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Nouveau blocus à Paris XII. Les étudiants ne supportent plus d’être les ignorés du gouvernement

Dès le début de la semaine, des étudiant.e.s de l’UPEC ont bloqué l’entrée aux examens pour réclamer un réel protocole sanitaire à la hauteur de leurs attentes. Face à une gestion plus que douteuse et une apathie de l'administration, les jeunes ont dédié leur semaine à la lutte afin d’exiger un report des partiels et la prise en considération de leurs revendications. L’ignorance du gouvernement et de leur ministre face à une souffrance réelle et dangereuse pour leur avenir est la goutte d’eau qui fait déborder le vase dans un contexte de vague de suicides.

Camilla Bozza


et Sathiam Gauchi

19 janvier 2021

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Lundi 11 décembre, ce sont, cette fois ci, 250 étudiant.e.s de l’UFR de Sciences, souffrant déjà d’une compétitivité sans précédent depuis le début de la crise sanitaire qui se sont rassemblé.e.s devant leur établissement à Paris XII (UPEC) pour manifester une fois de plus leur mécontentement et leur incompréhension face à l’indifférence de leur administration.

Ce rassemblement, initié par un collectif d’une trentaine d’étudiant.e.s, avait pour but d’alerter l’administration de l’université sur des conditions d’examen que la majorité des étudiant.e.s jugent insoutenables. Parmi les « solutions » prônées par l’administration, la mise en place de notes pallier, c’est à dire qu’un étudiant doit avoir a minima sept sur vingt dans toutes les matières alors que normalement le système de compétences et de crédit permet de valider une matière même si l’étudiant obtient une note inférieure à la moyenne.
Les étudiant.e.s réclament également une ligne claire de la part de l’administration, qui donne des informations contradictoires sur le déroulement des partiels, envisagés dans un premier temps en présentiel.

“Les partiel en présentiel c’est essayer de donner l’illusion d’un semestre qui s’est bien déroulé”

Depuis la rentrée de janvier, le mouvement né du mécontentement et de l’incompréhension des étudiants se structure. Ainsi, un collectif d’une trentaine d’étudiant.e.s dirige la lutte, le Collectif des étudiants indignés.

Lors du blocus l’ambiance est conviviale bien qu’un peu morose ; la plupart des jeunes mobilisés “n’attendent pas grand chose de l’administration”, la mobilisation dure depuis maintenant plus d’une semaine et les étudiant.e.s n’ont pour l’instant reçu aucune réponse positive à leurs revendications. Elles et ils se heurtent même à l’animosité du doyen qui, lorsqu’il a reçu une délégation d’étudiant.e.s indigné.e.s a lancé à plusieurs reprises des menaces ; « si vous continuez, vous passez tous en rattrapage, vous allez revivre les partiels en milieu de semestre ». Le but est évidemment de décourager le mouvement et de rétablir l’autorité suprême de l’administration, au détriment de la santé physique et psychologique des étudiant.e.s.

Au bout de deux heures à patienter sous la pluie, les bloqueurs et bloqueuses obtiennent satisfaction : leurs partiels du jour sont annulés. Une délégation de six étudiant.e.s est reçue afin de discuter avec des membres de l’administration, des professeurs et le vice-doyen.

S’ensuivent quelques jours de lutte accompagnés de menaces de plus en plus inquiétantes pour les concerné.es qui finissent soit par abandonner la lutte ou, bien au contraire, par s’impliquer de plus bel dans les revendications étudiantes et continuer à mener leurs combats.
Après la délégation de jeudi, en présence du Bureau des étudiants (BDE) chargé de gérer la vie associative de l’UFR, ayant d’étroites relations avec la direction, présence exigée par le doyen, le bilan annonce, comme d’habitude, une réponse complètement décevante voire inacceptable qui ne prend toujours pas en compte les revendications étudiantes.

“Le BDE de l’UPEC, c’est l’équivalent de l’Avenir Lycéen de Blanquer !”

Le BDE, sujet du doyen, sera désormais le représentant principal de la cause étudiante à l’UPEC. De mèche avec le doyen, le BDE, élu louchement lors d’une des délégations de la semaine, recrute les étudiant.e.s dénoncé.e.s par le responsable de filière. Ce recrutement manigancé dans le but d’apaiser la rage des militants et réguler la situation, met le doyen en position de force, qui se permet alors de reporter les partiels du S3 au S4, sur une semaine et en présentiel. La lutte n’aura que peu servi et une partie des étudiant.e.s restent déterminé.e.s à continuer la bataille. La manifestation du 20 janvier 2021 accueillera alors nos étudiants de Paris XII.

Plus que l’administration, c’est le gouvernement et le ministère de l’enseignement supérieur qui abandonnent la jeunesse, à la fois par négligence et par choix. Cette semaine, deux étudiant.e.s sont passé.e.s à l’acte et ont tenté de mettre fin à leurs jours, une étudiante de la Sorbonne, quant à elle, est décédée ce vendredi 15 janvier. Cependant le gouvernement continue à faire la sourde oreille.

En plus d’avoir “volé tous nos bons moments”, comme le disait la ministre de l’enseignement supérieur ce jeudi, la façon dont a été gérée la crise sanitaire a réduit à néant toutes nos perspectives d’avenir. Génération pointée du doigt pour être la génération la plus à risque en termes de propagation du virus, le gouvernement nous infantilise et sous estime notre capacité à être solidaires.

Nous exigeons de l’embauche de masse pour participer à cette rentrée dans de bonnes conditions sanitaires, des masques et du gel distribués gratuitement, des centres de dépistage au sein de chaque campus, un soutien financier, une augmentation des bourses, des psychologues… Cela fait bien trop d’années que la jeunesse est mise de côté et la crise du COVID-19 n’a fait qu’empirer la situation. Aujourd’hui, le manque de moyens n’est plus une excuse ! Les moyens existent et on connaît désormais bien ceux qui en bénéficient : prêts garantis d’un demi-milliard, crédits d’impôt aux firmes transnationales, recrutement massif dans les forces de répression et commande de nouveaux outils de répression.


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