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Deux semaines de combat payantes

Pour l’honneur des travailleurs ! Les travailleurs de Tipiak obtiennent 70 euros d’augmentation par la grève

Ce 15 février marquait non seulement la fin de trois semaines de grève, débutée le 26 janvier, pour les employés de Tipiak Saint-Aignan-de-Grandlieu, mais symbolise avant tout la victoire de la contestation et de la mobilisation de près de 80 % des salariés du site spécialisé dans l’épicerie et l’agroalimentaire au travers d’une augmentation de 70 euros bruts par mois.

Thomas SanBordo

16 février 2022

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Crédits photo : UL CGT Sud Loire

Dans une période ou le vent de contestation souffle sur nombre d’entreprises depuis désormais quelques mois, c’est une victoire pour les travailleurs du site de Tipiak Loire-Atlantique de Saint-Aignan-de-Grandlieu ! Les employés ont mis fin à leur grève ce mardi 15 février, après avoir obtenu grâce à leur mobilisation de près de 3 semaines, une augmentation de 70 euros bruts par mois sans conditions.

Ce ne sont pas moins d’une quarantaine de grévistes sur une cinquantaine d’employés de la branche épicerie qui se sont mobilisés depuis le 26 janvier, demandant une augmentation de 80 euros brut par mois. Bien que la somme gagnée soit inférieure à celle demandée, il ne faut pas s’y tromper, il s’agit bien d’une victoire pour les travailleurs et d’une défaite pour la direction qui avait d’abord proposé une augmentation de 50 euros bruts par mois, puis une augmentation de 70 euros bruts par mois à condition de ne demander aucune augmentation en 2023. La direction a finalement cédé suite à un durcissement du mouvement sur les 70 euros sans conditions ; proche de la demande principale comme l’exprime Damien Pelletier, délégué CGT chez Tipiak, auprès de France Bleu : « On n’obtient pas les 4 % d’augmentation souhaités, mais entre la hausse générale des salaires de 2.5 % et l’augmentation des primes "panier", les salariés vont gagner 3 % de pouvoir d’achat ». Les grévistes expliquent le refus de deux premières négociations notamment à la vue de l’augmentation du chiffre d’affaires, [comme l’explique Damien Marin, délégué CGT, toujours auprès de France Bleu>https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/loire-atlantique-chez-tipiak-des-salaries-en-greve-pour-une-vraie-augmentation-1643999890] : « Quand on voit ce que nos actionnaires et nos dirigeants se mettent dans les poches depuis deux ans, il y a un moment, il faut dire stop. Encore cette année, sur le groupe, c’est plus 6 % de chiffre d’affaires. C’est la première fois de l’histoire du groupe qu’on dépasse les 200 millions d’euros de chiffre d’affaires, donc oui, il y a largement de quoi donner aux ouvriers. C’est légitime par rapport aux efforts qui ont été faits ces deux dernières années ». Un autre salarié poursuit : « On veut être récompensé. Il y a l’inflation, tout a augmenté. Nous aussi, on veut notre part ! »

En effet cette grève met en lumière le grondement qui se fait entendre depuis plusieurs, alors que les prix ne cessent d’augmenter, remplir le frigo, faire son plein d’essence, devient de plus en plus compliqué. C’est ce qu’exprime dans les colonnes de France Bleu un gréviste : « Ils préfèrent partager ça entre eux avec les actionnaires et tout. Mais on est là et s’ils sont là, c’est grâce à nous aussi. On ne va pas se laisser faire, car on n’est pas de la merde ! »

Cette grève fait écho aux différentes mobilisations écoulées ces derniers mois de la part de la seconde ligne et du secteur de l’industrie et s’inscrit parfaitement dans l’ensemble des luttes réclamant davantage de pouvoir d’achat dans une période ou l’augmentation des coûts de la vie ne cesse de précariser les couches populaires. Des demandes auxquelles le gouvernement ne répond que par le mépris ou la répression, à l’image du dispositif policier déployé samedi dernier pour réprimer les convois de la liberté qui mettait au centre de ses revendications la question du pouvoir d’achat.

Face à ce gouvernement qui fait la sourde oreille, il est nécessaire de développer les méthodes de luttes qui ont prouvé et continuent de prouver leur efficacité comme nous l’avait montré les travailleurs de Leroy Merlin en décembre dernier. C’est d’ailleurs ce rapport de force, par la grève, que cherchaient les ouvriers de Tipiak, comme le soulignait Damien Marin début février : « Il n’y a pas de stock sur les produits importants. Tout ce qui est mélange de céréales, on sait que ce sont les produits qui rapportent le plus et aujourd’hui, c’est à l’arrêt total. À un moment, ça va jouer. Faut qu’ils se posent les bonnes questions ».

Pour instaurer un rapport de force par la grève, il faut que cette dernière perdure dans le temps et de manière continu, fragilisant ainsi les conditions de vie déjà précaires des personnes en lutte, les caisses de grèves sont alors d’une importance capitale afin de tenir le combat. Les ouvriers grévistes de Tipiak ont dans ce sens ouvert une cagnotte en ligne qui a récolté plus de 18 000 euros en seulement 19 jours, montrant la solidarité existante entre les différents secteurs du précariat.

Ainsi cette victoire est assurément celle des grévistes. Une victoire qui, dans le contexte où la question des salaires est la préoccupation principale d’une majorité de la population, est un exemple pour l’ensemble des travailleurs et travailleuses.

Les grèves pour l’augmentation des salaires continuent d’émerger, comme l’illustre la mobilisation qui s’annonce une nouvelle fois d’ampleur à la RATP ce vendredi.Alors que les directions syndicales appellent à une nouvelle journée de grève nationale le 17 mars prochain, la colère est donc belle est bien présente. A deux moins des présidentielles, le gouvernement craint l’émergence d’un mouvement sur la question du pouvoir d’achat et de l’augmentation des salaires. Le dispositif de répression mis en place pour réprimer le convoi des libertés en est la parfaite illustration. Il faut un plan de bataille à la hauteur afin de pouvoir coordonner le ras-le-bol des différents secteurs qui rentrent en lutte et l’étendre.

Il sera alors nécessaire par la suite de dialoguer avec des revendications radicales, qui donne envie de se battre sur le terrain du pouvoir d’achat, à l’image de celles que défend Anasse Kazib, porté par Révolution Permanente dans la campagne présidentielle : 300 € d’augmentation pour l’ensemble des salaires et minimas sociaux, SMIC à 1800 € net, indexation des salaires sur les prix. Des mesures essentielles pour refuser que les travailleurs ne continuent à payer la crise, et pour s’attaquer enfin aux profits faramineux des grandes entreprises.


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