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L’intox du gouvernement

Non, les Gilets Jaunes ne veulent pas s’en prendre à Notre-Dame de Paris

Pour cet acte 23, le gouvernement et les grands médias ont agité à de nombreuses reprises une interdiction de manifester autour de la bâtisse incendiée de la Cathédrale de Notre-Dame de Paris. Une nouvelle instrumentalisation de l’évènement visant à sous-entendre que certains voudraient s’en prendre à l’édifice historique.

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Nuage de lacrymogène devant la Cathédrale Saint-André à Bordeaux, place Pey Berland. Crédit photo : Lîlâ Marguerite

C’est ce jeudi 18 avril, que la préfecture de Paris, à travers son nouveau dirigeant M. Lallement, a fait circuler une nouvelle une interdiction de manifester, aux alentours de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qualifiant de « pure provocation » la déclaration de manifestation passant aux abords de l’édifice et indiquant que d’après leurs informations des Gilets Jaunes souhaitaient s’y rendre. Castaner a ajouté dans la foulée : « les casseurs, pour beaucoup d’entre eux, n’ont pas été touchés par ce qui est arrivé à Notre Dame ». Cette nouvelle restriction géographique vient s’ajouter à d’autres lieux interdits depuis plusieurs actes déjà, comme les Champs Élysées. Les grands médias s’en sont donnés à cœur joie pour relayer cette information, ne manquant pas de laisser entendre les Gilets Jaunes serait une menace contre les restes du monument historique.

Pourtant, à bien y regarder, aucune annonce de la part des Gilets Jaunes ne revendiquent une quelconque atteinte à Notre-Dame de Paris. Un des nombreux appels à manifester dans la Capital pour cet acte 23, mentionnait un passage sur les quais proche de la Cathédrale, mais sans rapport explicite avec l’édifice et le groupe appelant à cette marche a depuis changé son parcours officiel. D’une manière générale, les autres cortèges sont bien loin de viser le bâtiment, se concentrant plutôt sur la réussite d’une manifestation importante pour le mouvement.

Une interdiction déjà émise en amont, à nouveau mise en avant pour l’acte 23

Si l’on remonte quelque jours en amont, on se rend également compte que les alentours de la Cathédrale était d’ores et déjà bouclé depuis l’incendie, afin de poursuivre l’enquête mais aussi, selon la préfecture d’écarter : « les risques de chutes d’objets ou d’effondrement de certaines parties de l’édifice sont importants », le schéma suivant a été publié :

Depuis le 15 avril jusqu’au 22, l’accès à la Cathédrale est donc restreint, mais la première communication de la préfecture a depuis évolué pour se joindre à la nécessité de décrédibiliser le mouvement des Gilets Jaunes.

L’annonce de l’interdiction est en effet couplée avec un discours radical de Castaner contre la nouvelle journée de manifestation qui s’annonce. Il met en avant la présence potentiel de nombreux « casseurs », et met en garde contre une nouvelle journée noir pour la Capitale. Une chose est sûre, les communications des deux garants de la sécurité du gouvernement et de la République ont permis qu’un discours plus qu’ambiguë soit relayé dans les médias, les mots « casseurs » et « Notre-Dame » se retrouvant régulièrement dans les lignes éditoriales, laissant planer un certain doute.

Les Gilets Jaunes « casseurs » de… monuments historiques ?

Pour ne prendre qu’un exemple et montrer que ce que laisse supposer le gouvernement est complètement faux : le cas de Bordeaux. Depuis le début de la mobilisation, les manifestants bordelais ont en effet pour habitude de finir les manifestations au niveau de la place Pey Berland, lieu où se trouvent également la Cathédrale Saint-André et la Tour Pey Berland, deux monuments bordelais. La Cathédrale est classée Monument Historique et inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998, pour autant elle n’a jamais été prise pour cible par les manifestants, alors que chaque samedi la répression est plus que brutale sur cette place. Il faut même souligner que le danger vient en réalité des nombreux tirs de grenades lacrymogène aux alentours de la Cathédrale (elle aussi actuellement en travaux) se trouvant sur la place Pey Berland, les palets de lacrymogènes sont effectivement connus pour pouvoir causer des départs de feux, et pour certains ont pu atterrir à l’intérieur de la cathédrale.

Jet de lacrymogène à Bordeaux. Crédit photo : Marion Vacca

Les Gilets Jaunes n’ont en tout cas jamais cherché a dégradé ce type de patrimoine, les positionnements éditoriaux des grands médias et les annonces du gouvernement sont donc comme grosse comme une ficelle. Sans aucun élément tangible, ceux-ci cherchent à accréditer la thèse d’une possible atteinte à l’intégrité de la cathédrale. Il s’agit pour eux de chercher à tout prix à profiter du triste incendie de la Cathédrale parisienne pour poursuivre leurs tentatives de refermer le mouvement des Gilets jaunes, et légitimer le saut répressif annoncé pour l’acte 23.

Gilet Jaune sur la place Pey Berland, devant la cathédrale Saint-André. Crédit photo : Lîlâ Marguerite


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