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Répression

« On ne laissera pas faire » : Beaune menace d’envoyer la police en cas de blocage des raffineurs

Interrogé ce mercredi matin sur LCI sur l’attitude du gouvernement face à la grève, Clément Beaune, le ministre des Transports, a été clair. Macron et ses ministres comptent jouer le rapport de force par les réquisitions et les déblocages musclés dès que la grève menacera les intérêts fondamentaux du patronat. En ligne de mire : les raffineries. Comme une impression de déjà-vu.

Joshua Cohn

8 mars 2023

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« On ne laissera pas faire » : Beaune menace d'envoyer la police en cas de blocage des raffineurs

Crédits photos : capture d’écran LCI

« La grève est un droit, le blocage n’en est pas un […] quand il y a des blocages ils sont levés, dans le calme, par des interventions notamment des forces de l’ordre. [...] S’il y avait des blocages réels dans les raffineries, on ne laisserait pas cela faire. ». Au micro de LCI mercredi matin, Clément Baune, ministre des Transports, répéte un refrain désormais bien connu dans la macronie.

Cette distinction entre grève et blocage pour justifier la répression de la première rappelle les mots d’Elisabeth Borne le 16 octobre dernier lorsqu’elle annonçait la réquisition des raffineurs pour casser leur grève pour les salaires. Elle appelait en effet à « ne pas bloquer le pays », le mouvement dans les raffineries ayant à ses yeux dépassé les limites d’une « grève normale ».

Une « grève normale » pour les macronistes c’est évidemment une grève qui ne dérange pas le patronat et le gouvernement. Si les travailleurs ne respectent pas ça, le gouvernement promet d’envoyer la police. Le précédent d’octobre sonne comme un avertissement : le gouvernement l’a déjà fait et est prêt à recommencer. Un besoin d’autant plus pressé que cette fois-ci, il y a à côté des raffineurs, plusieurs secteurs qui ont entamé une grève reconductible et qu’une majorité dans le pays est en faveur du blocage du pays pour faire retirer la réforme des retraites.
Dans la droite ligne de l’offensive du gouvernement, des éditorialistes contre le droit de grève, le sénateur LR Stéphane Le Rudulier se spécialise dans les propositions de loi anti-grèves. Le 8 février dernier, il avait proposé, selon le modèle italien, l’interdiction des grèves dans les transports à certaines dates, dont les vacances scolaires. Dans le contexte de la reprise des grèves dans la pétrochimie, il souhaite désormais limiter la grève dans les raffineries à un arrêt du travail par semaine dans la limite de trois jours. En bref, il s’agirait d’inscrire dans la loi l’obligation de faire tourner les raffineries au moins quatre jours par semaine en période de grève et donc d’interdire la grève.

La distinction entre grève et blocage est en réalité parfaitement factice : lorsque les travailleurs qui font tourner le pays débraillent, plus rien ne fonctionne, l’économie est bloquée. C’est à la fois l’effet mécanique de l’arrêt du travail et la puissance de la grève comme moyen d’action contre le patronat et le gouvernement. En affirmant tolérer l’arrêt du travail tant qu’il ne bloque pas l’économie, le gouvernement reconnaît que la force de la grève, c’est le blocage, la paralysie de l’économie, la perte de profits. Et cela, ils ne peuvent pas l’accepter.

A lire : Tribune. « Le droit de grève constitue un véritable droit à l’insubordination et à la révolte »

Les menaces de Clément Beaune ne sont pas seulement adressées aux raffineurs. En effet, le ministre a notamment cité les coupures d’électricité ciblées des énergéticiens en exemple d’actions « anormales » face auxquelles le gouvernement pourrait réagir. Depuis Noël, le ministre menace également de durcir encore davantage la législation anti-grève dans les transports, qui oblige déjà les cheminots à se déclarer grévistes 48 heures à l’avance. Impossible également de ne pas penser à la violence de la répression que subissent les lycéens depuis le début du mouvement sur les blocages de leurs établissements.

Face à un gouvernement déterminé à faire passer sa réforme des retraites en force contre le mouvement de masse en cours, les travailleurs et la jeunesse doivent être prêts à faire preuve de solidarité contre la répression, dès à présent devant les lycées, sur les piquets et en manifestation, et potentiellement dès l’annonce de réquisitions.


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