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#AnasseKazib2022 à Chambéry

« On ne veut plus choisir entre étudier et payer son loyer » Mathis, étudiant, au meeting d’Anasse Kazib à Chambéry

Nous reproduisons ici l'intervention de Mathis Cérézo, étudiant à l'université Savoie Mont Blanc, militant au Poing Levé et à Révolution Permanente, lors de la réunion publique de lancement de la campagne Anasse Kazib 2022 à Chambéry.

9 février 2022

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Crédits photo : AFP

Je me présente : je suis Mathis, j’ai 22 ans, et je suis étudiant en master d’histoire à l’université Savoie Mont Blanc.

J’ai fait le choix de m’investir dans cette campagne, qui a commencé depuis quelques mois. Avec mes camarades, on a sillonné les routes de Savoie et d’Isère pour aller à la rencontre des maires et obtenir les 500 parrainages, et ainsi être officiellement en lice au même titre que les autres candidats. Les maires sont souvent surpris de voir débarquer chez eux des petits jeunes qui en veulent, qui sont déterminés à aller jusqu’au bout pour dépasser cette barrière antidémocratique que sont les parrainages, et qui est faite pour éviter que des candidatures révolutionnaires comme celle d’Anasse puisse exister !
Je suis né en 1999 : ma génération, elle a toujours entendu dire que c’était la crise, mais qu’il n’y avait pas d’alternative au système capitaliste, que c’était normal de cumuler études et petits boulots, et qu’on était condamnés à être spectateurs de l’inaction climatique. Si j’ai décidé de mener cette campagne, c’est pour porter un projet révolutionnaire, pour voir advenir une autre société, débarrassée du capitalisme – un système qui n’a rien à nous offrir à part des jobs de merde et une planète dévastée !

Souvenez-vous, il y a 5 ans Emmanuel Macron se présentait comme le président des jeunes… Les “mauvaises” langues diraient qu’il a surtout été le président des riches ! Macron président des jeunes, c’est quand même une vaste arnaque : il n’a eu de cesse de mépriser la jeunesse. Je me souviens d’un épisode particulièrement indécent lors duquel, en pleine crise sanitaire, on l’a vu se pavaner sur Youtube avec McFly et Carlito, et faire des concours d’anecdotes dans la plus grande décontraction.

Aujourd’hui, le candidat en marche pour sa réélection retente le coup du “président des jeunes” : vous avez peut être vu ces affiches des JAM, les Jeunes Avec Macron, qui reprennent le graphisme de Netflix avec ce slogan, “Vivement qu’on signe pour 5 saisons de plus”. Mais c’est comme la série Lost : à mon avis, ce serait vraiment la saison de trop !

Le bilan des cinq années de Macron, en termes de politique pour la jeunesse, est pitoyable : baisse des APL, loi ORE – Parcoursup, réforme du bac, augmentation des droits d’inscription à l’université pour les étudiants étrangers, loi de programmation de la recherche, répression des mobilisations lycéennes – on l’a encore vu ce 27 janvier à Rennes, où une jeune lycéenne a été blessée à la tête par la police. Enfin, comment ne pas citer le cynisme et le mépris de Vidal et Blanquer, plus occupés à faire la chasse aux wokes et aux islamo-gauchistes qu’à produire des protocoles sanitaires décents.

La dernière attaque en date du gouvernement, qui sonne comme une promesse si Macron est réélu, c’est la remise en cause de la quasi-gratuité des universités. Macron a en effet déclaré, le 13 janvier : « On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants ». Cette phrase ne laisse planer aucun doute et s’inscrit dans la logique des actions du gouvernement ces cinq dernières années.

En matière d’écologie, le bilan n’est pas meilleur ! Ma génération a connu l’émergence de la question environnementale, et on a été sensibilisé très jeune là-dessus, dès l’école. Mais c’était toujours une éducation aux petits gestes individuels : éteindre la lumière, faire pipi sous la douche. Une écologie de colibris, individualiste et culpabilisante, qui ne remet jamais en cause les racines profondes du problème. Or aujourd’hui, on n’a plus le temps : face à l’imminence du désastre climatique et social auquel nous faisons face, il faut repenser collectivement tout notre système de production. Qui produit ? Comment on le produit ? Où ? Et pour qui on le produit ?

On voudrait nous faire croire que la jeunesse, les jeunes travailleurs et travailleuses, la jeunesse de quartiers populaires seraient dépolitisés, se désintéresseraient de la chose politique. Et pourtant, si les 18-25 ans, il est vrai, votent peu, cette jeunesse qui ne se reconnaît plus dans une classe politique corrompue et décrédibilisée s’investit dans d’autres voies : celles des luttes !

