éducation Nationale a été interpellé, mais celui-ci affiche son soutien au Conseil municipal : « Il y a une sensibilité sur ces questions à Nice qu’on se doit de respecter ». Deux réserves sont données : que l’entrée des policiers dans les établissements se fasse sous accord du chef de l’école, et que les policiers ne soient pas armés. Deux principes énoncés sans aucune garantie pour les habitants de Nice.

Sur fond de période électorale, Estrosi surfe sur la vague du tout sécuritaire face au problème du terrorisme pour s’assurer le vote d’une partie de l’électorat sensible à ces questions et raviver le discours martial qu’on connait, le fameux « nous sommes en guerre » qui légitime toutes les politiques répressives et « préventives » (comprendre : de surveillance) de la population. Estrosi marque un pas à droite puisque jusqu’à présent la police municipale n’entre pas dans les établissements et se « contente » de fliquer l’entrée des bâtiments. De même pour le PS qui accompagne cette politique,au travers du ministère de l’Éducation Nationale, de peur d’être accusé une nouvelle fois de « laxisme » face au « terrorisme islamique ». La municipalité invoque l’appui des niçois et Estrosi raconte « Nous avons consulté les Niçois sur leur police municipale et ce qui est ressorti, c’est qu’ils souhaitent plus de présence, plus de proximité avec un enjeu particulier, celui des écoles ». Au contraire de la communauté éducative qui dénonce que le « questionnaire sur les missions de la police » réalisé par la municipalité au cours de l’année n’ait reçu que 2 2000 réponses sur 173000 foyers… Un « appui » qui est loin d’être représentatif !

Apprendre à marcher droit dès la maternelle !

L’entrée des flics dans nos écoles initiée par le Conseil municipal de Nice n’est pas anodine. « L’école doit être le sanctuaire de la République » disait Estrosi fin aout 2016. En dehors du fait que ce projet joue sur l’instrumentalisation de la peur, on imagine bien que l’autorisation du flicage dès la cour de récré servira de prétexte demain pour réprimer tel élève jugé pas assez « compatible » avec les « valeurs de la République », ou tel discours jugé « menaçant » à l’égard de l’ordre, etc. De même qu’on sait d’avance que les premières victimes seront les enfants des établissements classés « prioritaires » ou « difficiles », c’est-à-dire les élèves issus de familles précaires et musulmanes ou assignées comme telles. Les contrôles au faciès pourront se faire entre deux salles de cours, les éléments « déviants » pourront être « neutralisés » dès le plus jeune âge, bref tout bénef pour la« République » et sa bande d’hommes armés.

En ce sens, la politique d’Estrosi est parfaitement dans les clous de celle du candidat des Républicains pour la présidentielle, François Fillon, qui veut faire de l’école « la première marche vers la République », comprendre : un endroit où on vous apprend les bonnes manières, qu’on soit d’accord avec ou non. D’une manière générale, l’ensemble des candidats institutionnels à la présidentielle de 2017 partagent l’ambition de mettre la jeunesse au pas, après qu’elle ait montré sa détermination à se battre et sa radicalité le printemps dernier. Tous ont en effet pour projet de rétablir le service civique obligatoire, à quelques différences près, et l’école est explicitement invoquée pour exalter le sentiment d’appartenance aux « valeurs de la République » et exclure tous ceux qui ne s’y plieraient pas.


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