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Et hop,... 650 millions d'euros en plus pour les poulets !

Période de répression, période d’austérité ? Pas pour les policiers !

Léo Serge Ni trois, ni quatre, mais deux manifestations auront suffit à la flicaille pour se faire augmenter. Près de 650 millions d'euros seront alloués aux salaires des policiers et des gendarmes d'ici 2020, viennent d'annoncer les syndicats de police et les représentants des militaires. Ce plan avait été promis par François Hollande en 2015 après une manifestation de plusieurs milliers de policiers devant le ministère de la justice. Jeudi 7 avril 2016 – en pleine répression tout azimut du mouvement social donc – plusieurs milliers de policiers ont manifesté à Paris pour rappeler cette promesse. Et ils ont obtenu leurs doléances...

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C’est sur fond d’attentat et d’état d’urgence – et surtout de mouvement social – que cet accord d’augmentation a été conclu. Tous les syndicats de police ont signés – à l’exception de deux affiliés à FO. C’est la « prime de risque » surtout qui a été augmentée. Pourtant, les dépenses concernant les rémunérations des policiers ont déjà augmenté de 10.5 % en cinq ans (2006-2011). Bizarrement, alors que les syndicats de police dénoncent la multiplication des heures supplémentaires en raison de l’état d’urgence, ils n’ont pas appelé à mettre fin à celui-ci ou même chercher à obtenir une limite des heures supplémentaires...

Une récompense pour les services rendus ou une prime à l’échec ?

Les policiers et les gendarmes n’ont jamais été autant mobilisés c’est un fait. Mais pour quels résultats ? Des lycéens matraqués ? Des syndicalistes qu’on vient chercher chez eux pour avoir fait grève ? Du harcèlement de gens à la barbe trop longue et à la peau trop mate ? Pourquoi récompenser autant de bavures ? La police a-t-elle réussi à arrêter, prévenir des attentats ? Tout cela ressemble étrangement au résultat d’un rapport de force favorable à la police, le gouvernement a besoin de la complicité et de l’obéissance des forces de « l’ordre » pour faire le sale boulot.
Les policiers eux savent jouer de ce rapport de force, ils ont une conscience syndicale et politique bien affûtée. Ce ne sont pas des salariés comme les autres. Ils ne subissent pas l’austérité omniprésente dans la fonction publique. Au contraire, devant l’instabilité du système, on augmente leurs effectifs et leurs salaires, déjà élevés. C’est d’ailleurs pourquoi les CRS obtiennent régulièrement des augmentations. La dernière en date ? En juin 2015, après des arrêts maladies collectifs de compagnie entière.
Une vraie blague quand on sait que le reste de la fonction publique a vu son indice relevé de 1,2 %, après six ans de gel, une augmentation qui reste largement en deçà des 8 % de perte de pouvoir d’achat sur la période.

Les CRS à l’usine !

En un sens les CRS ont choisis de ne pas bosser à l’usine, au supermarché, ou comme cadre C dans la fonction publique. Ils savent qu’ils s’exposent peu pour un salaire important. La mort d’un CRS en action remonte ainsi à 1982 au Pays Basque. La police et la gendarmerie perdent 22 hommes en moyenne par an sur des effectifs de 240 000 à comparer avec le bâtiment où en moyenne plus de 100 personnes meurent par an au travail (pour 1,2 millions de travailleurs). Le seul vrai risque c’est la dépression et le suicide qui tue beaucoup plus et qui est très élevé dans la police, notamment lié au décalage entre les illusions qu’ont pu avoir certains d’être au service de la population et la réalité du métier… On est parfois rattrapé par sa conscience.
La police n’est pas là pour ouvrir la voie aux ambulances, indiquer leur chemin aux touristes perdues ou encore lutter contre la délinquance et la criminalité. D’une certaine façon, elle fait aussi tout cela, et ce sont les tâches qui sont toujours mises en avance dans sa communication, dans les médias et les séries télés. Mais son rôle premier pour les gens qui lui donnent des ordres n’est pas celui-là. Il est en première et dernière instance d’assurer la protection des riches et des puissants, la « propriété privé » et l’injustice de cet ordre aux services des bourges. La Police et l’armée française, bouchers de la Commune de Paris en 1871, mais aussi de la résistance et des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, sans compter tous les militants morts sous ces coups et ses tortures pendant la Guerre d’Algérie, a une longue tradition. Les derniers événements – de la mort de Rémi Fraysse en passant par les assassinats mensuels dans les quartiers populaires – et les vidéos qui circulent sur le net dans le silence complice des médias nous le rappellent. Le film Merci Patron montre également comment un ancien commissaire des renseignements généraux a trouvé à se recycler facilement dans les services d’ordres et de renseignement de la multinationale de Bernard Arnault.

L’épée et le bouclier d’un système pourri

Certes les policiers, les gendarmes, les militaires sont des salariés. Mais ils ont une position bien particulière dans la société. Ils sont objectivement les détenteurs de la violence légale considérée comme légitime. En droit français, le fait qu’ils soient assermentés fait que devant la justice leur parole vaut plus que celle d’un citoyen. C’est déjà reconnaître légalement qu’au sein de la société leur métier leur donne une position supérieure. Bien sûr, dans une société dirigée de fait par des grands patrons, de riches propriétaires et des bourgeois de toute catégorie, cela veut dire que cette position est celle d’allié nécessaire pour la bourgeoisie. La hiérarchie militaire et policière très souvent issue de la bourgeoisie la plus conservatrice est triée sur le volet. Et on sait que le rôle de ministre de l’intérieur est un rôle clef, voire un trampoline pour le poste de premier ministre ou de président de la République (Nicolas Sarkozy, Valls, Gaston Defferre, François Miterrand, en sont quelques exemples...)
« Mais on aura toujours besoin d’une police » peut-on souvent entendre – sous-entendu, il s’agit d’un mal nécessaire. La réalité c’est que le développement de la police moderne est un phénomène récent, né à partir du XVIIIème siècle sous l’absolutisme. Comme toute réalité humaine et sociale c’est un phénomène historique, amené à changer voire à disparaître si l’organisation de la société le permettait.


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