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Premier rendez-vous militant le 13/09 à 12h

Paris 8. Faisons de la mobilisation contre la loi Travail un acquis pour lutter contre son monde !

Mar Martin Après l'été, la reprise des cours approche dans toutes les universités de France. Face aux acquis du mouvement d'une part, et aux tentatives de reprise en main de la part de la direction de l'université et, plus largement, du gouvernement d'autre part, c'est l'occasion de faire un retour sur un mouvement vécu de façon particulièrement active à Paris 8, et sur les tâches qui attendent localement les militant.e.s, ancien.ne.s comme nouveaux.elles, pour mieux relever les défis actuels.

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Retour sur un mouvement aux conséquences palpables

« Paris 8. Le départ en grève le plus massif depuis 95 » ; « En dépit des concessions, malgré la répression, Paris 8 à l’avant garde de la lutte contre la loi du travail ! » ; « Blocage, interpro et manif. Paris 8 toujours mobilisée » ; voilà quelques souvenirs, certes partiels, de ce qui caractérisait la fin de l’année universitaire dernière à Paris 8. Dès le 8 mars, jour de la première assemblée générale de Paris 8 contre la loi travail, et veille de la première journée nationale de mobilisation et de grève, ce sont des centaines d’étudiant.e.s, enseignant.e.s et personnels qui se sont mobilisé.e.s, constituant ainsi l’un des bastions universitaires de la lutte. Des centaines qui, au quotidien, ont agité la fac pour montrer la nécessité de lutter ensemble contre l’attaque généralisée de nos conditions de travail actuelles et futures, tentant sur la fac de convaincre largement de rejoindre le mouvement. Des centaines qui se sont organisés à l’échelle locale pour établir le rapport de force, d’assemblées générales en commissions et comité de mobilisation – organisateurs quotidiens de la lutte –, de manifestations dans la fac en blocages et occupations, de meetings en soirées partagées. Des centaines qui se sont coordonnés à l’échelle de la ville avec les autres acteurs et actrices de la lutte à Saint-Denis à travers l’assemblée générale interprofessionnelle de la ville, mais également à l’échelle nationale avec les autres militant.e.s des facs mobilisées à travers les coordinations nationales étudiantes. Des centaines qui ont refusé à la fois les tentatives d’endormissement – venant du gouvernement et de l’Unef par des négociations trahissant nos mots d’ordre et des miettes données aux étudiant.e.s – luttant en même temps contre ceux et celles des directions syndicales qui tentaient de ralentir le mouvement en espaçant les dates de manifestations nationales ; mais aussi les tentatives d’intimidation, en faisant face à la répression dure, généralement peu connue par ces secteurs. Des centaines enfin qui ont débattu, parfois intensément, des tâches nécessaires à la victoire, des modes d’organisation du mouvement, des attitudes en manifestations, et qui ont laissélibre cours à leur créativité libérée du carcan habituel ayant lieu hors période de mobilisation. Qu’on le veuille ou non, un tel mouvement laisse des traces, chez nous, étudiant.e.s, personnels et enseignant.e.s mobilisé.e.s, comme chez eux, directions d’universités et Ministère de l’enseignement Supérieur et la Recherche. A Paris 8, ces traces sont d’ores et déjà visibles pour qui veut les voir en cette rentrée : à nous d’en faire des acquis à notre profit !

Des tentatives déjà visibles de la direction pour reprendre la main

Si quelques murs et salles portent encore les traces de la créativité collective libérée pendant la mobilisation, la plupart des « salles libérées » ont été reprises et mises sous clef, et les murs blanchis comme jamais on avait eu la chance de les voir auparavant.

Mais par-delà les façades, on sent par ailleurs que la présidence serre les vis. Dès l’arrivée, il nous faut désormais passer systématiquement par les contrôles de sacs effectués par des vigiles privés, contrôles mis en place, officiellement, « momentanément » après les attentats de novembre – du temporaire qui semble s’être éternisé jusqu’à aujourd’hui, normalisant largement et organisant toujours mieux ces tables de sécurité. D’autant que le mouvement a bel et bien dévoilé le rôle réel de ces agents de sûreté : empêcher tout blocage ou mobilisation, y compris en utilisant l’intimidation par la force des chiens ou les agressions sexistes de la part de leurs maîtres.

En l’absence de mouvement, comme c’est le cas pour l’instant en cette rentrée, ces mêmes vigiles ont pour ordre d’empêcher la tenue de tables militantes qui n’auraient pas reçu l’autorisation officielle par la présidence - autorisation qui, d’une part, met des semaines à être obtenue, et qui par ailleurs permet à cette même présidence de sélectionner les acteurs ayant le droit de s’exprimer au sein des murs de l’université. Et si cette mesure était officiellement en vigueur depuis deux ans, depuis l’écriture du nouveau règlement intérieur de l’université qui avait été contesté à l’époque du fait de son caractère liberticide, en cette rentrée post-mouvement c’est bien la première fois qu’elle est réellement appliquée. Un hasard ? Nous ne pensons pas.

