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Derrière les beaux discours...

Non, le gouvernement n’interdira pas les licenciements. A nous de leur imposer !

"Pendant la période actuelle, c'est zéro licenciement" aurait dit la ministre du Travail aux syndicats, avant que le premier ministre ne démente mardi soir. Pour Edouard Philippe, l'interdiction administrative des licenciements n'est pas "une solution totalement satisfaisante". Autrement, ce sont les salariés eux-mêmes qui devront défendre leur emploi face aux patrons qui voudront leur faire payer la crise.

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Crédit photo : Georges Gobet. AFP

Lundi 16 mars, Les Echos publiait un article rapportant les propos de Muriel Pénicaud, ministre du travail, lors d’une réunion avec les syndicats : "Pendant la période actuelle, c’est zéro licenciement".

Pourtant, comme il est désormais de coutume dans le macronisme, sa parole était démentie quelques heures plus tard... par son propre cabinet : "C’est une fake news absolue, il n’a jamais été question d’interdire les licenciements !" explique le directeur de cabinet. Ce que confirmera Edouard Philippe le lendemain, mardi 17 mars au soir, expliquant que l’interdiction des licenciements n’est pas une solution satisfaisante, mais que le gouvernement cherchait à faire en sorte qu’il "ne soit pas utile de licencier".

Comprenez : en offrant encore plus d’argent public aux patrons, ceux-ci ne licencieront peut-être pas ? Ou comment poursuivre la droite ligne du CICE, suppression de l’ISF, et autres cadeaux au patronat dont on attend toujours les centaines de milliers de création d’emplois annoncées...

De plus, la question des licenciements ne concerne pas seulement l’interdiction administrative de licencier des CDI. Il existe 1001 manières de licencier, et selon les nombreux témoignages, c’est ce qui est déjà en train de se passer. De la non-reconduction d’un contrat d’Intérim à la rupture de la période d’essai, en passant les travailleurs "au black" virés du jour au lendemain, un grand nombre de travailleurs et travailleuses ont déjà été licenciés ces derniers jours !

Si le gouvernement se refuse à interdire les licenciements, c’est pour une raison plus politique qu’économique. On aurait pu penser, à entendre les "quoi qu’il en coûte" et autres "l’Etat paiera" du président, qu’une telle mesure ne soit pas si impossible à mettre en place. Mais le problème pour le gouvernement, c’est qu’une telle mesure a un sens politique particulier : elle limite le pouvoir presque illimité d’un patron de jeter ses ouvriers quand il le veut. Et ce message, le gouvernement ne veut pas l’envoyer. Surtout à l’aube d’une crise économique, combiné à la crise sanitaire, dont il faudra bien payer l’addition. Le moment venu, l’Etat et le patronat présenteront la note aux ouvriers : "nous avons creusé la dépense publique, les comptes sont à sec, il faut de l’austérité et des restructurations". Ils essaieront de présenter les vagues de licenciements comme inéluctables, comme le résultat de "la crise"...

Alors comment comprendre les propos de la ministre aux directions des syndicats ? "C’est un propos de réunion" explique-t-on au cabinet. Un propos qui, semble-t-il, aura eu son effet sur les directions syndicales, puisque celles-ci ne prennent pas la peine de revendiquer elles-mêmes l’interdiction pure et simple de tout licenciement.

Pire, leur attitude dans la situation actuelle est loin d’organiser un plan de bataille pour défendre les droits des salariés dans la période.

Alors que de nombreuses usines non-essentielles tournent encore dans le pays, risquant la vie des salariés et leur famille, la direction de la CGT laissait ses équipes syndicales vouées à elles-mêmes, chacune dans leur usine, pour se battre pour la fermeture. Mardi 17 mars, en début d’après-midi, alors que nombre d’ouvriers se battaient depuis le matin voire la veille, et réussissaient parfois à obtenir la fermeture, la Confédération publiait un communiqué demandant la fermeture des usines non-essentielles, donnant le sentiment d’arriver "après la guerre". Pourtant, une bataille organisée, plutôt qu’usine par usine, pourrait imposer au gouvernement la fermeture de ces usines, avec maintien de salaire total, ainsi que le maintien de tous les salariés, précaires compris.

C’est encore la meilleure manière d’imposer l’interdiction de tous les licenciements, dès maintenant.

Parce que que ce n’est pas à nous de payer leur crise, et que nos vies valent mieux que leurs profits !


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Gaëtan Gracia, CGT Ateliers de Haute-Garonne

Militant à la CGT Ateliers Haute-Garonne
Twitter : @GaetanGracia

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