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La France, terre d’asile ?

Paris. Dans le 18e, les migrants dorment devant la mairie

Anne Hidalgo, à grand renfort de caméras, a salué, le 11 septembre, les « premiers réfugiés que Paris accueille à bras ouverts ». Un accueil très sélectif et très médiatique. Depuis plus d’une semaine, ce sont 150 demandeurs d’asile somaliens, érythréens et soudanais qui campent devant la mairie PS-PC-écolos du 18e arrondissement, surveillés de près par une compagnie de CRS. Ron Bulivar et Prudence Fortunier

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Vendredi 4 septembre, la police a évacué des réfugiés qui s’étaient installés dans le petit square Jessaint, situé dans une rue adjacente au métro La Chapelle, dans le 18e arrondissement de Paris. Les évacuations et les fermetures par la police des lieux où les migrants se réfugient se suivent et deviennent assez habituelles dans l’arrondissement depuis le mois de juin dernier. Lors de ces délogements, au mieux absurdes, parfois très violents, les réfugiés perdent une partie de leurs affaires, un peu plus d’énergie, et ils doivent se mettre à chercher un nouveau lieu pour passer la nuit, un peu plus loin.

Cette fois-ci, des places d’hébergements ont été proposées, mais manifestement pas pour tout le monde. C’est la raison pour laquelle 80 personnes non relogées se sont donné rendez-vous dès leur évacuation, vendredi dernier, devant la mairie du 18e. Présents avec pancartes sur le parvis de la mairie, les réfugiés avaient décidé d’interpeller plus directement les autorités.

Presque une semaine plus tard, personne, de l’arrondissement ou de la Mairie, ne s’est présenté afin de proposer une solution d’hébergement aux réfugiés, ni même pour avoir une quelconque discussion avec eux. On aurait simplement recommandé à certains de rejoindre le campement d’Austerlitz. Les affiches demeurent sur le fronton du bâtiment, même si place Jules Joffrin, on a désormais accès au parvis et que les mariages peuvent être célébrés en mairie.

« Les débuts ont été compliqués », raconte Rufaï, un migrant originaire de Somalie. « Vendredi et samedi dernier, la police fermait complètement le parvis », encerclé par des camions de CRS. Les réfugiés pouvaient le quitter et y revenir un par un pour aller aux toilettes. Un traitement que l’on réserve, généralement, aux détenus. Solidaires, les habitants du quartier, eux, étaient autorisés à y faire rentrer de la nourriture, « mais ni vêtements ni couvertures », souligne Rufaï. L’idée sous-jacente était manifestement d’empêcher la formation d’un campement. Dormant à proximité du passage des voitures, le long des murs de la mairie, l’un des migrants s’est fait écraser le pied il y a deux jours.

Au niveau du quartier, le soutien est de mise. Le curé de la paroisse a prêté un local pour y recharger les portables, les habitants amènent des vivres. Mais les autorités, qui disposent de moyens beaucoup plus conséquents, ne réagissent pas.

La Mairie de Paris, pour l’instant, fait semblant de s’accommoder de cette présence. Ils sont un peu plus d’une cinquantaine en journée, jusqu’à 150, le soir, pour dormir. Ils sont originaires du Soudan, d’Erythrée ou de Somalie. Beaucoup d’entre eux ont émigré depuis longtemps, certains depuis une dizaine d’années. D’abord en Libye, où les migrants originaires du Darfour se sont installés à l’époque de la guerre civile, en 2003. L’immigration n’est pas qu’une affaire française ou européenne, souligne Wague, un autre migrant. On migre, les hommes et les femmes se déplacent, depuis toujours, et pas seulement à destination de l’Occident. La première étape, ce sont les pays « du Sud ».

Ces réfugiés, manifestement, n’avaient pas le souhait de venir en France. Ils ne sont pas ici pour les mirifiques aides sociales dont on parle, et qu’ils ne touchent pas, mais parce qu’ils ont dû quitter leur pays d’origine en raison de l’extrême violence qui les menaçait. Ils auront donc connu deux fois la guerre, ce qui les a amenés ici.

La « crise des migrants », pour les « occupants » du parvis de la mairie du 18e, c’est tout simplement le fait que pour fuir la Libye, à feu et à sang, la seule porte de sortie, c’est la Méditerranée, vers l’Italie et l’Europe, et non revenir en arrière, dans le désert. A Paris, Rufaï, Wague et les autres, dorment dehors, au milieu des pots d’échappement, à l’extérieur des murs biens chauffés de la coquette Mairie du 18e.. Ils ressemblent à celles et ceux que l’on voit par colonnes quitter leur pays en guerre et à qui Angela Merkel et François Hollande promettent, larme à l’œil, le secours de l’Europe de tradition humaniste. Mais maintenant qu’ils sont là, ils attendent toujours.


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