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Témoignage

Poignet cassé, blessure à la jambe, jeune étouffé : un lycéen interpellé à Rennes témoigne

A Rennes, l'occupation de la Salle de la Cité, votée par les étudiants de l'Assemblée Générale de Rennes 2, a été réprimée et expulsée jeudi matin par la police. Un lycéen présent sur place raconte la répression subie par les jeunes mobilisés.

13 février 2023

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Crédits photo : Révolution Permanente

Expulsion de la salle du peuple : des nouvelles de la répression violente du mouvement social

Jeudi 9 février, je sors du lycée et décide d’aller avec des amis du lycée visiter la Maison du peuple, un bâtiment alors occupé pacifiquement par l’AG de Rennes 2 depuis la veille afin de donner un lieu à lutte rennaise contre la réforme des retraites.

Quand j’y arrive aux alentours de 10h15, l’ambiance est exactement comme je l’imaginais : quelques personnes discutent en assemblée générale du mouvement social rennais, de la révolution, de la retraite aux flambeaux qui devait arriver le soir, bref l’ambiance est très paisible. Avec des amis, on demande alors à un camarade sur place de nous faire visiter les lieux. Il nous fait visiter le toit, là où des binômes se relayaient depuis le début de l’occupation pour monter la garde, rendre l’occupation visible et plus difficile à attaquer par la police.

Après une dizaine de minutes à discuter sur le toit, un ami aperçoit dans une rue adjacente un camion de CRS, puis deux, trois et c’est vite devenu impossible de compter tant le dispositif policier mis en place pour évacuer la salle était énorme. Évidemment, pour tout le monde dans la Maison c’est branle-bas le combat, tout le monde doit monter sur le toit, afin d’être visible, de ralentir l’action policière répressive et de se rassembler. Très vite les CRS et Escadrons de Gendarmerie Mobile pénètrent dans le bâtiment, et à partir de ce moment là, ce n’est plus qu’une affaire de minutes avant que l’on voit la porte qui mène au toit s’ouvrir sur les chefs des CRS et GM, suivis par leurs subordonnés, tous pas très sereins de devoir intervenir aussi haut du sol.

Du côté des militants on continuait de tenir bon, tous regroupés en train de chanter des slogans qui faisaient écho avec le rassemblement de plusieurs centaines de camarades place Saint-Anne en notre soutien. Le chef des GM nous demande alors à plusieurs reprises de descendre par l’échelle par laquelle on est montés, mais on refuse de bouger tant que la police n’annonce pas aux journalistes que nous descendrons en groupe et sans vérification d’identité (journalistes pour êtres assurés que les policiers tiendront parole), ce que refuse le chef. Après environ 1h30 regroupés la haut, on voit enfin la grande échelle équipée d’une nacelle arriver et se garer –non sans peine– dans la petite cour de la Maison du Peuple. C’est là que l’intervention violente débute : les forces de l’ordre nous détachent un a un du bloc soudé que nous avions formé afin de nous évacuer par la nacelle ou par l’échelle.

A ce moment là, les violences policières commencent réellement. Coups de poings et insultes volent contre les occupants, qui résistent pacifiquement : aucun coup, aucune insulte ne sont rendus. Le chef des CRS, sourire aux lèvres prenait un malin plaisir à violenter les camarades. J’ai toujours en tête l’image d’un camarade se faisant étouffer par ce policier, une main gantée sur sa bouche, l’autre tirant son col au fur et à mesure que son visage virait au rouge, à tel point que des subordonnés du chef durent s’opposer physiquement à leur supérieur pour qu’il arrête de violenter mon camarade.

Une fois tous descendus, presque tous sains et saufs, étant donné qu’un camarade aura le poignet cassé et une camarade sera blessée à la jambe, nous avons subi fouille sur fouille, menottage par les membres de la BAC. Nous sommes ensuite embarqués dans des fourgons direction l’Hôtel de police pour une vérification d’identité, effectuée par un officier de police judiciaire, qui dans mon cas passera près de deux heures à donner son avis sur la politique de gauche en France, critiquant la place de la jeunesse dans le mouvement social contre la réforme des retraites, Louis Boyard, l’« ultragauche », etc.

Pour conclure, on peut dire que ces événements s’inscrivent dans la longue liste des cas de violences policières et dans la politique ultra-répressive mise en place par le gouvernement. Cette évacuation est d’autant plus honteuse quand on sait qu’elle a été demandée par la maire de Rennes, élue de « gauche » soit disant opposée a la réforme des retraites.


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