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Castaner et Blanquer à l'unisson vers la militarisation des écoles

#Pasdevague : le gouvernement veut des policiers dans les établissements scolaires !

Suite à l'agression d'une enseignante par un élève muni d'un pistolet factice s 'est exprimé, à travers le hashtag #Pasdevague, le malaise grandissant au sein du corps enseignant confronté à des conditions de travail de plus en plus dégradées. La réponse du gouvernement, celle du tout sécuritaire, se durcit et s'oriente vers une mesure forte et qui marque un saut important dans le renforcement autoritaire et répressif du gouvernement : la présence de policiers et de gendarmes au sein même des établissements scolaires. Sarkozy n'aurait pas osé en rêver, Macron l'a fait.

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L’affaire de la menace au pistolet factice qui s’est déroulée il y a quelques jours dans un établissement de Créteil a révélé la violence sociale qui s’exprime aujourd’hui au sein de l’éducation nationale ainsi que le malaise grandissant au sein du corps enseignant, qui fait face à une dégradation généralisée des conditions de travail. Face à cette réalité, les réactions au sein de la profession ne sont pas homogènes et plusieurs tendances tendent à s’exprimer, et ce même si les frontières ne sont pas étanches et figées. La première tendance vise à placer les causes de la situation actuelle du côté du manque de moyens, de la dégradation de l’éducation publique et plus généralement d’une société inégalitaire qui condamne de plus en plus tôt les jeunes à la misère et la violence sociale, tandis que la seconde tend à faire porter l’ensemble des problèmes sur le dos des élèves.

Dans ces coordonnées là, de polarisation politique et de malaise grandissant au sein du corps enseignant, le gouvernement avance une réponse ultra répressive. En effet ce dernier a mis en place un « plan d’actions » contenant toute une série de mesures sécuritaires afin de « rétablir l’ordre » dans les établissements. Si ce plan sera dévoilé le 30 octobre lors du conseil des ministres, Castaner, Blanquer et Belloubet ont déjà donné le ton ce vendredi. Ce plan d’actions marque le pas vers un système scolaire de plus en plus répressif et militarisé, puisque les établissements seront – entre autres – dorénavant ouverts aux... policiers et aux militaires !

Effectivement, Castaner et Blanquer ont déclaré qu’ils n’excluaient pas la présence physique de policiers et de militaires dans certains établissements, notamment dans « les quartiers les plus difficiles », nécessitant une « reconquête républicaine ». Comme ces déclarations le laissent entendre, cette mesure ne fera pas l’objet d’un plan national mais se déclinera au cas par cas. Les établissements et les élèves qui seront fliqués et réprimés seront une nouvelle fois ceux issus des banlieues, considérés comme « difficiles ». Ces déclarations et ces réponses apportées permettent au gouvernement de se déresponsabiliser totalement de la violence sociale qui s’exprime aujourd’hui au sein des établissements en responsabilisant, criminalisant et stigmatisant les élèves.

Cette mesure représente une offensive répressive sans précédent à l’égard de l’éducation publique et des élèves et marque un saut qualitatif important dans le renforcement des traits les plus réactionnaires et autoritaires du gouvernement. En effet, si les diverses lois répressives à l’égard des quartiers populaires et de ses habitants sont mises en place depuis des décennies par les gouvernements successifs, aboutissant à une militarisation des quartiers et de l’espace public de plus en plus accrue, jamais l’un d’entre eux n’avait mis en place de telles mesures sécuritaires, empruntées à la droite et l’extrême droite, au sein des établissements scolaires.

D’autres mesures ont également été évoquées par Michel Blanquer, allant toutes vers plus de répression et de sanction à l’égard des élèves. Ainsi, le plan d’action qui va être mis en place par le gouvernement prône le «  signalement systématique des faits  », les «  sanctions proportionnées éducatives » et «  le renforcement des équipes mobiles de sécurité qui permettent de remettre l’ordre dans un établissement  ». Des équipes mobiles composées de personnels de l’Education nationale qui reçoivent une formation en matière de sécurité et qui sont chargées d’accompagner les établissements en cas de fortes tensions.

En ce qui concerne les élèves qui seraient exclus de leur collège ou lycée, Blanquer évoque la possible mise en place d’établissements spécialisés, avec la présence de personnels éducatifs mais également d’origine militaire ou de la police. Ceci afin de les « remettre sur les rails, en montrant la rigueur de la loi et les valeurs de la République  ». La stigmatisation et la criminalisation des élèves ne s’arrête pas là puisque Belloubet propose comme sanction la multiplication de travaux d’intérêt général dans les écoles qui aurait, d’après elle, une « forte valeur éducative ». Tout en rappelant par la suite le projet de création de 20 nouveaux centres éducatifs fermés pour les « mineurs délinquants ».

S’il y a un avant et un après ces mesures, elle ne tombent pas du ciel et vont de pair avec un renforcement de la nature inégalitaire du système scolaire sous Blanquer et la Macronie, la généralisation de la sélection étant la partie visible de l’iceberg. A travers ces annonces, le gouvernement tente de capitaliser autour du malaise qui s’exprime aujourd’hui au sein du corps enseignant, en tentant d’apparaître soucieux et proche des difficultés que ces derniers rencontrent. Alors que Blanquer est apparu ces derniers jours comme étant déconnecté de la réalité que vivent les enseignants, il a aujourd’hui ré affirmé le « soutien ferme de l’Etat et de la nation aux professeurs », tentant dès lors d’instrumentaliser, de canaliser la colère qui s’exprime actuellement dans ce secteur au travers de réponses réactionnaires, éludant ainsi les questions sociales, à l’instar du manque de moyens et de la pauvreté dans les quartiers.

Mais il n’est pas certain que cette réponse et ce tournant ultra répressif fasse l’unanimité auprès de l’ensemble du corps enseignant ni qu’elle réussisse à masquer les causes réelles des problèmes que rencontrent aujourd’hui enseignants et élèves, à savoir la violence sociale imposée par le gouvernement à travers ses politiques de destruction de l’éducation publique : coupes budgétaires, suppressions de postes de fonctionnaires, sélection à l’université, réforme du bac, la remise en cause des politiques d’éducation prioritaires... qui ne font qu’aggraver la sélection sociale et les violences sociales.

Photo : MIGUEL MEDINA AFP ILLUSTRATION


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