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#SansMoiLe11Mai

Pas de retour à l’école sans masques, ni dépistage massif pour tous !

La déconfinement en commençant par la réouverture des écoles a fait l’effet d'une bombe, parents profs et élèves sont encore dans l’incompréhension à l’heure actuelle. Comment un gouvernement qui n’a pas su gérer la pandémie et qui par ses réformes successives a détérioré l’hôpital public de sorte que ses soignants soient totalement "désarmés", serait-il en mesure de rouvrir ce qu’il a tardé à fermer à savoir les établissements scolaires et remettre sur le chemin de l’école enfants et profs sans même leur garantir à eux non plus le minimum nécessaire pour reprendre une scolarité sous pandémie ?

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Ce que disent les parents, les profs et les professionnels de la santé d’une rentrée le 11 Mai

On l’a bien compris la raison de cette reprise hâtive à la scolarité des plus jeunes, n’est pas tant celle d’une préoccupation pour les apprentissages ou la lutte contre les inégalités comme ils aimeraient le faire croire mais bien une préoccupation économique, de remettre le plus rapidement possible les parents au boulot ! « Nous ne sommes pas la garderie du Medef ! » reprennent les profs sur les réseaux sociaux appuyés par le soutien des parents. Le #SansMoiLe11Mai viralise depuis lundi soir et Isabelle Pinatel responsable FCPE a appuyé cette logique en déclarant : « mes enfants resteront à la maison », tout en faisant état du manque de moyens criant déjà en temps normal : « On sait très bien que dans les écoles, les toilettes ne sont souvent pas équipées de savon. Quid du gel, des masques et des règles de distanciation entre enfants et professeurs ? ».

Alors si parents et professeurs s’indignent de la décision arbitraire du gouvernement, c’est justement parce qu’aucun élément scientifique vient en effet donner du crédit à cette date et à ce choix. Un pari risqué que prend donc un gouvernement déjà impopulaire, qui vise avant tout à donner des gages à la bourgeoisie.

C’est également le constat que font les professionnels de la santé, et notamment le conseil national de l’ordre des médecins, pour qui le premier enjeu est de ne pas refaire partir l’épidémie et de se confronter à une deuxième vague que les hôpitaux ne seraient pas en mesure d’assumer.

C’est ce qu’affirme le praticien Patrick Bouet président du Conseil national de l’ordre des médecins : « déconfiner le milieu scolaire reviendrait à remettre le virus en circulation … Le virus pourra revenir dans les familles, restées confinées pendant deux mois  ». Pour lui Macron a sans doute dû prendre cette décision à cause d’une « pression importante » pour « permettre une reprise économique rapide », puisque selon lui toujours « il n’y a pas d’explication médicale, infectieuse ou épidémiologique à déconfiner dans le milieu scolaire en premier ».

Enfin un CHSCT ministériel qui s’était réuni le 3 avril avait quant à lui émis l’avis qu’ « afin d’endiguer l’épidémie, pour assurer la sécurité et protéger la santé de tous les personnels, la mise en place du dépistage systématique comme le préconise l’OMS, à commencer par celui des personnels ayant des symptômes et ceux ayant été en contact avec des personnes infectées, de tous les personnels travaillant dans les pôles d’accueil des enfants de soignants ou ceux s’étant rendu sur leur lieu de travail ces trois dernières semaines, ainsi que de tous les personnels à risque ». Le contraire donc des annonces de Macron et Blanquer qui quelques jours après assumaient la position de ne tester que les personnes symptomatiques, sous prétexte pour le ministre de l’Éducation sur France 2 mardi soir, qu’il faudrait refaire les tests trop souvent s’il s’agissait de les réaliser également sur les asymptomatiques. Voulait-il à ce moment-là dire sans le dire qu’il faisait le choix conscient de trop exposer le monde de l’éducation ?

Le gouvernement est-il en mesure de promettre un retour en classe avec un minimum de garanties sanitaires ?

« Même si ne vous présentez aucun symptôme, vous risquez de contaminer vos amis, vos parents, vos grands-parents, de mettre en danger la santé de ceux qui vont sont chers » disait Macron dans son allocution le 16 mars. Il faut bien constater que la ligne est plus souple lorsqu’il s’agit aujourd’hui de faire repartir l’économie et par là même donc la pandémie. Et si depuis l’allocution de Macron ce lundi 13 avril avec l’annonce d’une réouverture des écoles le 11 mai, les lignes semblent bouger tant l’impopularité de l’annonce est forte, c’est bien que de la défiance règne à l’égard de ceux qui n’ont jusqu’alors pas su gérer la crise en envoyant au front des soldats non armés. En effet comment donc avoir encore confiance dans ce général de l’armée qui ne dit pas un mot sur le nombre de victimes et comment le laisser encore diriger une guerre pour laquelle lui-même admet qu’il n’était pas prêt ? Ceux qui ne l’étaient pas non plus mais qui en revanche mènent la guerre tous les jours, ce sont les hospitaliers qui font de leur mieux avec le peu qu’ils ont et au péril de leur vie, bravant l’épidémie grâce aux dons des masques cousus par la voisine, de la blouse donnée par cette anonyme ou du matériel envoyé par ces écoles, ces collèges et ces lycées, reconvertis en protection de fortune pour faire face. Alors non les profs, les parents et les élèves n’ont aucune confiance pour reprendre le chemin de l’école le 11 mai sans garanties de pouvoir faire face à la pandémie, surtout lorsque le ministre de l’éducation dit qu’il se laisse deux semaines pour penser la reprise et qu’en somme il navigue à vue ! Alors ce capitaine là non plus n’inspire aucune confiance ! Puisque c’est celui qui a baissé les moyens, supprimé des postes, fermé des classes, casser le bac, instaurer le néo management… Non lui non plus ne saura pas gérer le retour en classe en période de pandémie d’une éducation publique qu’il n’a fait que détériorer.

