Le CHU a commencé sa mutation il y a déjà trois ans, avec l’apparition d’une structure mixte dans certains services : au pôle régional de cancérologie, l’imagerie est cogérée par Pictavix sous la forme d’une structure publique-privée. Et face aux difficultés générales qui concernent l’ensemble de l’hôpital public, et notamment pour Poitiers le manque de lits pour les soins de suite et de réadaptation, la seule solution envisagée par le CHU répond bien aux injonctions du Ministère : l’ouverture au privé.
Le conseil du CHU, présidé par le maire, envisage ainsi de laisser gérer les soins de suite et de réadaptation (environ 160 à 200 lits) à une structure privée puisque la dotation globale allouée à l’hôpital ne permet pas de faire fonctionner le service correctement. Les deux structures vont se trouver en concurrence sur le site même de l’hôpital, comme s’il s’agissait de rejouer le cheval de Troie dans l’enceinte même du CHU. Le mode de financement des cliniques privées, qui dépend entièrement de son activité, va bien évidemment lui donner l’avantage.
On se souvient de la formule :Timeo Danaos et dona ferentes : « je crains les Grecs, même lorsqu’ils viennent avec des cadeaux ». Car il s’agit bien d’un cadeau empoisonné, même si la représentante de la CNI (Coordination Nationale Interprofessionnelle) explique à Centre Presse que l’hôpital a posé ses conditions avant de céder le terrain au privé : la clinique réservera 40 lits aux patients hospitalisés. Le service public demande donc l’aumône au privé.
Après le parking payant pour les visiteurs il y a un an, au prétexte de renflouer les caisses, c’est désormais toute une structure privée qui s’apprête à entrer à l’hôpital, colonisant un peu plus l’espace de soin public et nous dévoilant de quoi le « nouveau monde » est fait : d’une soumission totale à la loi du fric.