A l’international, la jeunesse a été particulièrement à la pointe des grands mouvements sociaux ces dernières années, que ce soit au Chili, à Hong Kong contre l’autoritarisme du gouvernement chinois, ou encore au Myanmar, se soulevant contre la junte militaire !

En France, la crise du coronavirus est venue exacerber les inégalités sociales. Beaucoup d’étudiants ont perdu leur emploi dans les premier mois de l’épidémie, et ceux et celles qui ont pu le garder se sont retrouvés en première ligne contre le covid. Pour ma part, je travaillais à l’époque dans un restaurant franchisé Sushi shop en tant que livreur. Notre direction avait obtenu, avant même la levée du confinement, la possibilité de rouvrir en livraison. Avec mes collègues, on a donc été rappelés au travail, mais cela sans aucune protection, ni gel, ni masque. On travaillait ensemble dans la cuisine exiguë du resto sans rien, et pareil quand on livrait chez les gens, sans masque. Il a fallu taper du poing sur la table pour qu’on veuille bien, après une semaine, nous donner deux masques en tissu chacun. Tout ça pour dire que l’Etat, comme le patronat, n’en avaient rien à foutre de notre santé : tout ce qui importe c’est la croissance et la production !

Et malgré ce contexte, on a vu, en France et dans le monde, la jeunesse se mobiliser autour des luttes contre les discriminations faites aux personnes LGBT, contre le racisme et le racisme d’Etat aux États-Unis avec Black Lives Matter, mais aussi en France avec notamment le comité Vérité et Justice pour Adama, et enfin pour l’écologie, dans les marches pour le climat, contre un système capitaliste qui apparaît de plus en plus absurde et mortifère.

Si aujourd’hui je suis à cette tribune devant vous, c’est parce que je crois que ce changement ne peut venir que par une rupture avec le système capitaliste. On ne peut pas maintenir durablement un système économique qui repose sur une croissance effrénée pour l’accumulation du capital, ce en exploitant les travailleurs et les ressources de la planète. Je pense également qu’il faut se garder des solutions que nous proposent les Verts à moitié vides comme Yannick Jadot, qui voudrait concilier capitalisme et écologie, un capitalisme vert et biodégradable. Que l’on soit clair, l’écologie sans anticapitaliste, c’est du jardinage !

Avec Révolution Permanente et la candidature d’Anasse, on veut porter dans cette présidentielle un programme révolutionnaire, un programme de rupture avec le capitalisme, un programme où la jeunesse puisse trouver sa place dans la transition économique et écologique qu’il est urgent d’opérer. Nous proposons de planifier la production et de mettre sous contrôle des travailleurs, et non plus du patronat, les industries de l’énergie et les secteurs clefs de l’économie tels que les transports : c’est seulement ainsi que nous retrouverons collectivement, et surtout démocratiquement, la maîtrise de ce que nous produisons ! Or les étudiants et les chercheurs, les laboratoires et les ingénieurs auraient un rôle essentiel à jouer avec les travailleurs dans la reconversion des industries les plus polluantes, le développement des transports collectifs – un potentiel d’innovation qui est aujourd’hui capté par les capitalistes qui en conservent le monopole, et que nous proposons de mettre au profit de l’intérêt général et de la transition écologique.

Pour cela, il faut donner vie à une université qui soit réellement émancipatrice. Dans ce sens, nous revendiquons l’abrogation des réformes de sélection à la fac, mais aussi des moyens à hauteur des besoins pour l’éducation nationale et l’enseignement supérieur, ainsi que la titularisation de tous les précaires. Enfin, nous proposons la création d’un revenu étudiant, à hauteur du SMIC, financé par les grandes fortunes – cela va de soi –, afin de ne plus avoir à choisir entre étudier et payer son loyer, et permettre aux enfants des classes populaires d’accéder eux aussi à l’enseignement supérieur.

Pour finir, je voudrais remercier tous celles et ceux qui nous ont aidés et sans qui on n’aurait jamais pu organiser cette soirée. On a créé à Chambéry un comité de soutien à la campagne, et j’invite toutes celles et ceux qui veulent nous aider à aller voir les maires, à faire connaître Révolution Permanente et ce que nous portons : vous pouvez nous aider en faisant un don à la campagne ou en nous laissant vos coordonnées pour faire en sorte qu’en 2022, Anasse soit là !

Retrouvez ici une synthèse du meeting.


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