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Coup de bluff lesbophobe

PMA. L’hypocrisie gouvernementale ne suffira pas à éteindre notre colère !

C’est bien connu, un gouvernement en mal de popularité, d’autant plus quand il est en passe de faire passer l’une des attaques les plus graves contre les droits des travailleurs dans un déni total de démocratie, a toujours une (pseudo-)mesure sociale à tirer de son chapeau pour tenter, comme par magie, de se racheter une bonne conduite. Cette fois, c’est Laurence Rossignol qui a endossé le rôle de la magicienne, alliant hypocrisie et lesbophobie dans une tentative ratée de se montrer moins réactionnaire que l’intitulé de son fameux ministère du Droit des femmes, de la Famille et de l’Enfance, en annonçant un accès facilité à la PMA pour les couples lesbiens… mais uniquement à l’étranger s’il vous plaît ! Camilla Ernst

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De 2013 à 2016, retour vers le futur

« Il n’y aucune raison de discriminer les couples homosexuels, les couples lesbiens […] en leur refusant une technologie qui est ouverte aux couples hétérosexuels ». Si l’intention de Mme Rossignol était louable, son annonce en grande pompe sur la chaîne télévisée Public Sénat ce lundi 4 juillet l’est beaucoup moins. Il s’agit en effet d’abroger une circulaire, mise en place par le Ministère de la Santé actuel lui-même en 2013, visant à sanctionner les gynécologues qui orienteraient leurs patientes à l’étranger pour effectuer une procréation médicalement assistée (PMA), risquant jusqu’à 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende. De quoi en dissuader plus d’un !

Ainsi en 2013, non content de céder aux réactionnaires de la Manif pour Tous en reculant sur ses promesses de campagne qui visaient à ouvrir l’accès à la PMA aux couples lesbiens, le gouvernement avait jugé bon de renforcer son interdiction par un dispositif punitif fort. À l’époque, supprimée de la loi sur le mariage pour tous et renvoyée à une « loi famille » qui n’a jamais vu le jour, le gouvernement s’est finalement habilement déchargé de la question de la PMA pour toutes sur le Comité consultatif national d’éthique plutôt que d’avoir à trancher et risquer de se couper des électeurs de droite, préférant assumer ses positions ouvertement LGBTI-phobes.

Depuis, en 2015, le Haut Conseil à l’égalité dénonçait une « double discrimination » tandis que le Défenseur des droits pointait une « méconnaissance du principe d’égalité » de la législation. Ces belles paroles n’ont pas dépassé le stade des constatations, preuve s’il en était besoin qu’on ne peut décidément pas compter sur les institutions pour obtenir jusqu’au bout l’égalité des droits. Et aujourd’hui le gouvernement cherche à nous faire croire à une avancée en matière de droits pour les personnes LGBTI … en rétrocédant sur sa propre mesure, le tout n’étant qu’un écran de fumée ! Au même moment, Odoxa publie un sondage qui révèle que 54% des Français sont en faveur de la PMA pour les couples de femmes. Majoritairement moins réacs que leur gouvernement donc, ça rappelle curieusement les 70% d’opposants à la loi travail...

Contre la LGBTI-phobie d’État, pour une véritable PMA pour toutes !

Dans l’histoire, admirez la rhétorique, admirez l’hypocrisie. Ce n’est pas aux femmes lesbiennes, ni aux femmes célibataires, qu’on autorise à pratiquer la PMA, c’est aux gynécologues qu’on supprime les risques de sanctions. Quand SOS Homophobie parle d’une annonce « symbolique mais pas suffisante », on peut ajouter qu’elle est discriminatoire et dangereuse. Loin de permettre la PMA pour toutes, le gouvernement permet à celles qui pourront se l’offrir de tenter un voyage reconnu semé d’embûches, en Belgique, en Espagne ou aux Pays-Bas.

Au contraire, c’est une PMA réellement accessible à toutes que nous exigeons, sans considérations de bourses et donc de classe. Parce que nous seules pouvons disposer de notre corps et décider de quand et avec – ou sans – qui nous voulons un enfant et ce, sans avoir à traverser de frontières ni être mises dans l’illégalité, seules conditions pour une sécurité sanitaire, un suivi et un accès aux soins satisfaisants. Parce que l’égalité de droits et dans les faits seront un premier pas contre la violence qui résulte de la discrimination envers les personnes LGBTI.

Conscientes que les femmes et minorités de genre sont les premières victimes, les plus opprimées et exploitées, des lois pro-patronales des Hollande, Valls et consorts, nous ne nous laisserons pas abuser par leur mesure qui n’est qu’un vernis passé pour nous faire oublier la LGBTI-phobie d’État et les attaques permanentes contre nos droits. Notre colère, c’est par notre auto-organisation qu’elle s’exprimera, à l’instar des Pink blocs qui ont émergé à l’occasion de la lutte contre la loi travail et du pôle radical qui s’est formé au sein de la Marche des fiertés cette année.


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