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Jeunesse

Parcoursup 2019 : Colère, polémique, stress et sélection sociale...

Aujourd'hui, mardi 22 janvier, s'ouvrait la session 2019 de Parcoursup. L'occasion de revenir sur le bilan contesté, sinon désastreux, de la session précédente et de s'intéresser aux différences que présente la session actuelle.

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Crédits photo : PR

La session 2018 : stress, désarroi et sélection sociale

L’année dernière, dans le cadre du projet de loi ORE, avait eu lieu la première session du nouveau dispositif d’orientation post-bac : Parcoursup. Les objectifs annoncés étaient multiples, notamment en finir avec les insuffisances de l’ancien algorithme AdmissionPostBac – tirage au sort, etc... – et favoriser l’orientation et la réussite individuelle des étudiants. Cependant, derrière ces belles paroles, derrière la démagogie gouvernementale il existe une réalité toute autre que le bilan de Parcoursup 2018 rend indubitable : l’entrée de la sélection sociale dans l’enseignement supérieur.

L’arrêt de la communication des chiffres de Parcousup le 5 septembre dernier faisait l’effet d’une omerta gouvernementale tant les résultats avancés jusqu’alors, y compris sur le site ministériel, étaient sans appel. En comptant celles et ceux qui avaient quitté la plateforme, les inactifs et les refus, près de 300.000 lycéens n’avaient pu obtenir d’admission dans l’enseignement supérieur.

De plus, il a été possible de constater tout au long de la session 2018 de Parcousup que, loin de ce qui était annoncé par le gouvernement, ce nouveau dispositif introduisait non seulement une véritable sélection sociale touchant en premier lieu les lycées populaires, mais aggravait aussi les inégalités de genre. Cela sans compter les élèves en lycées professionnels et technologiques à qui il avait été même recommandé de ne pas se porter candidat dans certaines formations de l’enseignement supérieur comme les IUT.

Par ailleurs, un mot suffirait à résumer la manière dont les lycéens ont vécu la session 2018 de Parcoursup : stress. Cela à un point tel que des élèves déclaraient trouver Parcoursup même plus stressant que l’examen du Bac ! Face à l’inquiétude des candidats le gouvernement n’avait eu alors que deux réponses. La première, l’annonce du dispositif « meilleurs bacheliers », véritable mesurette d’enfumage histoire de faire passer la pilule. La seconde, les mensonges publics de la ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal au sujet de ses propres réformes.

Tout cela sans compter le caractère particulièrement obscur des algorithmes utilisés par le dispositif Parcoursup, dénoncé par de nombreuses organisations ainsi que la volonté du gouvernement de ne rien communiquer à ce sujet.

La session 2019 : on prend les même et on recommence ?

Les différences entre la session 2019 de Parcoursup et la session inaugurale de 2018 ne sont pas nombreuses. Les offres de formation apparaissant au catalogue de Parcoursup sont en augmentation, toutes devront d’ailleurs y apparaître d’ici 2020. Mais pour l’heure, Paris-Dauphine et Sciences Po’ Paris, pour les plus connues, dérogent encore à la règle. Force est de constater par ailleurs que les écoles concernées par cette dérogation n’ont nul besoin de Parcoursup pour procéder à une sélection sociale.

Ce qui change véritablement cette année c’est le calendrier du dispositif. L’un des changements les plus notables à ce niveau, publié dans divers médias, concerne les délais de réponse des candidats : lors du tout début de la phase d’envoi des réponses des formations, du 15 au 19 mai, les candidats ont cinq jours pour répondre aux propositions. A partir du 20 mai, ce délai est ramené à trois jours. Le dossier des candidats est actualisé une fois par jour, le matin. La phase principale s’achève le 19 juillet, contre fin août l’année dernière.

Pour éviter l’engorgement des listes d’attente le gouvernement a ainsi décidé... que les candidats devraient répondre plus vite !

La palme revient cependant à ce qu’a entrepris le gouvernement pour réduire le stress induit par le dispositif : cette année, le calendrier de Parcoursup sera resserré – du 22 janvier au 19 juillet – afin de réduire l’attente. A celles et ceux qui trouvaient le dispositif plutôt stressant la réponse du gouvernement est la suivante : vous stresserez plus tôt.

En définitive la session 2019 de Parcoursup ne s’annonce pas mieux que la précédente, bien au contraire. On prend les mêmes et on recommence, en pire.

Et les lycéens dans tout ça ?

A l’heure de l’ouverture de la session 2019 de Parcoursup, il convient de rappeler le fort début de mouvement lycéen, en opposition notamment à Parcoursup mais aussi aux diverses réformes concernant les lycées, qui a eu lieu avant la période de fin d’année, à la veille, justement, de Parcoursup 2019.

Dans un contexte marqué depuis deux mois par le mouvement des Gilets Jaunes, avec l’apparition du mouvement des Stylos Rouges dans l’éducation et avec une journée de mobilisation dans l’enseignement secondaire ce jeudi 24 janvier, il est fort probable que les lycées se mobilisent de nouveau – des sursauts de mobilisation ont par ailleurs pu se constater peu après la rentrée scolaire. D’autant plus que la hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers, présageant par ailleurs d’une augmentation pour tous, inquiète aussi nombre de lycéens.

Ainsi, ce qui fait la différence entre les deux sessions de Parcoursup ce n’est pas tant le contenu du dispositif que le contexte social. Cette différence sera d’autant plus marquée si l’on constate, dans les temps à venir, une réponse des premiers concernés, les lycéens, sur le terrain non des institutions mais bien de la lutte.

Dans un tel contexte, où le gouvernement n’entend pas changer de cap et poursuivre son programme de contre-réformes et où l’illusion du grand débat ne prend pas, il apparaît essentiel que la jeunesse se mobilise pour s’opposer à la politique gouvernementale et réclamer l’abrogation de Parcoursup, la fin de la sélection sociale, et la gratuité de l’enseignement supérieur, tout en construisant la convergence avec les autres secteurs en lutte.


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