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Condescendance et arrogance

Plan banlieues : Macron fait l’aumône aux élèves des quartiers

Parmi les effets d’annonce sans lendemain et la promesse de déploiement de plus de flics dans les quartiers du « Plan banlieue » de Macron, se glissent quelques mesures destinées aux élèves des quartiers. Dans la grande tradition de la droite française, le président leur fait l’aumône.

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Pour « construire l’émancipation » et redonner aux habitants des quartiers « la dignité dans la République » dont se prévaut Macron, quelques mesures concernant l’éducation ont été listées lors du discours au cours duquel le président a dévoilé son « Plan Banlieues » au rabais. Parmi ces dernières, aucune, bien entendu, ne remet en cause à la racine les inégalités de traitement que subissent les jeunes scolarisés dans les quartiers, de la maternelle au lycée.

En revanche, dans la bonne tradition paternaliste de la droite française, Macron a annoncé que serait relancé le programme des « cordées de la réussite », cher à Jean-Michel Blanquer et mis en place lorsque ce dernier était recteur de l’Académie de Créteil. L’idée est assez simple : loin de « renforcer l’égalité des chances », même s’il s’agit de la philosophie officielle encadrant la mesure, il s’agit d’extraire les élèves les plus méritants, repérés en amont, pour les insérer dans des parcours d’excellence, différenciés, leur permettant d’accéder à des formations qui, autrement, leur auraient été fermées. Ce n’est donc pas sur la totalité des élèves que ce genre de projet est axé, mais sur un tout petit nombre d’élus à qui on tend la main pour les extraire de leur milieu. C’est dans cette même logique qu’ont été, par exemple, créés les « internats d’excellence », toujours sur initiative de Blanquer. En un peu moins d’une décennie, les « cordées » ont porté sur des filières sélectives un peu moins de 50 000 jeunes de banlieues, soit une infime minorité des lycéens qui y sont scolarisés.

L’autre volet sur lequel Macron a insisté, dans son discours sur les banlieues, ce mardi, est le stage de troisième, année de fin de collège. « D’une durée de 3 à 5 jours consécutifs ou non, individuellement ou collectivement », il s’agit d’un stage « obligatoire », « conventionné et non rétribué » qui est censé donner « à l’élève l’occasion de découvrir le monde économique et professionnel, de se confronter aux réalités concrètes du travail et de préciser son projet d’orientation ». Il s’agit surtout d’une façon de sanctionner les assignations sociales et les cases dans lesquelles sont rangés les jeunes tant est grande l’inégalité d’accès au type et à la variété de stages en fonction du milieu socio-culturel d’origine des jeunes. Grand seigneur, Macron a ainsi annoncé la création de 30 000 stages dans le public et dans le privé pour les élèves de troisième scolarisés en banlieue. « On doit tous être en capacité de proposer un stage à ces jeunes de quartiers. Objectif : qu’aucun jeune vivant dans les quartiers se retrouve sans stage ».

Globalement, Macron a eu le culot de souligner que du point de vue de l’accession à l’enseignement supérieur, le déterminisme social, en banlieue, était « supérieur à ce qu’il était il y a trente ans »… le jour même où tombaient les premiers résultats de Parcoursup, un système qui, lui, codifie plus encore qu’avant la sélection et les déterminismes sociaux. Macron ne manque pas d’air, mais à force de tant d’arrogance, les jeunes sauront lui rendre la monnaie de sa pièce.


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