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Soutien aux grévistes de Total !

« On se bat pour l’emploi ! » : troisième semaine de grève à la raffinerie Total de Donges

Les salariés de la raffinerie Total de Donges, près de Nantes, entament depuis lundi leur troisième semaine de grève. Sur un site classé SEVESO 2, nécessitant une vigilance accrue, les grévistes dénoncent les manœuvres de la direction et exigent plus que jamais la titularisation des contrats précaires. Jeremy Pavy, représentant syndical de la CGT, est revenu, pour Révolution Permanente, sur cette lutte.

Agapé

13 avril 2022

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Crédits photo : CGT Donges

« On a de plus en plus de CDD sur les unités : cela ne peut garantir la sécurité et la formation »

C’est effectivement pour cette principale raison que le mouvement de grève a été lancé le 28 mars dernier, date originellement prévue pour la remise en marche du site pétrolier. Jeremy Pavy, représentant syndicale de la section CGT, met en avant le manque de personnel organisé par la direction qui met en danger l’ensemble des travailleurs mais aussi les habitants aux alentours. En effet, le site classé SEVESO 2 – établissement abritant des substances dangereuses nécessitant des règles strictes de sécurité – « n’est pas une chocolaterie » nous rappelle le syndicaliste. Une inquiétude normale, qui n’est pas sans rappeler le drame AZF, plus grosse catastrophe industrielle depuis la seconde guerre mondiale qui a fait 31 morts et des dizaines de milliers de sinistrés et dans laquelle Total est impliquée.

Il tient également à rappeler l’hypocrisie de la direction qui, d’une part, « avance la procédure de maintenance du site en injectant 90 millions d’euros dans cette opération », preuve de la nécessité urgente de maintenir le site en état pour une sécurité optimale, mais qui, d’autre part, « refuse fermement la titularisation de l’ensemble des emplois précaires ». Cette revendication est exigée depuis longtemps par les grévistes qui se voient obligés de former sans cesse du nouveau personnel dans un site classé à haut risque : « le personnel est détaché à droite et à gauche, on en a ras le bol de former sans arrêt tous les nouveaux ! »

« Dans mon unité, on a 2 postes à tenir. Sur 10 salariés, il y a 7 CDD »

Si aujourd’hui, « il y a toujours entre 70% et 80% de grévistes » pour réclamer la titularisation des 43 CDD, la colère ne date pas d’hier : « en juin 2020, la direction décide de lancer un PSE pour « réorganiser » le site et de supprimer 75 postes ». Cette annonce avait déjà à l’époque mis le feu aux poudres, obligeant les travailleurs à s’organiser et à lutter : « on s’est battus pour l’emploi et on a réussi à obtenir la sauvegarde de 12 postes dans un premier temps, puis 13 postes par la suite ».

Arrêté depuis décembre 2020 pour des raisons économiques liées à la crise sanitaire mondiale, Jeremy Pavy nous explique que « la direction a décidé de fermer le site car ça leur coûtait trop de pognon et en plus, il a fallu se battre pour avoir des masques et du personnel de réserve au cas où des salariés tombaient malades ».
C’est donc dans ce contexte déjà conflictuel entre les raffineurs et leur direction que s’est lancé ce mouvement de grève très suivi. « Il n’y a rien qui sort et rien qui rentre » affirme avec détermination Jérémy.

De son côté, le syndicat FO qui a rejoint l’appel de la CGT dans cette grève dénonce une gestion du personnel incohérente et inacceptable de la part de la direction : « au niveau de l’exploitation, nous avons actuellement 20% de personnels qui sont précaires alors qu’ils occupent des postes pérennes », affirme Marin Guillotin, représentant de la section syndicale (RSS) FO, et « les salariés expérimentés en ont assez de faire la formation de jeunes qui partent au bout de quelques mois. Résultat, on a des jeunes sans expérience qui sont formés par des CDD sans expérience ».

Pour rappel, le groupe a enregistré des bénéfices records l’an dernier avec pas moins de 16 milliards de dollars. Dans ce contexte, il est donc difficile d’imaginer que le financement et la titularisation des 43 postes en CDI soit infaisable de la part de la direction du géant pétrolier.

Le patronat et l’État main dans la main pour casser la grève ?

D’après les grévistes et la CGT, qui ont mis le site pétrolier à l’arrêt depuis plus de deux semaines désormais, l’État puiserait dans les stocks SAGESS (stock stratégique à préserver en cas de pénurie, hausse des prix, conflit armé…) : « 3 bateaux contenant du gasoil, du SP95 et du SP98 sont arrivés de Dunkerque pour alimenter en produit l’ouest de la France » nous confie Jérémy. En effet, la raffinerie de Donges représente à elle seule une capacité de traitement de 11 millions de tonnes de pétrole brut par an, pour une capacité de stockage de 2,2 millions de m3, faisant d’elle la 2eme plateforme la plus importe du pays.

Selon la CGT, « cette situation pourrait poser question quant au positionnement de l’État qui apparemment préfère vider les stocks stratégiques plutôt que d’intervenir pour permettre de mettre autour de la table, les syndicats et la direction de Total afin que ces derniers trouvent un compromis et une issue à la grève », rapporte France 3 Pays de la Loire.

Même s’il ne faut avoir aucune illusion quant à des potentielles négociations entre les grévistes et la direction de Totale, cette situation met en avant le rôle profondément antisocial de l’État qui chercherait a faire cesser cette grève. Pour preuve, « on a envoyé un courrier il y environ 10 jours à la préfecture pour la mise en place d’une médiation afin de trouver une issue mais nous n’avons toujours pas eu de réponse » explique le représentant syndicale.

C’est dans ce sens qu’une action sera menée dans la matinée du 14 avril par les grévistes devant la sous-préfecture de Saint-Nazaire afin de faire entendre leur voix. De plus, une Assemblée Générale est prévue ce vendredi pour déterminer des suites du mouvement. Nous apportons toute notre solidarité avec les raffineurs en lutte, dont la grève exemplaire et la mobilisation doit servir d’exemple à l’ensemble des travailleurs. Une lutte qui démontre, une fois de plus, dans un contexte où l’inflation précarise l’ensemble de notre classe, que la seule issue pérenne permettant d’imposer un rapport de force au grand patronat et au gouvernement, reste bel et bien la mobilisation des travailleurs par en bas !


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