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Réforme sexiste, grève féministe

« Pour un 8 mars contre la réforme des retraites » : 200 personnes à la Bourse du Travail à Toulouse

À Toulouse, 200 personnes ont rempli la salle principale de la Bourse du travail, lors d’une soirée-débat initiée par l’inter-organisation féministe de la ville sur les impacts de la réforme des retraites sur les femmes et les minorités de genre. Un premier pas pour s’organiser et construire une grève féministe massive contre Macron et contre le patriarcat ce 8 mars !

Rozenn Kevel

21 février 2023

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[Crédits photo : Kim Aurelia Williams]

Ce jeudi 16 février, ce sont plus de 200 personnes qui ont assisté à la soirée-débat organisée par l’inter-organisation féministe de Toulouse. À la tribune, des travailleuses des secteurs de la santé, de l’aide à domicile, de l’éducation, du commerce et de la SNCF ont pris la parole pour dénoncer les impacts patriarcaux de la réforme des retraites ainsi que leurs conditions de travail détériorées. À leurs côtés, Geneviève Azam, économiste et membre d’ATTAC, s’est exprimée sur les différentes inégalités économiques que subissent les femmes.

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Dans leurs prises de paroles, les travailleuses ont mis en lumière les pénibilités de leur travail et la nécessité vitale que le projet de réforme des retraites du gouvernement Macron ne passe pas. L’aide-soignante présente à la tribune expliquait par exemple : « On a déjà du mal à atteindre l’âge légal, la réforme ne doit pas passer. L’espérance de vie d’une infirmière est de 7 ans de moins qu’une femme moyenne ».

Anna, cheminote et militante à Du Pain et Des Roses et Révolution Permanente témoignait aussi à la tribune : « Si la réforme ne passe pas, en l’état actuel si je veux toucher une retraite à taux plein, je dois partir à 67 ans. Mais au vu des horaires décalées que je fais, des missions de sécurité que je dois assurer, la réalité c’est que je sais que je ne pourrai pas travailler jusqu’à 67 ans (...) Il faut qu’on revendique une retraite à taux plein pour toutes et tous à 60 ans et 55 ans pour les métiers pénibles !  ».

Les différentes interventions des travailleuses ont montré que la colère soulevée par l’attaque de la réforme des retraites dépasse la question des pensions et du retrait du projet de loi. En effet, une AESH racontait à la tribune que sa profession, où 93 % des personnes sont des femmes, impose des contrats à temps partiel. Ainsi, une AESH gagne souvent entre 680€ et 850€ par mois. Elle continue : «  La retraite à 1 200€, on ne l’aura jamais ! Même si on cumule les emplois, qu’on sacrifie notre vie et notre santé, on n’aura pas le droit au minimum de pension. ».

Même son de cloche du côté de l’aide à domicile : un secteur peu reconnu et particulièrement précaire, majoritairement occupé par des femmes, dont les conditions de travail ne cessent de se dégrader. Une autre intervenante, soignante, est revenue sur le choix imposé aux infirmières de choisir entre passer de la catégorie B à la catégorie A ,en renonçant à la reconnaissance de la pénibilité de leur travail, ou bien rester en catégorie B pour conserver leurs pénibilités tout en renonçant à une augmentation de salaires.
Franceline, travailleuse dans la grande distribution, est revenue sur le mépris ressenti dans son secteur qui, après avoir été « mis à l’honneur » par le gouvernement pendant le Covid, a vu se conditions de travail se détériorer dans des proportions inédites et sans aucune mesure de compensation.
Dans le même sens, Anna faisait le lien entre la grève cheminote de décembre pour les salaires et le mouvement actuel contre la réforme des retraites : « On a été en première ligne pendant le Covid pour assurer la continuité du service public des transports, pour déplacer les malades, en faisant face pendant les premières semaines au virus sans protection. En décembre, on a prouvé à la direction que quand on s’arrête de travailler, les trains s’arrêtent de rouler. La différence, c’est qu’aujourd’hui on a la possibilité de partir toutes et tous ensemble, puisque cette attaque des retraites, de l’inflation, de la dégradation des conditions de travail et de la casse du service public, touchent tout le monde. »

Anna est ensuite revenue sur les possibilités qu’offre l’enchaînement du 7 mars, prochaine date nationale de grève de l’inter-syndicale, et du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes et des minorités de genre. « On a aujourd’hui la possibilité à l’échelle du pays de construire un rapport de force avec l’ensemble du monde du travail à partir du 7 mars : une grève féministe, qui mette à l’honneur les secteurs qui font tourner la société, dont on a vu qu’ils étaient essentiels pendant la crise sanitaire.
C’est primordial que ces secteurs méprisés par le gouvernement relèvent la tête et chercher à se coordonner pour lutter. (...) C’est notre tâche, aux secteurs qui ont plus de tradition de lutte, d’aller chercher les secteurs qui ne sont pas encore dans le bataille car ils ont plus de difficultés objectives à se mettre en mouvement. Pour élargir cette grève, il va falloir élargir les revendications. Dans ce contexte d’inflation, on doit aussi exiger une augmentation générale des salaires et des minimas sociaux. On ne doit pas oublier que si toute la colère des milliers de femmes, des personnes LGBTI qui ont manifesté ces dernières années contre les violences patriarcales se joint à la bataille contre la réforme des retraites, on pourra gagner bien plus que le simple retrait de la réforme !
 »

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Cette soirée-débat, qui a été un franc succès, montre l’importance de lier le combat contre Macron et ses réformes à une lutte plus large contre un système qui précarise et en premier lieu les femmes, les personnes LGBTI et racisées.
Faire reculer la réforme de Macron, c’est déjà s’organiser et avancer pour imposer l’augmentation générale des salaires et des pensions et leur indexation sur l’inflation, mais aussi des investissements massifs dans les services publics, pour rendre le droit à l’IVG effectif pour toutes et tous, pour lutter contre les violences patriarcales, pour des parcours de soins et de transition dans de bonnes conditions, accessibles et gratuits pour toutes tous. C’est aussi faire reculer le projet de loi immigration portée par Darmanin.

Alors que l’intersyndicale persiste à vouloir limiter le mouvement à des journées de grève isolée et à la revendication du stricte retrait de la réforme, l’inter-organisation féministe toulousaine est un cadre de coordination qui, en organisant ce type d’évènement, permet de mettre en relation différents secteurs et de faire émerger un autre son de cloche : la volonté commune de durcir le mouvement autour de revendications bien plus larges.
Réunissant des organisations syndicales, politiques et associatives, ce cadre constitue en ce sens une avancée majeure pour la ville et pourrait en inspirer d’autres.
Alors que deux semaines nous séparent des 7 et 8 mars, l’ensemble des organisations féministes et antiracistes doivent chercher à se joindre au mouvement de grève contre la réforme et à y défendre leurs propres revendications, pour une grève reconductible large, féministe et antiraciste !


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