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La lutte appartient à ceux qui la mènent

Pour le 31 et la suite, construire des assemblées générales interprofessionnelles

Le 31 mars, on le sait déjà, sera une journée de forte mobilisation. Pour la quatrième semaine consécutive, la jeunesse étudiante et lycéenne, mais aussi de larges franges des salariés seront mobilisées pour exiger le retrait total de la loi Travail, ni amendable ni négociable. Le 9 mars, les secteurs les plus avancés du mouvement ouvrier, avaient réussi, par leur pression à la base, à imposer aux directions syndicales « contestataires », la CGT et FO, cette date, alors même que la seule perspective de mobilisation était fixée par les directions aux calendes grecques : le 31 mars. Pourtant, même si ce 31 mars permettra à fortiori de rejouer à nouveau le « tous ensemble », que Hollande redoute tant, il nous faudra, pour garantir une réelle réussite au 31, mais aussi de ses suites, non seulement imposer notre calendrier aux directions syndicales mais aussi les déborder, en leur imposant une grève générale reconductible jusqu’au retrait total de la loi Travail et au-delà. Damien Bernard

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Pour cela, les leçons politiques et stratégiques de « l’automne français », à savoir le mouvement contre la réforme des retraites de Sarkozy en 2010, sont éclairantes à plusieurs titres. Pendant près de deux mois, un large mouvement social qui n’a pas d’antécédent, depuis mai 1968, avait fait vaciller le président de droite, Nicolas Sarkozy. Accompagnés des lycéens, d’une avant-garde étudiante, de larges secteurs du mouvement ouvrier, dont des secteurs stratégiques comme les raffineurs, les cheminots et les dockers, s’étaient mobilisés et avaient imposés, aux principales directions syndicales de l’époque CGT-CFDT, une dynamique tendant à la grève générale, paralysant ainsi l’hexagone pendant près de 3 semaines par des grèves reconductibles dans des secteurs centraux de l’économie. Malgré que le mouvement ait été défait, du fait notamment des politiques des directions syndicales menées par le tandem Thibault-Chérèque qui ont visé à bloquer les tendances à la grève générale, il s’avère cependant intéressant de faire un parallèle, toute comparaison étant relative, avec la mobilisation actuelle contre la loi Travail.

Travailleurs, étudiants et lycéens sont prêts à en découdre le 31 mars et ensuite !

Les 17 et 24 mars ont vu majoritairement, malgré la forte répression du gouvernement, la jeunesse étudiante et lycéenne tenir le pavé. Des secteurs avancés du mouvement ouvrier, des militants et des travailleurs combatifs, les ont accompagnés, malgré les appels timides de leurs directions syndicales. Ce 31 mars, l’intersyndicale du 24 mars, amputée des syndicats « réformistes » appelle pour la première fois, clairement à la grève à travers un communiqué signé par la CGT, FO, FSU, Union syndicale Solidaires, UNEF, UNL, FIDL, « l’ensemble des salarié-es, privé-es d’emploi, étudiant-es, lycéen-nes, retraité-es à se mobiliser par la grève et à participer massivement aux manifestations le 31 mars pour obtenir le retrait de ce projet de loi ».

En tant qu’expression de la combativité de la base, de nombreuses UL, UD, syndicats de branche ou d’entreprise, ont souhaité eux-mêmes appeler eux aussi 31, radicalisant par la même les mots d’ordre de l’intersyndicale du 24 mars. Pour exemple, à Saint-Nazaire, l’intersyndicale locale de la CGT, FO et FSU solidaires, dont des salariés de STX, appelle clairement à la grève générale le 31 mars, parlant même, au cours de leurs prises de paroles, concernant le projet de loi Travail, de « déclaration de guerre », de « mascarade ».

Pour réussir le 31 et la suite : construisons des assemblées générales interprofessionnelles !

