Retour sur les élections en Turquie

Pourquoi Erdoğan a gagné ?

Pierre Reip

Marc Elba

Atilla Ekim

Pourquoi Erdoğan a gagné ?

Pierre Reip

Marc Elba

Atilla Ekim

Déjouant les sondages qui le disaient perdant, Erdoğan est arrivé en tête du premier tour des élections présidentielles en Turquie et il est assuré d’avoir une majorité docile à l’assemblée. Comment expliquer ce succès en dépit d’une situation économique très dégradée, quelques mois seulement après le séisme dévastateur de février 2023, qui a pourtant mis au jour la corruption et les défaillances du régime ? Entretien avec Atilla Ekim, correspondant de RP en Turquie.

Pierre Reip/RPDimanche : Avec 49% des voix à la présidentielle et la majorité à l’assemblée pour l’AKP et ses alliés, les élections de 2023 sont donc une nette victoire pour Erdoğan ?

Atilla Ekim : Oui et non. En ce qui concerne le non, il faut dire que c’est la première fois qu’il doit faire face à un second tour. En 2014 et 2018, il l’avait emporté avec plus de 50% des voix et, antérieurement, le problème ne se posait pas pour lui, compte tenu du fait qu’il occupait le poste de premier ministre. Il y a donc une érosion des voix, notamment dans des bastions comme Konya, par exemple, ou d’autres circonscriptions d’Anatolie centrale qui ont toujours été ses bastions et où l’on observe un recul de l’ordre de 2% à 5% et de progression nulle part. Il y a donc un recul de ses voix. Il n’obtient pas la présidence dès le premier tour, ce qui n’est pas habituel pour lui tandis qu’à l’Assemblée, son parti, l’AKP (Parti de la justice et du développement) perd 27 sièges et, pour ce qui est de l’ensemble de son alliance, 23. Il garde toutefois la majorité absolue avec 322 sièges sur 600.

Notons quand même que le parti qui perd le plus de députés, c’est l’AKP. Dans le détail, dans son alliance, le parti ultranationaliste MHP lui ne bouge pas, et reste autour de 50 sièges, mais, pour gagner au parlement, l’AKP a fait des alliances et sur les sièges qui lui sont dévolus, il y en a quelques uns qui reviennent à des candidats qui certes figurent sur les listes AKP mais qui appartiennent en fait à d’autres partis, des partenaires mineurs, notamment le HÜDA PAR (parti de la cause libre) qui obtient trois ou quatre députés étiquetés AKP mais qui ne lui sont en réalité pas affiliés directement. Donc pour se maintenir au parlement et maintenir sa majorité, l’AKP a dû élargir son alliance, et faire des concessions. A la faveur de cet élargissement de l’alliance, il y a par exemple le Yeniden Refah Partisi (YRP) qui a émergé, avec 5 sièges. Le phénomène, amorcé en 2015, d’un AKP incapable de gouverner entièrement seul au parlement, sur sa propre base, et qui a dû s’allier avec le MHP, non seulement est toujours en cours mais s’est même étendu à des partenaires encore plus mineurs. Malgré tout cela, il y a un recul du nombre de sièges de l’AKP et de son alliance, quoiqu’il conserve la majorité.

Majorité qui fait dire, évidemment, qu’il s’agit d’une nette victoire quand même. L’AKP a la majorité, et Erdoğan semble imbattable au second tour, avec d’ores et déjà 49,5% des voix alors que la plupart des sondages le donnait perdant depuis un certain temps. On peut remonter un an en arrière : à l’époque, il ne s’agissait pas des options avec Kemal Kiliçdaroğlu (candidat du parti kémaliste CHP et leader de l’opposition), mais plutôt Ekrem Imamoglu ou Mansur Yavaş face auxquels Erdoğan était donné perdant à la présidentielle. Depuis la candidature de Kiliçdaroğlu, les sondages de ces dernières semaines ne le donnaient pas en tête et même peut-être perdant au premier tour. Il déjoue donc les sondages, comme à son habitude. En 2018 déjà Erdoğan était donné plus bas qu’il ne l’a été en réalité. Ce n’est donc pas une grande surprise mais cela reste une assez nette victoire, dans la mesure où l’opposition n’a jamais été si largement coalisée, des ultra-nationalistes jusqu’au mouvement kurde, en passant par un parti qui se revendique du communisme comme le parti des travailleurs de Turquie (TIP), ne laissant de côté, comme unique « faille », que des partenaires très mineurs, comme le dissident du CHP Muharrem Ince , qui s’est finalement retiré à la fin, et la scission du MHP, représentée par Sinan Ogan et Umit Özdag.

