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Crise institutionnelle

Pérou. Castillo condamné à 18 mois de prison, les manifestations contre le coup d’Etat se poursuivent

Dans un climat marqué par de grandes mobilisations contre le coup d'Etat parlementaire qui ont été brutalement réprimées, le Congrès a rejeté le projet de loi visant à avancer les élections et la justice péruvienne a imposé 18 mois de détention provisoire à l'ancien président Pedro Castillo.

Carla Biguliak

19 décembre 2022

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Dans le cadre des poursuites politiques visant Pedro Castillo, récemment destitué par un coup d’État parlementaire, le pouvoir judiciaire a ordonné ce jeudi 15 décembre 18 mois de détention provisoire à l’encontre du désormais ancien président péruvien. Cette détention sera vraisemblablement prolongée à la suite de différents procès pour corruption contre Castillo.

Comme nous l’avons déjà exprimé dans un article précédent, la destitution de Castillo faisait partie d’une stratégie de coup d’État mise en œuvre par le Parlement en complicité avec le ministère public et le pouvoir judiciaire. Bien que Castillo ait rapidement abandonné ses promesses de campagne et se soit rapidement tourné vers la droite, s’adaptant au régime fujimoriste de 1993, un secteur de la droite parlementaire et des hommes d’affaires ne lui ont jamais pardonné son origine sociale et culturelle (enseignant rural d’origine paysanne et provinciale), et n’ont jamais accepté sa courte victoire électorale au second tour.

C’est pourquoi ils ont dénoncé l’existence d’un réseau de corruption présumé, qui aurait été mis en place et dirigé par l’ex-président pour s’approprier l’argent public, favorisant ainsi ses plus proches parents et ses alliés politiques. La raison qui motive les 18 mois de détention provisoire de Pedro Castillo est donc simplement la volonté de lui infliger une leçon afin d’empêcher quiconque qui n’appartient pas aux cercles officiels de la « classe politique » péruvienne de tenter à nouveau de devenir président d’un pays hautement centralisé, raciste et aux inégalités de classes très prononcées comme le Pérou.

Dans ce contexte de grave crise institutionnelle, la présidente actuelle Boluarte a proposé, sous la pression des fortes mobilisations, d’avancer les élections à avril 2023, ce qui a été rejeté par le Congrès vendredi 16 décembre, n’obtenant pas les 87 voix nécessaires pour être soumis à un second vote.

Tout cela se déroule dans un Pérou militarisé et sous État d’urgence, où des groupes de militaires et de corps de police d’assaut patrouillent chaque jour dans les rues pour intimider et réprimer les manifestants. Selon le dernier rapport du ministère de la santé, 24 manifestants ont été tués au Pérou depuis le début des protestations. Malgré cela, les manifestations se poursuivent sous différentes formes.

La crise institutionnelle a en effet ouvert un scénario de conflictualité sociale élevée, avec comme acteurs majeurs les habitants des régions les plus touchées par la situation économique difficile. La journée de ce lundi marque 11 jours de protestations, au cours desquelles les milliers de ruraux et d’urbains qui sont descendus dans la rue rejettent Dina Boluarte, ainsi que le Parlement et les institutions dans leur ensemble.

Dans ce cadre, nos camarades du Courant Socialiste des Travailleurs – CST, organisation sœur de Révolution Permanente, exigent la libération de Castillo, en rejetant le gouvernement illégitime de Boluarte, et condamnent la répression policière contre les manifestants. Face à un tel régime en crise, les masses laborieuses péruviennes n’ont rien à attendre. Nos camarades cherchent ainsi à développer avec les travailleurs des espaces d’auto-organisation ouvrière, paysanne et populaire, car seule une mobilisation massive de la classe ouvrière et des classes populaires du Pérou pour imposer la mise en place d’une assemblée constituante libre et souveraine pourra ouvrir une issue à la crise actuelle.


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