En 2010, lors du mouvement d’opposition à la réforme des retraites de Sarkozy, les assemblées générales interprofessionnelles (interpros) avaient été l’expression d’une importante minorité de salariés en luttes, quelques dizaines de milliers de travailleurs, souhaitant dépasser la stratégie de pression mise en œuvre par les directions syndicales de l’époque. Ces interpros, permettaient d’organiser à la base des militants et salariés, étudiants, lycéens, encartés ou non, et agissaient comme moteur d’extension de la grève, à travers l’organisation de « grève marchantes », afin d’entraîner d’autres boites dans la bagarre ou soutenir les grévistes déjà en mouvement.

Contre la loi Travail et un gouvernement de « gauche », localement, des contacts entre travailleurs, de différents secteurs, étudiants, et lycéens, ont été renoués, hérités des interpros de 2010. Pour exemple, à Saint-Denis, les UL CGT, FO et Sud-Solidaires de St-Denis ont décidé de faire réémerger les AG interpro, qui réunissaient déjà en 2010, des salariés de la mairie, de l’intercommunalité, des étudiants de Paris 8, des lycéens du 93, des employés de l’éducation nationale, la RATP, ou encore des travailleurs d’EDF, et des cheminots. Ainsi se retrouverons notamment, le 31 mars au matin, salariés, étudiant de Paris 8 mobilisés depuis bientôt 4 semaines pour discuter de la mobilisation, des perspectives envisageables et des actions à St-Denis. Le tout est précédé par un meeting commun le 29 mars à la bourse pour expliquer les conséquences de la loi, en vue de massifier et de préparer le 31.

Et le 32 mars, on fait quoi ? …

Malgré l’appel à la grève, et l’invitation de l’intersyndicale des « salarié-es et les jeunes à débattre la poursuite de l’action dans les jours suivants et à renforcer les mobilisations, y compris par la grève et les manifestations et à des suites », les directions syndicales « contestataires » continuent à entretenir une certaine ambiguïté par rapport aux suites à donner au mouvement après la journée du 31.

C’est à cette ambiguïté sur les suites à donner au mouvement que répond d’une certaine façon l’initiative Nuit Debout, à l’impulsion du journal Fakir et dans la continuité de la soirée « Leur faire peur » où était projeté le film Merci Patron. Dans cette dynamique, les initiateurs de la Nuit Debout invitent « Lycéen.ne.s, étudiant.e.s, salarié.e.s syndiqué.e.s ou non, chômeurs en colère, discriminé.e.s en tout genre, syndicalistes réprimé.e.s, paysan.ne.s et écolos zadistes » à ne pas rentrer chez soi après la manifestation et à occuper une place publique le 31 mars.

Alors que des secteurs de travailleurs en lutte participerons à l’initiative comme les Goodyear, des salariés d’Air France, et nous ne pouvons que souscrire à continuer la mobilisation après la manifestation du 31 mars, notamment à la Nuit Debout. Cependant un « mouvement citoyen » dans la ligne des indignées et du mouvement 15M, ne saurait se substituer à la grève générale, indispensable pour inverser le rapport de forces avec le gouvernement et le Medef.

Imposer la grève générale !

Le caractère trop embryonnaire et le développement tardif des interpros en 2010, n’a pas permis d’incarner une réelle alternative face à l’orientation des directions syndicales, qui ont, par épuisement des journées d’actions et refusant de franchir le pas de la grève générale, mené à l’échec le mouvement.

C’est pourquoi, dans le cadre du mouvement en cours, le fait de remettre en place ce type d’organisme le plus tôt possible, en lien avec les comités de grève et les équipes syndicales combatives, peut être un élément décisif dans la suite des événements. Ce n’est que comme ça, que l’on pourra réellement exiger non seulement le retrait total de la loi Travail, ni amendable, ni négociable, mais aussi déborder nos directions syndicales, pour opposer à ce gouvernement une grève générale qui est la seule à même d’imposer nos solutions au chômage et à la précarité, qui ne sont pas « un code du travail plus protecteur », mais bien un travail stable pour toutes et tous, la réduction et le partage du temps de travail, à commencer par la semaine de 32h, un salaire minimum assuré de 1700 euros nets par mois, évoluant avec le pouvoir d’achat.


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