Globalement, dans l’opposition, tout le monde était derrière Kiliçdaroğlu et Erdoğan arrive finalement à gagner seul contre tous, si on excepte son allié du MHP (les autres partis alliés étant trop mineurs pour être considérés comme faisant parti d’un « front »). Mais outre cette grande coalition, Erdoğan a surtout survécu à une inflation incroyable, une chute du niveau de vie des classes moyennes et au séisme. Les conditions étaient donc très défavorables pour Erdoğan. Je ne vois pas même comment les conditions auraient pu être plus favorables à l’opposition : une grave crise économique, une catastrophe mal gérée quelques mois à peine avant l’élection et un Erdoğan qui gagne et gagne même dans les zones du séisme : plus de 71,9% des voix à Kahramanmaraş, 66,2% à Adiyaman, et dans la seule région où il est devancé, le Hatay, il ne l’est de rien du tout, de quelques dizaines de milliers de voix, les deux candidats étant au coude à coude. Pour toutes ces raisons, non seulement la victoire est nette, mais c’est même selon moi une claque pour l’opposition, sachant qu’en plus de cela, Erdoğan avait perdu le soutien d’une partie de la bourgeoisie, soutien qui s’érodait depuis quelques années, notamment dans cette frange de la bourgeoisie qui a le plus d’accointances avec l’Occident, et dont les intérêts économiques et politiques la rapproche des kémalistes et qui, via la Tüsiad, principal syndicat patronal, sans être allé jusqu’à faire ouvertement campagne contre lui, ne lui a pas facilité la tâche. Tous les cadres spécialistes des questions économiques, au sein de l’opposition, sont des gens qui ont fait des études aux Etats-Unis, qui sont passés par le FMI, qui sont reconnus internationalement. Il y a une partie de cette bourgeoisie là qui a choisi le camp de l’opposition et Erdoğan a gagné contre eux. Cela ne veut pas dire qu’il ne reçoit pas le soutien d’une partie de la bourgeoisie, évidemment, mais c’est à noter. Selon moi, c’est donc une nette victoire d’Erdoğan, même si toutes les analyses qui rendent compte de l’affaiblissement et d’une perte de vitesse de l’AKP (érosion des voix et second tour en attestent), sont justes. Il y a bien un phénomène de cette sorte, mais un phénomène bien moins puissant qu’estimé et un Erdoğan toujours plus fort que ce qu’on aurait pu croire, malgré toutes ces failles.

RPD : Comment expliquer, plus précisément, qu’Erdoğan se maintienne aussi haut alors que la situation économique en Turquie est préoccupante (très forte inflation) et ce, comme tu l’as mentionné, même dans les régions touchées par le séisme du 6 février 2023 ?

