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En écologie aussi, ils veulent nous faire payer leur crise

Pollution record à Paris et à Lyon. Sale journée pour le climat capitaliste

Claire Manor En dépit de quelques climatosceptiques, dont le nouveau président des États Unis, Donald Trump, les risques encourus à l’échelle planétaire sont désormais connus et plutôt sous-évalués que surévalués. Les dégâts engendrés à court terme sur notre environnement immédiat par un capitalisme néo-libéral de plus en plus sauvage le sont aussi. Et pourtant, des villes comme Tokyo vivent dans un brouillard permanent et, vue d’hélicoptère, la ville de Paris est, depuis mardi, engloutie sous un épais nuage masquant complètement la Tour Eiffel et infiltrant nos poumons. Les mascarades des COP21 et 22 et les gesticulations locales des préfectures brandissant la circulation alternée sont tout aussi impuissantes à préserver notre quotidien qu’à garantir notre avenir.

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La pollution atmosphérique, réelle nuisance et fausses solutions

 
Depuis mardi, un taux de pollution aux particules fines record a été atteint dans des villes comme Paris et Lyon. Après quelques tergiversations, l’obligation de circulation alternée a été décrétée à Paris et dans 22 communes de la petite couronne et se poursuit encore au moins jusqu’au vendredi 8 décembre.

On ne peut qu’être frappés par la courte vue et l’inefficacité de telles mesures face à la réelle nuisance que constitue pour la population l’inhalation de PM10 au d’autres polluants atmosphériques. La circulation alternée n’a, de fait, qu’une très faible efficacité puisqu’elle n’entraîne qu’une diminution de l’ordre de 18% de la circulation et une réduction de l’émission de polluants atmosphériques de l’ordre de 6 à 10 %. Curative et non préventive, elle n’a par ailleurs aucune influence sur l’apparition de nouveaux pics de pollution qu’elle ne fait que corriger dans des proportions, on le voit, très limitées.

Rappelons que les transports, tous types de transports confondus, entrent pour 27% dans la production de polluants atmosphériques, ce qui n’est certes pas négligeable, mais que l’industrie en dégage 50%, soit deux fois plus. Pour s’attaquer à la principale cause de pollution, il faudrait d’abord s’attaquer aux patrons de l’industrie et à leur porte-monnaie. On comprend qu’il soit plus commode de s’en prendre aux automobilistes.

Quant aux véhicules automobiles, de dérogations légitimes en complaisances et privilèges beaucoup moins légitimes, les interdictions finissent par frapper principalement les travailleurs, qui font matin et soir le trajet Paris-banlieue. Les quelques non privilégiés qui prendront le risque de transgresser l’interdit devront d’ailleurs payer une amende et même éventuellement abandonner leur véhicule.

Outre qu’elle ressemble à la montagne qui accouche d’une souris, l’obligation de circulation alternée présente un caractère antipopulaire qui suscite l’exaspération des travailleurs.

Le RER, alternative conseillée et galère quotidienne

 
Certains auraient pu penser que ce serait une bonne occasion de renoncer à l’usage quotidien de la voiture et de faire l’expérience d’un déplacement par les transports en commun.
Mais, démonstration extraordinaire des contradictions politiques de ceux qui nous gouvernent, le mardi 6 décembre, jour de mise en place de la circulation alternée à Paris et dans une partie de l’Ile de France ainsi que le mercredi 7 ont été des jours noirs pour les voyageurs de la RATP et de la SNCF. Une panne géante a frappé le trafic du RER B, puis de l’ensemble du réseau ferroviaire de la gare du Nord, RER, TER, Transiliens, TGV et Eurostar compris.

D’un côté, pour permettre aux capitalistes de réaliser les profits les plus larges sans se soucier du respect dû à l’environnement, on laisse proliférer les industries polluantes. De l’autre, on accepte de détruire la SNCF ou la RATP, des services publics de transport au métier et aux résultats éprouvés, pour les offrir à des capitaux privés plus soucieux de leur rentabilité que de la maintenance et de la qualité du service rendu aux usagers.
Les transports ferroviaires et métropolitains, qui sont pourtant la seule alternative à la pollution par les véhicules particuliers, se dégradent de jour en jour. Les lignes de RER A et B à Paris sont devenues championnes en matière de pannes, de retards et d’incidents divers. Les travailleurs qui se déplacent en région parisienne connaissent des retards répétés, et l’obligation d’usage de transports en communs pour se rendre à son travail devient un critère non avoué mais de plus en plus réel d’élimination à l’embauche.
Un collectif d’usagers du RER A déclare : « Nous n’arrêtons pas de dire depuis deux ans que la situation actuelle est le résultat d’une inertie et d’une désorganisation caractérisées. Il n’y a aucune amélioration au niveau de la vétusté du matériel, des installations, des infrastructures ; le nombre de pannes journalières reste inchangé d’un jour sur l’autre ».

Alors, faut-il réellement montrer du doigt le conducteur du véhicule immatriculé XX 596 XX qui circulait sur le périphérique mercredi 7 décembre pour se rendre à son travail à Ermont Eaubonne dans l’Oise ?

Les COP 21,22 … : promesses d’aujourd’hui et catastrophe de demain

 
Mais hélas, les méfaits du système capitaliste sur l’environnement ne s’arrêtent pas aux nuages de particules nocives surplombant les métropoles. Destruction de la faune et de la flore, augmentation de la température globale de la terre, les conséquences de la dégradation de l’environnement sont multiples et prennent un caractère de plus en plus vital pour l’humanité.

Face à ces désastres, la bourgeoisie ne peut fermer totalement ses yeux et tente, depuis plusieurs années et à grand renfort de « COP » de contenir une dérive catastrophique qui lui échappe de plus en plus. Les « rencontres au sommet » se succèdent, riches en promesses et pauvres en réalisation.

Dans la jeunesse, une certaine politisation se développe autour des questions environnementales. Plusieurs mouvements, qu’il s’agisse des altermondialistes, des écosocialistes, des décroissants ou d’autres encore, tentent de trouver une issue à l’impasse dans laquelle nous plongent les dirigeants dans le cadre de leurs rivalités économiques à l’échelle mondiale.

Mais, plus le temps passe, plus la situation environnementale se dégrade et plus il devient évident que toutes les approches « capitalistico-compatibles » sont incapables d’apporter des réponses réalistes et durables. La nature, tant qu’elle sera réduite à l’état de ressources que le système capitaliste exploite est condamnée à l’épuisement et à la destruction. Elle ne pourra être préservée, et l’humanité avec elle, que dans un affrontement déterminé au système capitaliste. C’est la raison pour laquelle des militants qui se déclarent anticapitalistes et révolutionnaires doivent inscrire dans leur programme l’affrontement au capitalisme pour la préservation des ressources de l’humanité et c’est la raison pour laquelle le mouvement ouvrier doit s’emparer de cette lutte.


      
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