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Mesure austéritaire

Pour le 1er mai, le gouvernement d’extrême-droite de Meloni supprime le RSA italien

Le 1er mai, journée internationale des travailleuses et des travailleurs, la présidente du conseil italien Giorgia Meloni a fait passer un décret « travail » qui supprime les allocations sociales à plus d’un million de familles. Un cadeau de l'extrême-droite au patronat.

Léo Stella

4 mai 2023

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Pour le 1er mai, le gouvernement d'extrême-droite de Meloni supprime le RSA italien

Italian Government, CC BY-SA 3.0 IT via Wikimedia Commons

Le décret « lavoro », adopté par un conseil des ministres exceptionnel le 1er mai en Italie, signe une offensive d’ampleur du gouvernement d’extrême-droite de Meloni à l’encontre de la classe ouvrière et des classes populaires italiennes, en plein période d’inflation. En effet, ce décret supprime le revenu citoyenneté mis en place par le gouvernement M5S en 2019, qui permettait à 1,6 millions de familles de toucher une allocation de 550 euros, soit un équivalent du RSA.

Meloni compte remplacer ce revenu citoyenneté par un « chèque inclusion » plafonné à 500 euros, dont le nombre de bénéficiaires baissera drastiquement et qui sera limité à une durée de dix huit mois, potentiellement renouvelable après un temps de carence. Cette allocation sera réservée aux familles composées de personnes présentant un handicap, de mineurs ou de personnes âgées de plus de 60 ans.

Pour justifier cette attaque contre les plus précaires, Meloni invoque la rhétorique de « la fin de l’assistanat », dans la continuité de la campagne qui l’a menée à la tête du gouvernement en septembre dernier :« Nous réformons le revenu de citoyenneté pour faire la différence entre ceux qui sont capables de travailler et ceux qui ne le sont pas », a-t-elle affirmé.

Dans les faits, il s’agit d’un important cadeau aux patrons, qui se verront exonérés de leurs cotisations pendant un an pour le recrutement d’un allocataire du « chèque inclusion » en contrat à durée indéterminée ou d’apprentissage, d’après Les Échos. Dans le même temps, ils pourront désormais renouveler deux fois les contrats à durée déterminée sans obligation de les pérenniser au terme des trente-six mois d’activité, chose qui était jusqu’à présent obligatoire. Enfin, le gouvernement italien introduit un « instrument d’accès à l’activité » professionnelle qui va rendre obligatoire la participation à des formations ou des « projets utiles à la collectivité » pour toute personne « apte à l’emploi ».

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Mais l’enjeu de cette attaque dépasse les frontières de la péninsule : il s’agit pour le nouveau gouvernement de répondre aux exigences de l’Union européenne. L’Italie est en effet bénéficiaire du plan de relance et de résilience (PNRR) de l’UE, prévoyant l’allocation de 190 milliards d’euros à la péninsule en échange de la mise en place d’une série de réformes structurelles qui sont destinées à faire payer la crise aux plus précaires. Alors que Bruxelles a décidé début avril de geler la troisième tranche, d’un montant de 19 milliards d’euros, en raison du retard accumulé par Rome dans la mise en oeuvre de ce plan, Meloni accélère le pas.

Dans la continuité de l’attaque du 1er mai, le gouvernement Meloni porte une réforme fiscale qui prévoit la réduction des tranches fiscales de 4 à 3 palliers, avec l’objectif de mettre en place un impôt unique d’ici fin 2027. Le projet promet en plus de cela une baisse d’impôt pour les sociétés, au moment où la population italienne, déjà soumise à des bas salaires, est durement frappée par l’inflation. Là encore, le but ici est de servir sur un plateau d’argent des allégements fiscaux aux plus grandes fortunes, au détriment du financement des services publics.

Cette politique anti-sociale de l’extrême-droite italienne va de pair avec une série de politique réactionnaires. Meloni, qui défend un retour « aux valeurs traditionnelles de la famille », mène une lutte contre les droits des femmes et des LGBT. Son interdiction au maire de Milan d’enregistrer l’état civil des enfants de couples homosexuels nés de la GPA ou de la PMA en est la dernière illustration. Sur le terrain de l’immigration, projet phare de Meloni, le gouvernement italien est d’autant plus à l’offensive. Face aux morts qui s’entassent en Méditerranée sous l’effet de l’Europe forteresse le gouvernement à décidé de décréter l’État d’urgence migratoire, qui lui permettra de renforcer la chasse aux migrants, leur enfermement dans des CRA et leur expulsion systématique.

Alors que le décret du 1er mai constitue une nouvelle attaque antisociale du gouvernement d’extrême-droite de Meloni, elle résonne avec l’offensive contre le RSA du gouvernement Macron qui veut conditionner cette allocation ultra minimale à 15 à 20h d’activité hebdomadaire. Une parenté qui rappelle les convergences néo-libérales entre l’extrême-droite et la macronie, et démasque le projet de Marine Le Pen, alliée de Meloni, qui tente de se présenter en alternative au gouvernement actuel.

Alors que la mobilisation actuelle en France contre la réforme des retraites montre la force des travailleurs et de la jeunesse quand ils relèvent la tête, il est fondamental que la classe ouvrière et les classes populaires s’organisent, en Italie comme en France, autour d’un programme pour faire reculer les gouvernements néo-libéraux, de droite comme d’extrême-droite, sur l’ensemble de leur projet antisocial, xénophobe et raciste.


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