AE : J’ai déjà évoqué certains de ces points mais essayons de voir dans le détail pourquoi. Sur la situation, pourquoi n’y a-t-il pas eu plus d’effets que ça ? En réalité, les effets sont réels, notamment dans les grandes métropoles, Istanbul et Ankara notamment, déjà acquises cependant à l’opposition, mais aussi Adana, ce qui est nouveau, Mersin, où le processus était déjà en cours, et une série de très grandes villes commencent à voter contre Erdoğan, majoritairement. Je pense que c’est un effet de la crise économique et du « piège » urbain qui se referme sur des gens qui sont en dehors de certains réseaux traditionnels de solidarité et qui subissent le plus la crise des loyers, secteur où elle s’exprime de la façon la plus violente (Antalya, Mersin et bien sûr Istanbul et Ankara) et qui sont le plus exposés à l’inflation alimentaire, étant la proie des réseaux de distribution qui s’en mettent plein les poches. Les grandes villes sont aussi là où se trouvent le plus de jobs dans les services, avec nombre de payes qui avoisinent le salaire minimum, tout comme dans l’industrie. C’est sans doute un peu différent dans d’autres localités, plus petites, où les réseaux de clientélisme de l’AKP sont plus forts et où ils ont une utilité importante pour les gens qui en dépendent, avec un mélange d’aides sociales qui maintiennent les gens au bord de la pauvreté mais leur permettent de s’en sortir, et de clientélisme plus direct avec des emplois accordés en contrepartie d’un soutien politique apporté à l’AKP. Derrière ça les réseaux traditionnels de solidarité jouent également, en achetant en gros, au village, viande, boulghour et autres denrées. Ces populations ont du reste des standards et des modes de vie moins couteux que le standard urbain qui requiert une forme de consommation plus diversifiée, dans des grandes chaines comme Starbucks, quelques sorties de temps en temps et auquel les gens se sont habitués. Cette société de consommation a d’ailleurs été promue et proposée par l’AKP. Il est vrai qu’il est moins couteux d’aller boire un thé chaque jour dans le même salon de thé à Konya. Il y a donc une absorption de la crise économique très différente selon les régions, et il y a une partie de la base sociale de l’AKP qui est populaire mais une autre qui est propriétaire de son logement, voire d’un autre qui lui fournit une rente, d’autant meilleure que le foncier a été le refuge par excellence des épargnants, face à la crise, occasionnant une énorme spéculation, notamment sur le prix des loyers, pour faire payer aux locataires le cout de l’inflation, locataires qui subissent de plein fouet la crise.

En réponse à cela, il y a toutefois aussi des mesures qui sont prises par Erdoğan pour protéger les plus fragiles, avec une augmentation très régulière du salaire minimum, depuis deux ans, gratuité pour un mois du gaz et pour un an du gaz hors chauffage, augmentation des pensions de retraite et du salaire des fonctionnaires. Il y a donc eu des mesures économiques, de la part d’Erdoğan, pour répondre concrètement à la crise. Pansements sur une jambe de bois mais cela apporte une réponse immédiate, sachant que cette politique n’a pas entrainé de hausse du chômage ou de baisse de la croissance et que l’activité économique du pays se maintient. Pour ce qui est de l’opposition, ce qu’elle propose, c’est une hausse des taux d’intérêt de la banque centrale, donc un durcissement des conditions d’accès au crédit, c’est-à-dire ni plus ni moins qu’une cure d’austérité, pour lutter contre l’inflation. C’est en fait assez inquiétant, sans gager que l’électorat en ait pris massivement conscience, cette politique étant relativement dissimulée par l’opposition, mais cela a pu jouer. Il y a une confiance assez robuste en Erdoğan, de la part de sa base, sur les questions économiques et en sa capacité de mener la barque. Erdoğan a une grande force : il est et demeure l’homme de l’augmentation générale du niveau de vie et de l’accès de larges couches de la populations à des biens de consommation variés dans les années 2000, et malgré la crise économique, la baisse du niveau de vie, la population n’a pas perdu son électroménager et garde en mémoire qu’elle n’avait pas accès à ces biens dans les années 1980-1990. Par ailleurs, il prouve, par ses grands projets nationaux que, malgré le problème de l’inflation, la Turquie conserve sa capacité à maintenir son rang, à avoir de grands projets industriels et de haute technologie, d’ailleurs pas forcément menés par des équipes turques mais produites sur le sol turc. Le pont sur les Dardanelles (projet coréen) en est une expression, mais aussi le troisième pont sur le Bosphore, le troisième aéroport, et force est de reconnaître que ce n’est pas que de la propagande, ces projets étant concrets et prouvent d’une certaine façon, que la Turquie est en train de changer d’époque, d’échelle, sur les questions industrielles, sur les questions d’infrastructure et sur son rôle à l’international. Tout cela, mélangé au nationalisme et à la fierté d’avoir des drones turcs et des grands projets ne fonctionne pas si mal pour Erdoğan.

