« Nous ne sommes pas des animaux ». C’est avec ces mots qu’un lycéen d’Henri Bergson exprimait sa révolte contre la violente répression déclenchée hier matin devant leur établissement. Un autre nous explique que « l’ambiance était plutôt bonne enfant par rapport à d’autres blocus qu’on avait fait avant, il y avait juste quelques jets d’œufs et de farine, mais ce n’était même pas contre les flics. Tout d’un coup ils ont chopé un lycéen qui était tranquille dans son coin, en train d’écouter de la musique et de discuter avec ses potes. Là on a pas aimé, mais on n’a même pas eu le temps de trop réagir qu’ils se sont lâchés sur nous avec une violence qu’on avait jamais vue ».
Selon une lycéenne en première, la scène qui apparaît sur la vidéo qui a viralisé sur Internet n’est qu’un petit échantillon de ce qu’ils ont vécu : « Ils ne nous laissaient pas filmer avec nos portables, dès qu’on se mettait à filmer ils venaient nous menacer, nous dire que si on n’arrêtait pas ils allaient nous amener derrière le camion de police qui était garé là et qu’ils allaient nous tabasser, nous violer, nous tuer ».
Ce matin, après le scandale engendré par la diffusion de la vidéo sur Internet et sa reprise par les médias, le sous-préfet de police s’était déplacé pour « s’expliquer » devant les élèves du lycée dans le gymnase. Mais certains n’étaient pas d’accord : « S’ils veulent venir nous parler, qu’ils viennent ici, devant le lycée. Nous on est là pour protester contre ce qui s’est passé ».
Quelques minutes plus tard des lycéens et étudiants de la mouvance autonome sont arrivés et ont proposé de partir en manifestation. Méfiants dans un premier temps, environ 400 élèves sont finalement partis en cortège, mais une grosse partie a fait demi-tour au moment où une minorité s’est dirigée vers le commissariat de police. « Ce n’est pas ça qu’on voulait faire, on voulait juste dénoncer ce qui s’est passé hier, montrer à la presse la façon comme on est traité par la police. »
Rassemblés à nouveau devant le lycée, certains élèves ont accepté la proposition de la direction de tenir une Assemblée Générale à l’intérieur de l’établissement. Des lycéens venus d’autres établissements ont été bloqués devant l’entrée et empêchés de témoigner de leur solidarité à l’égard des élèves de Bergson.
Mais ce n’est pas des simples grilles qui nous empêcheront de continuer à nous solidariser d’Adan et de toutes les autres victimes de violences policières, ni leurs matraques et leurs coups de poing qui nous empêcheront de nous battre jusqu’au bout contre la Loi Travail et la destruction de notre avenir.