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Foody call

Polémique aux États-Unis sur le« foody call » : quand on accepte des rencards pour pouvoir manger

Un tiers des femmes aux Etats-Unis acceptent des rencards pour pouvoir manger gratuitement. C’est ce qu’affirme une étude réalisée par les chercheurs Brian Collisson, Jennifer Howell et Trista Harig de l'Université Azusa Pacific.

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Cette pratique aussi connue sous le nom de « foodie call » consisterait à accepter des rendez-vous amoureux dans l’unique but de se faire offrir un repas gratuitement et concernerait plus d’un tiers des femmes, selon les « spécialistes » ayant réalisé l’enquête. Cette dernière circule depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux et déchaîne les réacs en tout genre. Nombreux sont ceux qui en concluent, « logiquement », sur la nature vénale des femmes, à l’image du site Vibration [lien] selon lequel le foodie call est la « nouvelle tendance dont les hommes sont les grandes victimes ! »

Mais ce n’est pas tout.

On apprend que « les chercheurs ont également noté que les femmes qui estimaient qu’accepter un rendez-vous pour manger gratuitement était socialement acceptable étaient plus susceptibles de présenter des traits de personnalité qui s’apparentent à la psychopathie, au machiavélisme et au narcissisme ». Pourtant, « rien n’oblige un homme à payer l’addition juste parce que c’est un homme. Et les femmes peuvent tout à fait se payer à manger elle-même sans avoir à s’infliger de la compagnie non désirée » conclut l’auteur de Glamour magazine qui préfère apparemment rester anonyme, dans une tentative de subvertir les « stéréotypes » qui expliquent, selon lui, l’existence des « foodies call ». Même conclusion pour le site Vibration qui déclare que « les femmes qui acceptent les "foodie Call" ont également des traits de personnalité pas très sympas. Elles seraient machiavéliques, narcissiques avec une tendance psychopathe. Au secours ! Messieurs, vous êtes donc prévenus, cessez de payer l’addition pour éviter les "Foodie Call". »

Malheureusement, la réalité est beaucoup plus terre à terre.

Si les femmes représentent un peu plus de 50 % de la population mondiale, ces dernières constituent 70 % des personnes en situation de pauvreté. Dans ce sombre tableau la France ne fait pas exception. Aujourd’hui les femmes y gagnent en moyenne 25 % de moins que les hommes. Ces dernières occupent bien souvent dans des emplois précaires, et le taux de féminisation des emplois à temps partiel dépasse 82 %. Toujours en France, une enquête révèle que plus d’1,7 millions de femmes n’ont, par exemple, pas les moyens de se procurer des produits hygiéniques de base (https://www.revolutionpermanente.fr/En-France-3-millions-de-personnes-trop-pauvres-pour-s-acheter-des-produits-d-hygiene-de-base). Des produits qui étaient jusqu’à peu taxés comme « des produits de luxe », à plus de 20%. Un article récent du Monde relate le témoignage de nombreuses femmes allant dans le même sens : « Quand j’ai mes règles, je dois choisir entre manger ou rester “propre” » raconte Inès. : « C’est peut-être 15 euros par mois, mais entre 15 euros de serviettes et 15 euros pour trois repas, le choix est vite fait. » (https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/01/precarite-menstruelle-quand-j-ai-mes-regles-je-dois-choisir-entre-manger-ou-rester-propre_5483562_3224.html)

Les foodies call nous rappellent surtout que nous sommes des millions à n’avoir tout simplement pas les moyens de manger à notre faim, ou de passer, sereinement et dignement, la fin du mois…


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