Pour ce qui est des zones sinistrées, il me semble que les gens qui votent pour l’AKP, indépendamment de leur conviction politique, religieuse ou autre, c’est-à-dire au delà des questions strictement économiques, croient sincèrement qu’Erdoğan va reconstruire les logements. Ils ont sans doute des raisons de le croire dans la mesure où ils ont vu comment la Turquie a construit, pendant vingt ans, une quantité faramineuse de logements dans un temps, si on excepte la Chine, record. Les gens considèrent sans doute la chose comme possible, et il y a des raisons de croire que ça l’est, l’entreprise publique TOKI relevant de l’industrie lourde, elle peut construire très vite, quoique très mal. Visiblement, une partie des habitants des zones sinistrées font confiance à Erdoğan pour reconstruire. Ils ont une lecture du séisme, qui au fond n’est pas complètement fausse, selon laquelle la catastrophe a été d’une telle ampleur que personne n’aurait pu faire véritablement mieux dans le contexte qui était celui de la Turquie. Ce n’est pas tout à fait faux. Là où ils ne lui tiennent pas rigueur des bâtiments mal construits qui ont été détruits c’est parce qu’ils en veulent individuellement aux promoteurs et parce qu’Erdoğan a joué finement en arrêtant la plupart des promoteurs connus ou, symboliquement, qui se sont rendus coupables des pires escroqueries avec les plus gros ensembles démolis par la catastrophe. Erdoğan a réussi à dépoter la colère, y compris de sa propre base, sur les promoteurs immobiliers véreux alors que son parti avait une responsabilité dans la collaboration avec ces gens-là, notamment pour tous ces bâtiments dont le processus de réglementation n’a pas été suivi mais que le simple règlement d’une amende avait suffi à « mettre aux normes ».

RPD : Pourquoi le candidat Kiliçdaroğlu n’a pas convaincu alors qu’il avait le soutien de l’ensemble de la Turquie « progressiste » et du parti kurde HDP ?

AE : J’ai là aussi apporté quelques éléments de réponse. La première raison, selon moi, c’est précisément parce qu’il était soutenu par les kurdes du HDP (parti démocratique des peuples) qu’il n’a pas convaincu. Le constat est terrible, mais il semble que ce soit le principal argument qui est revenu, et la raison principale pour laquelle il n’a pas réussi à détacher une partie de la base électorale d’Erdoğan. Une partie de sa base a exprimé le fait qu’elle ne voulait pas voter pour un candidat qui aurait fait alliance avec ceux qu’elle considère comme des terroristes, alliance qui conduirait selon eux à diviser la Turquie, à laisser émerger un Kurdistan libre et à la libération d’Öcalan Tout cela est évidemment faux. Tout ça ayant été agité par la propagande de l’AKP avec des fausses informations qui avançaient que Kiliçdaroğlu serait allié au PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), à grands coups de vidéos truquées. C’est le principal clivage et principal argument d’autorité de la part des partisans d’Erdoğan pour justifier leur choix, une sorte « ligne rouge », et d’argument impossible à contrer sauf à dire « non, nous ne soutenons pas le PKK ». Etant donné que Kiliçdaroğlu ne soutient pas vraiment les kurdes, son alliance avec le HDP en devient « honteuse », pour des raisons restrictivement électoralistes. Kiliçdaroğlu est resté sur une position floue vis-à-vis de la question kurde, se contentant de dire que la question serait réglée démocratiquement par un processus au parlement, laissant dans le même temps ses lieutenants les plus à droite, comme Mansur Yavaş ou Meral Aksener, appeler agressivement au désarmement du PKK sous menace de liquidation. Ligne de fermeté contre la lutte armée et ouverture au dialogue politique certes, sauf que pour une grande partie des Turcs plus ou moins nationalistes, le HDP, c’est le PKK. Bien sûr à cause de la propagande de l’AKP qui pousse, depuis une dizaine d’années et la fin du processus du paix, pour dire que c’est la même chose, ce qui est faux, à quoi s’ajoute l’arrestation de Demirtaş et de nombreux autres militants du HDP et la tentative d’interdiction du HDP. Cependant, ce n’est pas non plus totalement faux, les gens savent bien qu’il y a des liens historiques entre le HDP et le PKK. Les grandes décisions du HDP requièrent, c’est vrai, l’aval informel du PKK pour valider leur position. Le problème étant que pour l’immense majorité de la population turque, y compris parmi l’opposition, le PKK ne représente pas une option politique amicale avec laquelle ils ont envie de collaborer d’une manière ou d’une autre. La propagande nationaliste turque est parvenue à en faire un repoussoir complet et le racisme anti-kurde joue à plein. Le conflit armé et ses victimes a laissé des traces, comme les attentats. Mais plus fondamentalement, le projet du PKK est compris comme un projet nationaliste absolument antagoniste au projet nationaliste turc et ils ne voient pas pourquoi ils laisseraient le PKK diviser la Turquie. Là aussi, il y a une part de vérité, et il me semble, c’est mon point de vue, que le projet du PKK est par trop nationaliste pour convaincre largement parmi les progressistes. Toute sa politique ne relève pas que du nationalisme kurde, mais le centre de gravité du HDP, et plus largement du mouvement kurde demeure nationaliste, ce qui constitue, au plan électoral, un obstacle difficile à dépasser.

