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Aux capitalistes de payer leur crise !

Pour le PDG de Derichebourg Aero, il faut « choisir de mourir de faim ou du virus »

Le gouvernement multiplie les cadeaux au patronat. Cette nouvelle extension du pouvoir patronal ne se fait pas attendre au sein des entreprises. A Derichebourg Aéronautics Services la direction veut imposer la reprise du travail le couteau sous la gorge : « les gens vont devoir choisir de quoi ils veulent mourir, de faim ou du virus ».

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Les débrayages et les droits de retrait massif qui se sont succédé dans les secteurs non-essentiels contre le fait d’aller travailler malgré l’urgence sanitaire ont représenté un problème pour le patronat craignant des phénomènes de révolte mais aussi une atteinte à ses profits. Le président délégué du MEDEF, Patrick Martin, affirmait à propos du confinement annoncé par Macron qu’il y a eu « une forme de sur-interprétation des propos du président de la République » et ajoutait que le président n’aurait « pas assez insisté sur la nécessaire continuité de l’activité économique ».

Les souhaits du grand patronat n’ont pas tardé à être exaucés. Après avoir fait don de 45 milliards aux entreprises, après avoir gelé les loyers, les factures de gaz et d’électricité des patrons, le gouvernement a avancé sur les 35h et les congés payés avec la loi d’urgence sanitaire, et même ouvert la possibilité de travailler jusqu’à 60h par semaine dans certains secteurs. Ainsi malgré l’unité nationale et « l’effort partagé » dont parle le ministre des comptes publics Gérald Darmanin, le gouvernement et le patronat sont bien à l’offensive pour faire payer la crise sanitaire et économique aux travailleurs. Et cela avec la caution des directions syndicales qui ont publié un relevé de réunion commun avec les organisations patronales afin d’affirmer l’importance du dialogue social

« Les gens vont devoir choisir de quoi ils veulent mourir, de faim ou du virus »

Dans ce contexte d’offensive patronale, la direction d’Airbus a annoncé la reprise partielle de l’activité dans ses ateliers dès le lundi 23, ce qui a impacté des dizaines de milliers de travailleurs de la sous-traitance dont les entreprises vont devoir rouvrir. C’est le cas de Derichebourg Aéronautics Services, un sous-traitant d’Airbus, situé à Blagnac où ce vendredi 20 mars s’est tenu un CSE extraordinaire en visioconférence, qui avait pour ordre du jour « la reprise anticipée de l’activité ».
Les travailleurs et les syndicalistes d’UNSA SNMSAC aérien de cette usine avaient déjà dénoncé l’irresponsabilité de reprendre le travail dans cette situation d’urgence sanitaire. L’entreprise n’offrait pas les garanties de protection minimales et il n’était pas question pour les travailleurs de mettre en risque leur santé et celle de leurs proches pour sauvegarder les profits du patron. Comme l’affirmaient les travailleurs de l’usine, « nous ne sommes pas de la chair à canon ! »

Cependant, la volonté de la direction de l’entreprise est de faire reprendre le travail avec le couteau sous la gorge. Tel que le relevait le dernier communiqué de l’UNSA SNMSAC aérien : « Notre Président Monsieur Lannette, présent à cette réunion, a essayé de justifier cette décision avec des poncifs, que même un enfant de 10 ans ne croirait pas. Nous avons posé la question sur la prime de 1000 € que le ministre de l’Économie préconise pour récompenser les salariés qui travailleraient malgré la pandémie. La réponse de notre direction est “vous n’y pensez pas”. Et notre Président de rajouter : "oui mais les gens vont devoir choisir de quoi ils veulent mourir, de faim ou du virus" Tout est dit dans cette phrase. »

En effet, tout est dit dans cette phrase. Sous l’unité nationale et les « efforts partagés » il n’y a que la volonté de faire payer lourdement la crise aux travailleurs. Dans ce sens la direction a aussi annoncé que « les travailleurs en CDD ou en intérim ne seront pas renouvelés et que ceux qui ne respectent pas les consignes de sécurité au travail seront punis sévèrement ». Mais le scandale ne s’arrête pas là. En plus du fait que la reprise progressive du travail devrait se faire « avec des mesures très contraignantes » qui ne vont pas permettre « d’effectuer les tâches », Airbus a promis des masques aux salariés alors que les hospitaliers en manquent cruellement : « Officieusement Airbus aurait trouvé des masques, gants et combinaisons afin de protéger les gens sur site. Nous ignorons quelle en est l’origine… pendant que le médical dans notre pays n’arrive même pas à se protéger ». Un des travailleurs de cette usine pointait aussi l’irresponsabilité de la direction de Derichebourg Aéronautic Services et Airbus : « Airbus va propager le virus dans la région en faisant travailler ses usines, ce qui entraîne à la fois beaucoup d’autres entreprises, fournisseurs et sous-traitants. Il se cache derrière le fait de donner quelques masques aux hôpitaux, mais si c’est pour propager le virus et engorger les hôpitaux c’est irresponsable et stupide. »

Devant ce même scandale, la section CGT d’Ateliers de la Haute-Garonne (AHG), un autre sous-traitant aéronautique a refusé la repris du travail et a revendiqué que tous ces masques aillent en priorité au personnel de santé au lieu de servir à fabriquer des avions
Comme le soulevait l’UNSA SNMSAC aérien dans son communiqué, « quand tout va bien on ne peut pas partager les richesses ; quand tout va mal il faut tout de même produire ces richesses. Nous devrions peut-être profiter de cette crise pour modifier les règles du jeu. »

Les dernières luttes ouvertes dans le secteur aérien dans le contexte de la crise sanitaire montrent que cette voie est possible. Face à l’offensive coordonnée des patrons de l’aéronautique et du gouvernement, il faudra une réponse coordonnée des travailleurs de ce secteur. Tant que les hôpitaux ne disposent pas de masques, il est criminel d’en fournir pour produire des avions, les patrons ne font qu’assumer le mépris qu’ils ont pour la vie des ouvriers et de leurs familles. Et même si cette condition est remplie, et ce n’est déjà là que de l’élémentaire, il est inadmissible de produire des avions alors que les hôpitaux manquent de respirateurs, de lits que l’industrie aéronautique est en mesure de produire, il faut réorganiser la production ! Si pour un patron, un ouvrier ça se remplace et de toute façon ça finit par mourir, pour les travailleurs et la population, nous n’avons rien à faire de fournir des avions à des compagnies aériennes qui ne les font de toute façon pas voler (ou alors à vide, c’est encore pire !) même pas et de garantir les profits de ceux qui sont déjà riches à milliards ! Les travailleurs de l’industrie aéronautique, d’ores et déjà élus dans des instances et tous les volontaires, doivent pouvoir avoir un droit de regard et de veto sur à quoi sert leur travail, sur la façon dont sont assurés les conditions sanitaires au travail : au grands problèmes, il faut de grandes solutions. Quand nos vies sont en jeu, comme le disent les travailleurs de Derichebourg, il est grand temps de « changer les règles ».


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