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Suicide d'une jeune femme

Périscope sur le banc des accusés, le patriarcat toujours en cavale !

Une jeune femme de l’Essonne a mis fin à ses jours en se jetant sous un train. Jusqu’ici les médias dominants l'auraient traité comme un fait divers comme un autre. Pourtant, ce qui a retenu l’attention des médias en France c’est qu’elle a filmé son acte avec l’application Periscope, qui permet de filmer des vidéos en temps réel et de les partager sur les réseaux sociaux. Mais ce que la plupart des médias semblent oublier ou minimiser c’est que cette personne a également accusé les violences et le viol dont elle a été victime par son ex-compagnon d’être à l’origine de son acte.

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On pourrait imaginer qu’une réaction saine des médias à cet événement serait de se questionner sur les violences sexuelles au sein du couple et comment celles-ci détruisent les vies des victimes. Or une brève revue de presse de ce fait divers montre à quel point les victimes de violences sexuelles, dont la souffrance peut les pousser jusqu’au suicide, sont méprisées par les médias, les causes réelles totalement ignorées par les « experts » et les coupables blanchis par la justice.

Psychologiser pour mieux occulter un viol

Dans leur recherche d’une cause à l’acte, l’ensemble des médias s’est attardé longuement sur le « profil psychologique » de la victime. Le premier à en faire mention c’est le procureur de la République d’Evry sur la base des premiers éléments d’enquête.

Des journaux tels que Le Huffington Post vont donc retenir un profil « psychologique fragile », tandis que Le Parisien parle de « jeune femme fragile ». Ainsi, tous les médias vont reprendre en boucle cet argument : la victime aurait été « faible psychologiquement ». Le Parisien ose aller encore plus loin, faisant mention que la victime était « adepte de tatouages et de piercings »… 

Qu’est-ce que ceci a à voir avec son viol ? Absolument rien ! Ni les tatouages, ni les piercings ne peuvent expliquer un suicide. Quant à son « profil psychologique », on peut soit dire qu’il s’agit d’un argument qui minimise le viol, soit que la souffrance de la victime est sûrement une conséquence de celui-ci. Europe 1 tombe aussi dans le cliché journalistique du traitement des violences sexuelles quand le média affirme, sans plus, que la victime aurait refusé de déposer plainte contre son ex-compagnon, alors qu’il est connu que les victimes déposent plainte très rarement, notamment parce que leur parole est remise systématiquement en cause, parce qu’elles sont ensuite forcées à subir un procès judiciaire vécu souvent comme humiliant et parce que la justice cherche une victime « parfaite ».

Périscope sur le banc des accusés, l’ex-compagnon en liberté

Mais ce qui retient l’attention de manière obsessionnelle des médias c’est le fait qu’elle ait mis son suicide sur Périscope, au point où on finit par s’intéresser plus à Périscope que aux véritables causes de son malheur.

Il est idiot et méprisant pour les victimes de se demander s’il y a une « dérive » des réseaux sociaux et non pas se demander si c’est la société patriarcale qui produit les violences sexuelles, les viols et les violeurs qui devrait être mise en cause. Ce fait divers a été un véritable appel d’offre pour psychiatres, psychologues et autres « experts » pour donner leur avis sur Périscope. Xavier Pommereau, psychiatre au CHU de Bordeaux, a été interviewé par plusieurs médias comme Le Parisien ou LCI où il répète comme un perroquet que Périscope peut « amplifier son passage à l’acte », et qu’il est urgent de « mettre en place des cours de critique numérique dans les collèges et les lycées pour apprendre aux adolescents à décrypter les images qu’ils consomment tous les jours en masse sur leurs téléphones, souvent sans les comprendre. » Les médias et les experts en réseaux sociaux préfèrent donc lutter contre les « dérives » Périscope dans les collèges et lycées avant d’apprendre aux jeunes à respecter le consentement de son partenaire.

Un autre expert a eu ses quinze minutes de gloire avec cette affaire. Il s’agit de Alain Penin, psychologue, expert judiciaire auprès de la Cour de cassation. On remerciera La Dépêche qui, par soucis d’exclusivité, rappelle que c’est lui qui a dressé le profil psychologique de Mohamed Merah. le problème dans l’affaire serait une « hausse massive de ce type de phénomènes, où le rôle de l’image est devenu essentiel ». « L’image est partout », le patriarcat aussi, mais cela il y a peu d’experts pour le rappeler.

La palme du traitement médiatique reviendrait peut-être à Slate qui s’interroge sur les responsabilités dans l’affaire. Il faudrait clairement questionner la part de « responsabilité pour les internautes ».

Entre autres informations, l’ex-compagnon de la victime a été laissé en liberté.


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