L’alliance autour de Kiliçdaroğlu a été très générale mais pas si bénéfique. L’alliance avec le iYi Parti, par exemple, n’a pas apporté grand-chose, parce qu’en réalité les voix des gens vraiment nationalistes sont allées à Sinan Oğan, au troisième homme, instigateur de la scission du MHP qui a fait campagne uniquement sur une ligne ultranationaliste, alors que le iYi Parti était finalement rangé derrière Kiliçdaroğlu, ce qui n’a pas été si efficace. De toute évidence, l’apport d’Ahmet Davutoğlu et d’Ali Babacan a été assez marginal. On peut croire que peut-être cela a apporté 1 ou 2% dans certains secteurs de l’AKP mais, globalement, les gens ont préféré l’original à la copie. Babacan était apprécié dans le giron d’Erdoğan, mais l’islamisme politique, c’est Erdoğan, et c’est lui qui concentre l’essentiel des votes. Les seconds couteaux n’ont pas su convaincre. Il y a un clivage, une polarisation, qui favorise Erdoğan, quand bien même tous les morceaux de l’opposition s’unissent contre lui.

RPD : Quelles vont être les répercussions des élections au plan économique et géopolitique ?

AE : Je pense que pour l’instant, si on se dirige vers le scénario, probable, d’une victoire d’Erdoğan, les répercussions ne seront pas si remarquables dans la mesure où on sera, en toute logique, dans la continuité. Continuité veut dire rapprochement avec Bachar al-Assad en Syrie, rapprochement avec l’Egypte, qui est toujours en cours, rapprochement aussi avec l’Arabie Saoudite, qui est déjà bien avancé. On est sur une période d’apaisement vis-à-vis de la Grèce et de l’Arménie, même si ces deux fronts peuvent basculer très vite et également sur un rapprochement avec la Russie, qui pourra s’accentuer un peu, sachant que les russes ont vraiment soutenu la campagne d’Erdoğan et que les américains non. La réélection d’Erdoğan inscrira la Turquie dans la continuité, cette dernière continuera vraisemblablement à saisir toutes les opportunités pour avancer ses pions, comme elle le fait avec la guerre en Ukraine. Continuité également sur le plan économique, jusqu’au point de rupture, annoncé par tout le monde, où il pourrait y avoir un revirement économique soudain de la part d’Erdoğan, à terme, notamment sur la question des taux d’intérêt, mais rien n’est sûr. Les changements risquent davantage d’intervenir au plan économique que géopolitique, avec peut-être un changement de stratégie et un revirement sur les taux d’intérêt mais cela n’est pas certain.

Propos recueillis par Pierre Reip et Marc Elba

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