Ce que nous devons exiger : des moyens élémentaires de protection !

Force est de constater que nous devons compter que sur nous-mêmes pour s’affronter à cette pandémie et que nous devons faire pression pour obtenir le minimum pour faire face à la pandémie, à savoir tout ce qu’ils sont incapables de fournir depuis le début ! À savoir des masques, du gel hydro-alcoolique, et comme le recommande l’OMS et plusieurs médecins des dépistages systématiques des personnes retournant au travail. Pour éviter la seconde vague et envisager un retour au travail, il s’agit en effet du minimum ! Concernant les masques il faudra que les élèves en aient plusieurs par jour à leur disposition, leur usage étant limité. Savon et papier toilettes les écoles en manque déjà cruellement, il faudra ainsi s’assurer qu’il y en ait suffisamment et évidemment du gel hydro-alcoolique. Il faudra également éduquer les élèves pour qui les mesures de distanciation sont difficiles à tenir et qui se prêtent bien souvent le matériel. Ces mesures ne peuvent être prises que dans des établissements aux publics restreints, aux horaires et aux programmes adaptés, des nettoyages réguliers devront être effectués, nécessitant ainsi l’embauche d’agents. Les récentes études l’ont montré seul le dépistage permet de freiner la propagation. Il faudra donc également organiser les dépistages du personnel et des familles et isoler ceux qui seront porteurs pour qu’ils ne contaminent pas les autres.

Est-ce que tout cela saura être prêt d’ici le 11 mai ? Certainement pas ! Mais il s’agit des conditions minimales pour que les personnels de l’éducation et les familles accepteront le chemin du retour !

Et si le gouvernement veut lutter contre les inégalités comme il prétend s’en inquiéter (et qu’il se sert de cela comme excuse pour demander un retour le 11 mai) d’une part il n’aurait pas autant cherché à les accroitre, d’autre part il se presserait d’accorder aux familles et notamment aux plus précaires des aides pour l’alimentation mais également, des aides pour l’achat de matériel numérique et d’accès à internet afin de permettre cette continuité pédagogique dont ils ont tant vanté les mérites et qui n’a eu de cesse d’accroitre l’inégalité d’accès à la scolarité pour tous. Dans le même sens lutter contre les inégalités serait en premier lieu réquisitionner des logements vides et spacieux pour les familles qui vivent dans des logements insalubres. Lutter contre les inégalités serait régulariser tous les sans-papiers et les élèves allophones pour qui l’accès à la scolarité, comme a beaucoup d’autres aspects est juste devenu impossible depuis le confinement. Lutter contre les inégalités serait enfin embaucher tous les personnels précaires de l’éducation nationale, les profs contractuels, les AESH, les agents et personnels, tous ceux qui n’ont pas l’assurance de l’emploi et qui sont la main-d’œuvre bon marché du gouvernement et qui en ces temps de crise ont leur avenir économique rendu plus qu’incertain. En voici quelques mesures immédiates s’il s’agissait vraiment de pallier aux inégalités et qui n’ont rien à voir avec l’idée d’aller répandre le virus à la hâte dans les familles les plus précaires sous prétexte d’humanité !

Il y a urgence en effet à injecter des moyens là où comme dans la santé le gouvernement nous a fait nous serrer la ceinture et ce depuis des années, à embaucher massivement et au statut les profs précaires, les AESH, les AEDs, les ATTE

(Adjoints techniques territoriaux des établissements d’enseignement). Mais également des médecins scolaires, des infirmières et personnels de santé, des psychologues puisque cet aspect est depuis le départ hautement sous-estimé : quel impact la crise sanitaire peut-elle avoir sur les plus jeunes ?

Si toutes ces mesures pour un déconfinement ne sont pas mises en place, il faudra que les organisations syndicales et les collègues se préparent à se mettre en grève ou en droit de retrait. Car pour notre camp il n’y a aucune urgence à relancer la machine et à continuer de compter nos morts !

Pour une réouverture : aux profs, aux personnels, aux parents et aux élèves de décider !

La date de reprise ne pourra se discuter qu’une fois les conditions minimums de sécurité mises en place, et comme nous ne pouvons pas faire confiance au gouvernement pour répertorier les besoins et mettre en place les conditions de travail décentes pour les personnels de l’éducation et l’accueil des élèves, il va falloir alors que les personnels, agents, parents et élèves s’accordent et se concertent pour mettre en place les mesures de la reprise. Ainsi des comités regroupant personnels, agents, parents et élèves devront se constituer démocratiquement pour pouvoir orchestrer les conditions pour la reprise et la reprise elle-même ! Si des CHSCT existent aujourd’hui sur différents établissements, ils ne sont pas suffisamment efficients et n’ont pas un caractère démocratique d’auto-organisation qu’il est nécessaire d’adopter pour se réapproprier le lieu de travail de l’établissement scolaire. Il s’agit face à la crise de recréer du collectif et de sortir de la passivité dans lequel le confinement et la prétendue gestion par en haut nous a plongé, de nous réapproprier notre lieu de travail et nos conditions de travail ! La constitution de comités d’hygiène et de sécurité locaux est la seule garantie de contrôler un retour en classe décidé par le plus grand nombre. Le 11 mai nous ait imposé comme une décision arbitraire supplémentaire, à nous de le refuser, de répondre à la crise avec nos connaissances, nos méthodes et en exigeant des moyens, à nous de décider de quand et comment pourra se tenir la réouverture ! Il n’y aura pas de retour à la normale après la crise sanitaire et il nous appartient dès aujourd’hui de décider de ce que nous voulons et réaffirmer collectivement : plus jamais ça !


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