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Primaire LR

Pécresse : une réactionnaire ultra-libérale candidate de la droite pour 2022

Avec la victoire de Valérie Pécresse aux primaires internes, les Républicains peuvent enfin démarrer leur campagne pour 2022. Une campagne qui s'annonce très à droite, avec une candidate ultra-libérale déjà radicalisée sur le terrain sécuritaire et soumise à la pression identitaire et raciste de Ciotti, numéro 2 de la primaire.

Boris Lefebvre

6 décembre 2021

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Crédits photo : CHRISTOPHE SIMON / AFP

Ce week-end, après un premier tour très serré, la primaire des Républicains a donné Valérie Pécresse vainqueure pour incarner la droite à la présidentielle 2022 avec près de 61% des suffrages. Le parti traditionnel de la droite entre ainsi de plein-pied dans la présidentielle avec une candidature dans le sillage de celle de François Fillon en 2017, marquée par un discours très dur en matière économique et sociale et très offensif contre les fonctionnaires.

Ce dernier a d’ailleurs félicité Valérie Pécresse, de même que Nicolas Sarkozy, tandis que l’ensemble des candidats du premier tour de la Primaire s’étaient déjà rangés contre la Présidente de la région Ile-de-France. De son côté, Eric Ciotti a également affirmé son soutien à Pécresse, tout en insistant sur sa volonté de faire peser sa ligne historiquement raciste et identitaire sur la campagne.

Une réactionnaire ultra-libérale en pleine radicalisation

En choisissant une ancienne ministre du budget sous le quinquennat Sarkozy et l’actuelle présidente de la région Ile-de-France, les Républicains ont fait le choix d’un profil plus libéral et plus crédibles. "Deux tiers Merkel et un tiers Thatcher", comme la candidate l’affirmait dans la primaire. Sur le terrain économique, celle-ci entend défendre les fondamentaux de la droite. La candidate des Républicains annonce « la retraite à 65 ans, la dégressivité des allocations-chômage, la débureaucratisation du pays et une décentralisation avec un lâcher-prise de l’État pour supprimer les doublons » tout comme Fillon en 2017. De même, le projet de supprimer « 150.000 postes dans l’administration administrante » s’inscrit dans l’optique d’atteindre l’équilibre budgétaire et va une fois de plus faire payer la crise aux classes populaires. Accusant Emmanuel Macron de « cramer la caisse », Pécresse compte faire réaliser 45 milliards d’euros d’économies à l’État tout en privatisant à tout va.

Et si Pécresse a pu être présentée comme une modérée par rapport à Ciotti, cette posture ne doit pas nous induire en erreur tant Valérie Pécresse sait se teinter des pires éléments réactionnaires que la droite recèle. Ainsi, au moment où la Manif Pour Tous déversait sa haine homophobe, Pécresse se proposait d’abroger la loi Taubira pour mettre en place « un statut d’union civile et de transférer les droits [du mariage] sur un statut d’union civile ». Une fois ce combat perdu, elle se dirige en 2014 vers une position très dure contre les nouveaux enjeux autour de l’homoparentalité et se prononce pour des « verrous très solides pour interdire la PMA et la GPA ».

En outre, Valérie Pécresse s’est inscrite pleinement dans la droitisation assumée par LR dans cette campagne. Dans la ligne directe de la droite sarkozyste et filloniste, Pécresse prône ainsi une politique de fermeté contre l’immigration comme ses déclarations d’août dernier le laissent présager. « La place d’un clandestin c’est dans un charter pour retourner chez lui » notait-elle avant de renchérir sur la République qui ne doit pas être « débordée par une immigration incontrôlée, pilotée par des réseaux mafieux ». Sur cette thématique, la candidate des Républicains, sans rallier le profil ouvertement d’extrême-droite de Ciotti, qui se fait le relais de la théorie du grand remplacement, entend remettre en cause le « droit du sol automatique » au nom de l’« assimilation » en plus d’instaurer des quotas plus stricte que ceux déjà appliqués par le gouvernement. En somme, Pécresse incarne parfaitement la radicalisation de la droite libérale sur les thématiques de société et d’immigration.

Pécresse - Ciotti : quel bilan chez les Républicains ?

L’entrée dans la présidentielle des Républicains se fait sur un fond de radicalisation de la droite mais aussi de tensions au sein du parti qui se sont exprimées notamment dans le cadre des régionales, mais également sur l’attitude à adopter vis-à-vis d’Eric Zemmour. Celles-ci se sont notamment soldées par le départ ces derniers mois de figures comme Christian Estrosi ou Renaud Muselier.

Des tensions qui sont apparues dans la foulée de la victoire samedi dernier de Valérie Pécresse, Éric Ciotti a en effet immédiatement lancé les hostilités et faisait pression pour que la ligne qu’il incarne au sein des Républicains soit prise en compte. « Le message lancé hier par Valérie Pécresse n’est pas le bon. J’entends que mes idées soient représentées avec force » affirmait-il samedi après que Valérie Pécresse se soit délimitée de certaines de ses propositions en expliquant : « C’est mon projet qui a été choisi par les militants, c’est ma ligne qui peut permettre de rassembler ». Le candidat arrivé en second entend ainsi bien peser et durcir encore le programme déjà raciste et sécuritaire de Pécresse. Celle-ci s’est d’ailleurs empressée de déclarer à Nice, sur les terres de son adversaire de la primaire : « La droite est de retour, elle est fière d’elle-même, de ses valeurs, et Éric a une place très singulière à jouer dans cette campagne ».

Pourtant, après l’élection de Pécresse, la menace d’une scission de l’aile la plus dure de LR semble pour le moment peu d’actualité. En effet, bien qu’elle soit encore loin d’être au deuxième tour, sa candidature semble en capacité de l’emporter, et inquiète d’ores et déjà l’exécutif, dans un contexte où celui-ci va être mis à l’épreuve par la 5ème vague. Dans ce cadre, et alors que la dynamique de Zemmour est à la peine ces dernières semaines, l’attraction représentée par le nouveau candidat est pour le moment relativisée.

Pour autant, si un équilibre pourrait s’installer au sein des Républicains le temps de la campagne, la polarisation interne pourrait vite ressurgir en cas de défaite, scénario où des figures comme Nicolas Sarkozy appellent à tendre la main à Emmanuel Macron. Ainsi, le point d’équilibre trouvé lors de la primaire des Républicains est précaire et les perspectives de recompositions permettant de traduire jusqu’au bout la radicalisation d’un secteur de la classe dominante demeurent ouvertes.


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