Ces « petites choses » – dont la liste n’est certainement pas exhaustive – s’ajoutent aux mesures plus générales qui touchent l’ensemble des facs. Ainsi le discours de pré-rentrée de master 1 Sciences politiques est obligé d’expliquer au mieux « qu’il n’y a pas autant de places en M2 qu’en M1 », façon douce de prévenir de la sélection qui s’installe lentement mais sûrement au niveau master.

Un air post-mouvement qui se sent

Si la direction semble avoir pris les devants pour prévenir la réémergence du mouvement, il semble tout de même que certains acquis de la mobilisation soient bel et bien là. En témoigne – une fois de plus – la pré-rentrée de sciences politiques, qui s’est ouverte sur deux interventions. La première explique que le 19 septembre, en principe premier jour des cours, sera banalisé au profit d’une journée contre les oppressions, obligatoire pour les étudiant.e.s en licence et fortement conseillée à celles et ceux des autres années. La journée permettra de discuter de l’oppression de genre et du racisme, avec des intervenant.e.s spécialisé.e.s tels OUTrans, le Clashes, le CRAN, le Collectif non-mixte racisé de Paris 8 ou encore Nacira Guénif-Souilamas. La deuxième intervention, faite par deux enseignant.e.s non-titulaires, signale qu’« aujourd’hui, 65 % des cours de Sciences politiques sont donnés par des enseignant.e.s non-titulaires, […] [et qu’]une réunion des enseignant.e.s précaires [est] ouverte à tou.te.s le 20 septembre ». Manifestement, la mobilisation à Paris 8, dont le département de Sciences politiques était un des premiers acteurs, a laissé quelques réflexes. Mais ce n’est pas le seul. En cinéma, autre bastion important de lutte à Paris 8, certains professeur.e.s organisent également une après-midi « archives audio-visuelles et luttes à l’université de Vincennes-Saint-Denis » le 23 septembre prochain. Autant d’initiatives qui participent à faire perdurer une ambiance de lutte sur l’université, luttes à multiplier et coordonner.

Être à la hauteur des tâches qui sont les nôtres

Car si certains secteurs d’enseignant.e.s semblent cette fois plus actifs, il est étonnant de constater le vide politique qui occupe l’entrée et l’enceinte de l’université. En cette rentrée particulière, après 4 mois de lutte et un été particulièrement réactionnaire, l’enjeu, et ce notamment pour les militant.e.s d’ores et déjà organisé.e.s, devrait être de se mettre à l’offensive pour que l’ensemble des personnes qui se sont mobilisées l’année dernière, mais qui n’ont pas à l’heure actuelle de structures définies et larges pour continuer à militer, ne s’éparpille pas aux quatre coins de la fac, si ce n’est du pays. L’expérience de la mobilisation est un acquis énorme à faire perdurer, et ce, dans un premier temps, en lançant la discussion autour d’une structuration commune de l’ensemble de cette frange étudiante, et pas seulement celle qui a été au devant de la lutte contre la loi travail.

Le mouvement nous a permis de voir à l’œuvre l’Unef-majo (affiliée au PS) et ses manœuvres pour détourner la mobilisation. A l’heure qu’il est, ses militant.e.s sont parmi les seul.e.s à être autorisé.e.s à tenir une table dans l’enceinte de la fac - la nôtre étant obligée de rester aux portes de l’université. Les militant.e.s du mouvement de l’année dernière seront-ils capables de démontrer plus largement, et notamment aux nouveaux.elles étudiant.e.s arrivant à la fac, la nécessité de s’organiser en toute indépendance de la classe dominante et de ses partis, pour mener à bien les luttes qui combattent pour nos propres intérêts ?

La force du mouvement a permis non seulement d’obtenir une nouvelle date de mobilisation contre la loi travail, fixée au 15 septembre prochain - date qu’il faut préparer avec le plus de sérieux et visibilité possible malgré l’aspect « baroud d’honneur » que les directions syndicales tiennent à lui donner –, mais aussi de revendiquer le dépassement du simple cadre de la loi travail en dénonçant « son monde ». La période estivale a cependant autorisé le gouvernement et le patronat à avancer plus librement dans leurs attaques, que ce soit en commençant à appliquer localement la loi travail comme chez Bouygues, mais également en approfondissant leur tournant sécuritaire, plaçant des gendarmes aux portes de nos lycées et universités, et allant jusqu’à tuer Adama Traoré, s’efforçant à mettre tout en œuvre pour que le « Tou.te.s ensemble ! » qui a animé la mobilisation soit remplacé par un « tou.te.s contre tou.te.s » raciste, islamophobe et sexiste. Il est alors d’autant plus urgent, et de notre responsabilité, de montrer que nous lutterons réellement contre toutes les « lois travail » et également, en effet, tous les aspects de « son monde ».

A Paris 8, un premier rendez-vous commun a été donné en ce sens le 13 septembre à 12h dans le hall du bâtiment A, souhaitant rassembler tou.te.s les militant.e.s du mouvement ainsi que les nouveaux.elles arrivant.e.s à la fac, dont certain.e.s se sont certainement mobilisé.e.s sur leur lycée ou autre structure. L’objectif est autant de préparer activement la manifestation du 15 que d’envisager et d’ouvrir la réflexion commune sur les suites à donner. Malgré un calendrier universitaire en retard sur la rentrée des luttes, espérons s’y retrouver nombreux.ses !


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