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Référendum en Catalogne

Plus de 700 maires défient Madrid pour le droit à l’autodetermination, l’État contre attaque

Le bras de fer continue entre Madrid et Barcelone, alors que l’État central passe à l'action en voulant attaquer en justice les maires soutenant le référendum et vient de mettre sous tutelle le budget de la Catalogne. 712 maires ont défilé à Barcelone pour montrer leur détermination à organiser un référendum d'autodétermination pour leur région, malgré les poursuites judiciaires.

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Crédit Photo : Manu Fernandez / AP

712 maires sur les 948 que comptent la Catalogne, soit 75%, ont défilé à Barcelone ce samedi 16 septembre. La place Sant Jaume de Barcelone, sur laquelle se font face la mairie de Barcelone et la Generalitat, le gouvernement catalan, était bondée. La foule, qui déborde dans les rues piétonnes adjacentes, entonne la célèbre chanson antifranquiste de Lluis Llach, L’Estaca, puis le chant des Segadors, l’hymne catalan. Les cris « Votarem » (Nous voterons), « Independancia » et « Llibertat » retentissent. Ce n’est pas la Diada qui a eu lieu 5 jours avant et qui a regroupé près d’1 million de personnes mais une manifestation de soutien pour ces 712 élus qui ont décidé de faire face aux menaces de Madrid.
Le gouvernement espagnol s’est engagé à empêcher le référendum déclaré anticonstitutionnel par la justice. Mais plus des deux tiers des maires catalans se sont déjà engagés à ouvrir leurs locaux municipaux pour le vote, convoqué le 1er octobre.
Brandissant solennellement leur bâton de maire, qui se transmet à chaque élection, les maires rassemblés au siège du gouvernement régional ont également chanté l’hymne catalan, "Els segadors", tandis que la foule leur criaient de l’extérieur : « Nous sommes avec vous »

Le parquet général d’Espagne a ordonné mercredi dernier aux procureurs de Catalogne de citer à comparaître ces maires prêts à coopérer « à l’organisation du scrutin illégal » pour les inculper. S’ils ne répondent pas à la convocation, ils peuvent être arrêtés. Rajoy, le chef du gouvernement de l’État espagnol a lancé vendredi à l’adresse des séparatistes : « Ne sous-estimez pas la force de la démocratie espagnole... L’État de droit fonctionne ».
On peut se demander de quel État de droit il parle alors que le gouvernement espagnol nie l’autodétermination des peuples à disposer d’eux même.

Face à ça, les catalans ne se laissent pas impressionner, à l’image de Josep Formes, 60 ans, anthropologue, directeur des musées des cultures du monde et du musée ethnologique « Regardez-nous, nous n’avons pas peur. Nous n’avons plus peur ! ». A l’image d’une partie de la Catalogne, il se positionne « contre la persécution judiciaire des élus ».

« Nous allons en finir avec le franquisme. Qu’il reste où il est. Nous, nous partons. Nous allons compléter la transition démocratique, finir ce qu’ont commencé nos parents et proclamer la République ! »

Le chef du gouvernement régional, Carles Puigdemont, qui a reçu les maires, a répondu aux menaces de Mariano Rajoy en lui répliquant : « Ne sous-estimez pas la force du peuple de Catalogne ». La maire de gauche de Barcelone, Ada Colau, qui ne s’est pas déclarée pour le référendum et l’indépendance comme le chef de file de Podemos, Pablo Iglesias, a déclaré : « Si j’étais citoyen catalan, ce que je ne suis pas, je ne participerais probablement pas au référendum du 1ᵉʳ octobre et je ne voterais pour aucune des options. », a tout de même voulu exprimer sa « solidarité » avec les maires. La mairie de Barcelone se garde de s’impliquer directement dans l’organisation du vote mais a annoncé cette semaine que les barcelonais pourraient voter le 1er octobre, sans expliquer comment. Puigdemont a ensuite affirmé avoir trouvé un accord avec elle.

Le gouvernement espagnol met sous tutelle le budget catalan

Après cette manifestation de soutien et ce geste fort des maires catalans, Rajoy a déclaré qu’ « il n’y aura pas de référendum et je ferai tout le nécessaire pour cela, car c’est mon obligation (...) de préserver l’unité nationale ». Il a appelé les indépendantistes à « faire marche arrière » afin d’éviter de « plus grands maux ». De fait, face à la volonté certaine de la société catalane à se prononcer sur son avenir, le gouvernement central a décidé de couper dans le porte monnaie et de mettre sous tutelle le budget de la Catalogne. Concrètement, cela veut dire que les autorités catalanes ne peuvent plus disposer des 1,4 milliard d’euros qu’elles collectent au titre de divers impôts. Rajoy estime que c’est le seul moyen de s’assurer que les indépendantistes ne consacrent pas un seul euro de leurs ressources financières à l’organisation du vote, que ce soit en terme d’urnes, d’imprimerie, de location de locaux, de publicité institutionnelle. La Guardia civil aurait mis la main sur 1,5 millions d’affiches, de tracts ou de dépliants liés au référendum.
L’élément déclencheur d’une telle sanction qui ne peut qu’aggraver la situation économique catalane, est le fait que le vice-président de Catalogne, le très indépendantiste Oriol Junqueras, a désobéi la semaine dernière en cessant d’envoyer les justificatifs des dépenses et recette de la Catalogne, imposé par Rajoy le 21 juillet dernier dans le but d’empêcher la tenu du référendum.
« Nous avons établi un nouveau système de contrôle des dépenses, a précisé le ministre du Budget, Cristobal Montoro, afin d’éviter des activités illégales ». De fait la Generalitat ne peut plus investir dans les secteurs de l’industrie, du commerce, de l’agriculture, de l’élevage, de la culture de la recherche, du sport, dans la jeunesse, dans les minima sociaux, dans le logement. Une telle mesure ne peut que renforcer l’esprit indépendantiste face à un État qui étrangle économiquement la région.

L’illégalité selon l’État espagnol est une consultation démocratique sur le statut d’un État. De fait, l’État central se cache derrière une pseudo légalité pour empêcher un peuple de se déterminer sur son avenir. Et ce parce que la Catalogne est l’une des locomotives de l’économie espagnole. Elle représente, à elle seule, 19% du PIB national. Cela serait un désastre pour Madrid et aurait sans doute un effet domino sur l’ensemble de l’État. La Catalogne connaît pourtant une situation financière désastreuse. Avec une dette totale de 51 milliards d’euros contractée auprès de l’État espagnol, et un déficit budgétaire de près de 2 milliards d’euros, la Catalogne est au bord de la banqueroute. Cette forte dépendance financière constitue un des principaux arguments de ceux qui prônent l’indépendance. Oriol Junqueras a déclaré : « Madrid nous étouffe, n’investit pas ici, et s’arroge une bonne partie de notre richesse. Alors nous n’avons d’autre solution que la pleine souveraineté ». Si telle est la volonté du peuple catalan nous ne pouvons que nous ranger derrière lui.


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