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Université Néolibérale

« Oubliez vos options ou arrêtez vos études » : des étudiants en Psycho méprisés à l’université Paris-Cité

A l'Université Paris-Cité, les étudiants en psychologie bénéficiant du dispositif AJAC ont été empêchés de s'inscrire à une partie des cours, menaçant la suite de leurs études. Face à cette situation, ils ne rencontrent que le mépris de l'Institut de psychologie, symptôme d'une université toujours plus élitiste.

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En chaque rentrée, tout étudiant connaît son lot de problèmes administratifs insolubles, doit affronter la surcharge des cours, la myriade de déficiences informatiques et la faiblesse criante du nombre de personnels pour gérer un système structurellement défectueux. Ces épreuves sont cependant décuplées dans les universités qui ont subi depuis plusieurs années les processus de fusion, telles que l’Université Paris Cité. Ainsi dans cette faculté, les étudiants de l’Institut de psychologie font face aux nombreuses injustices, liées à la volonté de sélectionner toujours plus.

Pour eux, cette rentrée est une nouvelle fois le théâtre d’aberrations administratives : les étudiants en licence conditionnelle – ou AJAC – en sont tout particulièrement victimes. Il s’agit des étudiants qui au cours d’une année donnée doivent encore valider certaines matières de l’année précédente. Leur statut administratif particulier doit être l’objet d’une validation « manuelle » spécifique de la part du « siège » – château kafkaïen de l’Université de Paris Cité – leur permettant d’accéder aux inscriptions pédagogiques en ligne. Cruciales et bien connues de tout étudiant, les inscriptions pédagogiques correspondent au moment au cours duquel tous les étudiants choisissent leurs cours et organisent leur emploi du temps. Dès les premières minutes de ces inscriptions ayant lieu en ligne, les cours sont pour une majeure partie immédiatement complets.

Or, en ce mois de septembre, l’administration de l’Université de Paris Cité n’a pas daigné autoriser les étudiants en licence conditionnelle à s’inscrire administrativement avant le début des inscriptions pédagogiques, malgré leurs demandes pressantes et répétées, Cette situation s’explique sans aucun doute par l’insuffisance évidente du nombre de personnels administratifs dans l’Université, qui a utilisé le processus de fusion pour réduire leur nombre. Il a fallu trois jours au fameux « siège » responsable, à force de mails et appels de la part des étudiants concernés pour procéder au déblocage administratif nécessaire de leur situation. Autorisés à s’inscrire enfin trois jours après le reste de leurs camarades sur des inscriptions qui s’étalent sur quatre jours seulement, les étudiants AJAC n’avaient plus accès à aucun des cours qu’ils souhaitaient, et en particulier pour ceux de troisième année, privés des cours d’option, de renforcement, et de terrain de recherche, essentiels en licence 3.

Face à cela, aucune mesure n’a été prise par l’université pour rétablir un semblant d’égalité entre ses étudiants et trouver des solutions aux injustices qu’elle a engendrées, de quelque manière que ce soit. Le retard pris par l’administration dans l’inscription des AJAC n’a même en aucun cas été admis officiellement par l’administration – mais a été en revanche été expliqué au téléphone à tous les étudiants concernés par les personnels des différents services. Les étudiants AJAC n’ont d’ailleurs même pas été prévenus que leur situation avait été débloquée, conduisant certains à prendre encore plus de retard dans leurs inscriptions. Leurs demandes de pouvoir accéder à certaines options, ou de modifier leur emploi du temps, se sont vues refusées par l’administration, laissant les étudiants dans le désarroi. Cette dernière est allée jusqu’à les enjoindre à faire une croix sur les options qu’ils espéraient, et les a même invités à « arrêter leurs études », si la situation ne leur convenait pas.

Des difficultés d’inscriptions, symptôme d’une Université toujours plus sélective

Pourquoi ce problème, que l’on pourrait aisément faire passer pour des broutilles estudiantines, est-il central et symptomatique du système désastreux que constitue l’université néolibérale ?

Tout d’abord, dans un contexte où 50% des étudiants sont salariés, habitent en grande majorité loin de leur faculté et doivent dans le cas d’une troisième année de licence de psychologie effectuer au moins un stage, pouvoir avoir un emploi du temps décent est tout sauf accessoire. Ensuite, le choix des options spécifiques à cette troisième année, les cours de renforcement et de spécialités, est crucial pour pouvoir accéder ensuite à un Master. Or, depuis la loi de sélection en master passée en 2016 et renforcée en 2020, cette étape est devenue l’occasion pour les universités d’éjecter à nouveau de ses rangs un large nombre d’étudiants.

Les étudiants sans master sont ainsi devenus légions dans de très nombreux départements, et tout particulièrement à l’Institut de Psychologie de l’Université de Paris Cité, où le passage en master est devenu synonyme d’une véritable hécatombe sélective, redoutée par les étudiants dès leur premier année.

Dans ce contexte, en ce qui concerne les étudiants AJAC empêchés de s’inscrire correctement, on ne peut que comprendre toute l’importance des ratés de l’administration, et l’absence totale de réparation proposée par l’université à l’heure actuelle.

Face à cette situation d’injustice criante, qui n’est que le reflet du traitement qu’inflige l’Université Paris Cité à ses étudiants, les étudiants de licence de Psychologie expriment leur écœurement et leur colère :

Le Poing Levé organisation étudiante marxiste et révolutionnaire, élue dans les conseils centraux de l’Université de Paris Cité, est déterminé à se battre à leur côté pour obtenir un traitement égal des AJAC vis-à-vis des autres étudiants, et un accès aux cours auxquels les déficiences de l’Université leur ont empêché de postuler. Contre toute logique sélective nous revendiquons une augmentation des moyens, du nombre de places et de cours, pour assurer des conditions d’études et travail décentes pour tous les étudiants et travailleurs de l’université et un traitement juste et adapté de tous les étudiants, travailleurs, porteurs de handicaps, et aux besoins spécifiques, pour que chacun dispose de conditions d’études satisfaisantes.


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