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Après le viol de Sarah, 11 ans

Pour Henri de Lesquen, il n’y a pas de viol sans violences physiques. Pourquoi c’est faux ?

« Il n’y a pas de viol sans violence » a estimé Henry De Lesquen sur Twitter à propos de l’histoire de Sarah, 11 ans, violée par un homme de 28 ans. S’il est accoutumé aux sorties polémiques, il s’agit d’une occasion pour clarifier ce qu’est – ou n’est pas – le consentement.

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Henry de Lesquen, président d’extrême-droite du Parti National Libéral, est loin d’en être à son premier tweet polémique. Le dernier en date concerne directement l’histoire de Sarah, 11 ans, violée par un homme de 28 ans, viol que le parquet a déqualifié en « atteinte sexuelle sur mineure de 15 ans », estimant qu’elle était consentante au moment des faits en dépit de la plainte pour viol. Alors que Laurence Boccolini – notamment connue pour avoir animé l’émission Le Maillon Faible durant plusieurs années – s’indignait avec raison sur Twitter de cette décision de justice éminemment patriarcale, Henry de Lesquen lui a répondu avec l’un de ses deux comptes (se retweettant lui-même avec l’autre compte).

L’homme est bien connu pour sa misogynie et son racisme à toute épreuve. Il s’est récemment fait éjecter de Radio Courtoisie, une antenne d’extrême-droite qu’il présidait depuis 10 ans – ses positions dérangeaient mêmes ses alliés réactionnaires d’antan – et a déjà écopé de six mois de sursis et d’une amende de 16 000 euros pour « provocation à la haine et contestation de crime contre l’humanité ». Mais son énième déclaration polémique dans son échange de Tweets avec Laurence Boccolini, consistant à affirmer qu’il n’y avait « pas de viol sans violence » soulève une réelle question : qu’est-ce que le consentement ? Car ce qui définit un viol est par définition l’absence de consentement.

Ce que le consentement n’est pas

Dans ce cas spécifique il est aisé de comprendre qu’une enfant de 11 ans, face à un homme qui en a 17 de plus – exerçant un double pouvoir sur elle donc, par son âge et par le fait même qu’il soit un homme dans une société patriarcale – ne peut exprimer de réel consentement. Mais au-delà de l’âge qu’avait Sarah dans cette affaire particulière, et qui explique très certainement le tollé médiatique provoqué par la décision de justice, cet échange de Tweet interroge sur le stéréotype répandu du violeur menaçant sa victime d’une arme blanche dans une ruelle sombre.

Pourtant, dans les faits, moins d’un viol sur cinq est commis par une personne inconnue de la victime. Et bien souvent, il n’y a ni coup ou autres formes de violence physique, ni cri – les personnes violées, la plupart du temps, ne se débattent pas. C’est précisément ce que la mère de Sarah explique : « Elle était tétanisée, elle n’osait pas bouger, de peur qu’il la brutalise. Elle a pensé que c’était trop tard, qu’elle n’avait pas le droit de manifester, que cela ne servirait à rien, et elle a donc choisi d’être comme une automate, sans émotion, sans réaction ». Sans compter que Sarah elle-même a porté plainte pour viol. Ces éléments suffisent amplement à constater qu’elle n’était pas consentante. Et donc qu’il s’agit bien d’un viol, où l’âge de la victime devrait avant tout être considéré comme circonstance aggravante.

Ce qu’est le consentement

Le consentement, c’est avant-tout l’assurance qu’avant et pendant un rapport sexuel, les partenaires sont en pleine possession de leur faculté à décider et exprimer ce qu’ils veulent ou ne veulent pas faire. S’assurer qu’une personne est consentante, si on a le moindre doute, c’est expliciter nos intentions et demander si l’autre est d’accord. C’est déconstruire toutes les représentations véhiculées par la culture du viol : depuis l’idée que les femmes aiment être embrassées par surprise jusqu’aux définitions faites par la classe dominante dans le code pénal et dont se nourrit Henry De Lesquen pour diffuser ses idées nauséabondes.

Le consentement, c’est appréhender l’idée qu’il existe une multitude de formes de viol et que l’absence de consentement est bien souvent silencieuse.


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