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Tentative de séduction à droite

Offensive sécuritaire. Macron débloque 10 millions pour une « indemnité spécifique » aux policiers de nuit

Au cours d'une « visite surprise » rendue à la BAC et à Police-Secours ce lundi, Emmanuel Macron a annoncé le versement d'une « indemnité spécifique » aux policiers travaillant la nuit – mesure qui reviendrait à 10 millions d'euros. Entre tentative de séduction des policiers et des électeurs de droite et d'extrême droite, le gouvernement met en œuvre sa politique répressive et réactionnaire.

Cléo Rivierre

28 juillet 2020

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Crédits photo : AFP/Abdesslam Mirdass

Selon l’AFP, c’est au cours d’une « visite surprise » ce lundi auprès de policiers parisiens qu’Emmanuel Macron a annoncé le versement d’une « indemnité spécifique » pour les policiers travaillant de nuit. Au total, la mesure reviendrait à 10 millions d’euros. L’AFP mentionne également qu’il s’agissait d’une des revendications des syndicats policiers, exprimée notamment lors de leur rencontre avec Gérald Darmanin le 20 juillet. Emmanuel Macron aurait fait le tour de plusieurs unités de la brigade anticriminalité (BAC) de nuit et de Police-Secours, en compagnie de Gérald Darmanin, Marlène Schiappa et Didier Lallement.

Il s’agit de la part du président d’une nouvelle tentative de regagner la confiance des policiers en cédant aux revendications des syndicats de police, qui demandent davantage de moyens pour réprimer – ce dans un contexte social explosif aujourd’hui et dans les mois qui vont suivre, entre le mouvement antiraciste et les ripostes ouvrières probables face à la crise économique et les licenciements. C’était la même logique qui prévalait lors de l’annonce, il y a quelques jours, de 75 millions d’euros alloués pour le renouvellement des véhicules de la police et de la gendarmerie.

C’est également ce qu’exprimaient le discours de Darmanin dans son interview au Figaro, où il promettait de « stopper l’ensauvagement d’une certaine partie de la société » et de « réaffirmer l’autorité de l’Etat » ; mais aussi l’annonce de Jean Castex à Nice sur l’instauration d’une amende de 200 euros pour usage de stupéfiants ; ou encore du projet de loi pour prolonger les mesures anti-terroristes, à l’occasion duquel Gérald Darmanin avait qualifié les mobilisations antiracistes de « communautaristes » et « séparatistes ». Dans la même lignée, vendredi dernier, Marlène Schiappa se rendait dans le Calvados afin de saluer les forces de répression, promettant « davantage de moyens » pour celles-ci.

L’actualité politique marquée par une offensive sur le terrain sécuritaire et réactionnaire

Plus généralement, ces visites et ces annonces s’inscrivent dans le contexte d’une offensive sur le terrain sécuritaire et réactionnaire. La situation politique est en effet marquée d’une part par une offensive de l’extrême droite, autour de la campagne « #OnVeutLesNoms », instrumentalisation de drames à des fins racistes ; et d’autre part par un parti-pris conservateur depuis le remaniement, marqué par la nomination de deux ministres identifiés comme à droite et proches de la police.

Ainsi, Emmanuel Macron cherche à se reconstruire une base sociale en séduisant les électeurs de droite et du Rassemblement National. Dans une tentative de restaurer le « en même temps » du début du quinquennat Macron, cette politique très marquée à droite est contrebalancée par quelques annonces visant à séduire un électorat de centre-gauche – on pense notamment à l’annonce des repas à 1 euro pour les étudiants boursiers. Cette mesurette sociale ne fait cependant pas illusion dans le cadre d’une politique très largement pro-patronale.

Dans l’ensemble, si le discours du gouvernement vise à grignoter du terrain xénophobe et sécuritaire à la droite dure en vue des prochaines élections, il vise aussi à justifier une répression accrue des quartiers populaires, des luttes sociales et du mouvement ouvrier. Dans le contexte social potentiellement explosif, il est en effet central pour Macron de mettre en oeuvre tous les moyens possibles pour contenir ou étouffer les révoltes potentielles. Contre cette logique gouvernementale et patronale qui cherche à faire payer la crise aux travailleurs et opprimés, il va être central pour notre camp social de construire une mobilisation générale d’ampleur, réunissant tous ces secteurs autour d’un programme de lutte, mais aussi de se doter d’un projet de « monde d’après » débarrassé de toute exploitation et de toute oppression.


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