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Le dirigeant de la CFDT appelle à "l'apaisement"

Petit soldat de Macron, Laurent Berger dénonce le « totalitarisme » des gilets jaunes

Face à la mobilisation des gilets jaunes, le secrétaire général de la CFDT n'a pas hésité, en bon petit soldat de Macron à taxer de "totalitarisme" le mouvement et à appeler à l'apaisement.

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Le dirigeant de la CFDT « s’inquiète » d’une « forme de totalitarisme » chez les gilets jaunes

Ces derniers jours, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger s’est exprimé dans la presse au sujet de la mobilisation des gilets jaunes. La direction de la CFDT ne manque jamais une occasion de ne pas nous surprendre. Face à l’ampleur de la mobilisation qui s’est exprimée contre la vie chère samedi 17 novembre, la préoccupation principale du dirigeant de la CFDT a été de « s’inquiéter » de la violence des méthodes employées par les gilets jaunes. En cela, Laurent Berger, se place dans la lignée de tous ceux qui s’appuient aujourd’hui sur des actes de violence marginaux pour discréditer l’ensemble du mouvement des gilets jaunes et la colère légitime qu’il exprime.

Par ailleurs, sans évoquer les violences racistes ou homophobes, qui ont pu se manifester de la part de manifestants dans quelques blocages, Laurent Berger fait plutôt référence à l’attaque contre la démocratie que constituerait la méthode du blocage : « Qu’on soit obligé » d’être « d’accord avec ceux qui manifestent pour pouvoir passer, c’est une forme de totalitarisme qui n’est pas acceptable », « La démocratie, c’est écouter ce que disent tous les citoyens comme ceux qui ont manifesté ». En cela, les critiques qu’il oppose à la mobilisation des gilets jaunes ne sont pas loin de rappeler celles qui sont inexorablement faites aux grévistes, preneurs d’otage, pendant les grèves – notamment de cheminots.

Et appelle à l’ « l’apaisement » pour ramener la révolte sur le terrain des négociations

La mobilisation pour Laurent Berger, doit revenir sur un terrain institutionnel, celui des négociations entre les différents acteurs traditionnels du « dialogue social ». Une prise de position qui, c’est le moins qu’on puisse dire, ne détonne pas dans l’histoire de la CFDT, qui historiquement s’oppose aux affrontements de classe au prétexte que la négociation de la casse de nos acquis sociaux serait à privilégier.

Dans un contexte d’affaiblissement du gouvernement où s’exprime une telle colère populaire, quand des centaines de milliers de travailleurs sont actuellement en train de se mobiliser à l’appel de nulle organisation, les directions syndicales devraient pourtant soutenir le mouvement et construire la mobilisation dans le monde du travail, en appelant à bloquer l’économie par la grève.

Ce n’est en rien ce que propose Laurent Berger, qui, dans une interview pour le journal Le Monde enjoint au contraire à « l’apaisement » : « Aujourd’hui, j’ai envie d’avoir un message d’apaisement, même si c’est un peu à contre-courant. Nous sommes dans une démocratie, c’est un bien inestimable. Il y a des intérêts divergents, des façons de penser différentes et c’est très bien. Mais il faut que cela puisse s’exprimer dans des cadres prévus pour ça et que l’on trouve des solutions ensemble. Force est de constater qu’en ce moment pas grand monde n’a envie de se mettre autour d’une table. C’est juste ce que j’ai appelé à faire. ».

L’appel désespéré de Laurent Berger à rétablir les corps intermédiaires, resté sans réponse

Comme à son habitude, la direction de la CFDT est venue, ces derniers jours, mendier des négociations devant le gouvernement. Laurent Berger a ainsi appelé Macron et Edouard Philippe à former « un pacte social de la conversion écologique » réunissant le gouvernement, les organisations patronales, syndicales ainsi que les associations. A ce comportement de laquais, Édouard Philippe a simplement répondu par un refus pur et simple de tenir une telle conférence, arguant que « les “gilets jaunes” n’attendent pas une réponse institutionnelle à leurs revendications ». Un argument qu’on ne peut qu’approuver.

« J’en prends acte » note Laurent Berger dans son interview pour Le Monde : "Édouard Philippe persiste dans un rapport direct au « peuple » qui le met en difficulté aujourd’hui. Il y a une défiance très forte à l’égard du gouvernement. Si l’exécutif persiste à ne pas vouloir faire avec les corps intermédiaires pour trouver des solutions collectives, il va dans le mur".

La véritable inquiétude de la direction de la CFDT n’est ainsi pas la destruction des acquis sociaux et la baisse de pouvoir d’achat de la majorité de la population, qui peine de plus en plus à vivre dans des conditions décentes, mais l’instabilité qu’engendre la destruction des corps intermédiaires. Une préoccupation que partage en grande partie la bourgeoisie, comme en témoignent le grand nombre d’éditos à ce sujet dans la presse patronale, comme les Echos ou L’Opinion.

Depuis le début de son quinquennat Macron, s’est en effet démarqué de ses prédécesseurs par sa tendance à sauter par dessus les corps intermédiaires, privilégiant, plutôt que l’habituel simulacre de « dialogue social », l’offensive brutale et sans la moindre concession à laquelle pourrait s’accrocher les directions syndicales pour négocier.

Le danger, en train de se concrétiser aujourd’hui, pour Macron, est de ne plus disposer des organisations syndicales pour canaliser la colère sociale et de la voir s’exprimer par des voies bien plus radicales et chaotiques que ce à quoi les classes dominantes ont l’habitude de faire face. « Le président, qui rêvait d’un monde sans corps intermédiaires, produit malgré lui un mouvement qui lui ressemble. Neuf, puissant sans doute, difficilement sondable. Affronter son miroir n’est pas un cadeau. Avec qui discute-t-on quand il n’y a pas de leader identifié ? Comment évalue-t-on l’ampleur, comment pare-t-on les risques ? Quels sont les leviers pour désamorcer une colère virale ? Le pouvoir n’a ni les capteurs ni les pare-feu habituels. Il sent le danger et navigue dans le noir. » note ainsi Cécile Cornudet dans un édito des Echos

Crédits photo : PATRICK KOVARIK / AFP


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