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Pseudo-retrait de l’âge-pivot

Nouvelles trahisons ! Berger et Escure veulent négocier comment amputer nos retraites de 12 milliards ! 

Alors qu’Édouard Philippe annonçait aujourd’hui dans un courrier qu’il retirait « provisoirement » l’âge pivot, tout en maintenant l’âge d’équilibre dans le projet de réforme des retraites, les directions des syndicats UNSA, CFDT et CFTC s’engouffrent dans la brèche et se réjouissent de cette soi-disant victoire : 12 milliards de coupes dans les retraites à négocier dans une « conférence de financement ». Une trahison ouverte contre les travailleurs, un coup de poignard contre les adhérents de la CFDT et l’UNSA en grève pour le retrait total de la réforme depuis le 5 décembre.

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Dans le contexte d’une nouvelle journée de mobilisation, le gouvernement, par la voie d’un courrier signé par Édouard Philippe, s’est engagé à faire des « concessions », qui relèvent essentiellement de la forme et de mesures cosmétiques. S’ils se disent prêts à retirer « la mesure de court terme consistant à converger progressivement à partir de 2022 vers un âge d’équilibre en 2027 », le gouvernement ne compte pas transiger sur l’ensemble de la réforme : système par points, mais aussi l’exigence de 12 milliards d’euros de coupes budgétaires qui retomberont sur le dos des travailleurs et des plus précaires.

Mais les syndicats dits réformistes ne se sont pas fait prier pour saluer dans l’instant ce geste du gouvernement - qui a pourtant tout d’une mascarade, et même d’une forme de chantage. En effet, Laurent Berger, patron de la CFDT, a twitté dans la foulée : « Nous avons obtenu le retrait de l’âge pivot, une victoire pour la CFDT ! » en s’engageant à poursuivre les « discussions » avec le gouvernement ; tandis que la direction de l’UNSA évoque pour sa part « une avancée majeure » et que Cyril Chabanier, le nouveau président de la CFTC, a déclaré aux journalistes : « on a été entendus ».

Mais de quelle victoire parle-t-on ? Car en réalité, le geste du gouvernement n’en est pas un. S’il s’agit d’un aveu de faiblesse après plus d’un mois de grève et de lutte déterminée contre la réforme des retraites, la lettre signée par Edouard Philippe annonce d’une part le maintien de l’âge d’équilibre dans le projet de loi, et d’autre part conditionne le retrait de l’âge pivot à 64 ans dès 2022 à des coupes budgétaires de 12 milliards d’euros ! En d’autres termes, cette « victoire » des directions réformistes est essentiellement symbolique, et se résumera potentiellement dans un hypothétique « accord » qui, on l’a vu, est largement conditionné par les desiderata du grand patronat, qui avec comme porte-parole Bruno Le Maire, patron de Bercy, a rejeté en bloc toute hausse des cotisations patronales. En ce sens, si les directions syndicales revendiquent une victoire, elle est non seulement temporaire, mais relève plus d’un changement de méthode que d’un recul de fond. Et surtout qu’il faut négocier le pistolet sur la tempe pour obtenir 12 milliards de coupes sur le dos de la population. C’est cette même méthode de négociation qui a été utilisée pour faire passer la réforme de l’assurance-chômage et qui avait conduit les organisations syndicales à accepter de se faire imposer 3,4 milliards d’économie sur le dos des travailleurs.

Dans ce contexte, les prises de positions des dirigeants de la CFDT et de l’UNSA sont une véritable trahison du mouvement de grève. De leur point de vue, à savoir des revendications qu’ils défendaient ouvertement - le retrait de l’âge pivot - mais aussi pour l’ensemble des travailleurs qui, même parmi leurs syndiqués, se sont mobilisés autour d’une revendication claire dès les 5 décembre : le projet de loi n’est ni amendable ni négociable, retrait total de la réforme des retraites.

En dépit de ces effets d’annonce, à la base, les travailleurs ne sont pas dupes. Laurent Berger et Laurent Escure n’ont aucun mandat de la base pour négocier quoique ce soit avec le gouvernement. Et plus grave encore, quand il s’agit négocier le poids de nos chaînes ! Pour obtenir non seulement un véritable recul sur l’âge pivot, il faudra un rapport de force à même de retirer l’intégralité de la réforme. Pour cela, la grève doit se généraliser, s’amplifier et se durcir. Amplifions le rapport de force dans les jours qui viennent, contre le gouvernement et son projet de réforme dans son ensemble !


    
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