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Meeting

Poutou à Lille : « Il faut enlever aux capitalistes les moyens de nuire »

Une salle comble et des applaudissements nourris : l'ambiance était au rendez-vous pour le meeting de Philippe Poutou qui se tenait à Lille ce 14 avril. Récit.

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Les nombreuses chaises qui étaient installées n’ont pas suffi. Ce vendredi 14 avril, ce sont près de 500 personnes qui étaient venues assister au meeting de Philippe Poutou. Au cours d’une intervention d’une heure environ, celui-ci s’est livré à une dénonciation du système capitaliste, fait de misère et de souffrance, et a parlé des moyens pour le combattre. Le tout dans une ambiance détendue et conviviale où les éclats de rire étaient nombreux.

Pour Poutou, le capitalisme, c’est ce système qui permet l’exploitation de la majorité par une minorité d’ultra-riches tout en le justifiant « au nom du mérite ». Une idée reçue que le candidat ouvrier a largement combattue. De quel mérite parle-t-on quand on voit ces grands patrons capitalistes accumuler des milliards sur le travail de ceux qui se tuent la tâche et voient leur vie sacrifiée sur l’autel du profit ? Au contraire, pour Poutou, le mérite est bien celui de notre camp social, de ces ouvriers, caissières, vendeurs, ces travailleurs qui font tourner la société sans pouvoir vivre convenablement de leur travail.

Sur le même plan, celui-ci a dénoncé le chômage de masse qui, loin d’être la conséquence des innovations techniques, résulte d’un choix conscient des capitalistes pour accumuler toujours plus de profits. Pour preuve, ces ultra-riches qui, en période de « crise », ne font qu’augmenter leurs fortunes. Et Poutou d’énumérer ces grands patrons qui ont fait exploser leur compte en banque ces dernières années.
Dans ce contexte, la question est donc bien de savoir comment « reprendre les richesses qui nous ont été volées », car pour Poutou, ces grands fortunés ont bien volé le fruit de notre travail. Pour cela, le partage du temps de travail entre toutes et tous est bien la seule mesure qui permette d’empêcher le chômage. Mais, plus largement, Poutou a remis en cause la « propriété privée des moyens de production », pour « enlever aux capitalistes les moyens de nuire » et décider nous-mêmes de notre propre vie.

« Nous voulons renverser ce système capitaliste et prendre le pouvoir » : un projet qui nécessite de savoir comment on se défend et comment passer à l’offensive. Pour Poutou, ce ne sont pas les résistances qui manquent : la mobilisation contre la loi travail, Nuit Débout, ou encore les nombreuses grèves de ces derniers mois montrent qu’on « est capables de relever la tête et de résister ».

Pour cela, Poutou a insisté sur la nécessité d’avoir un plan de bataille commun, et surtout de « reconstruire l’unité de notre camp social », de notre classe. C’est bien pour cela qu’il faut « combattre le racisme, le sexisme, l’homophobie et toutes les formes d’oppression » qui nous divisent face à nos ennemis communs, à nos exploiteurs. A ce titre, celui-ci a réaffirmé son projet d’ouvrir les frontières et d’accueillir les migrants car « la seule frontière qui existe, c’est celle entre exploiteurs et exploités ». Pour Poutou, les « gens ne sont pas aussi réactionnaires qu’on veut nous le faire croire ». Le problème, c’est la résignation et l’isolement, l’impression qu’on ne peut rien faire. En ce sens, Poutou a appelé à créer nos propres outils pour nous défendre et à la création d’un « grand parti des exploités et des opprimés ».

Enfin, il est revenu sur la question du vote utile et la percée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages. Pour Poutou, il est clair que ce ne sont pas les élections qui changeront nos vies. Il a tenu à rappeler toutes les fois où les promesses électorales n’ont pas été tenues et où « la gauche une fois au pouvoir, est devenue comme la droite », à l’image de Syriza en Grèce ou de hollande en France. Un projet radicalement différent de la candidature de Poutou, qui ne fait pas de promesses électorales, mais est un programme de combat pour nous battre ensemble après les élections. Pour cela, « on ne se retirera pas », quoi qu’il arrive, a insisté Poutou, suscitant une salve d’applaudissements nourris.

Une intervention combative, donc, mais l’humour et la bonne humeur était également présents lors de ce meeting réussi. Plusieurs fois, Poutou a été interrompu par les rires et les applaudissements. Comme lors de cette « punchline » à propos des « faucheurs de chaises » : « D’habitude, c’est les banquiers qui volent. Quand c’est l’inverse, ça leur fait bizarre. » Loin de l’image de sanguinaire et de manipulateur qu’ont cherché à construire de nombreux grands médias et hommes politiques ces dernières semaines, Poutou a donné une toute autre impression ce soir. A la sortie, de nombreuses personnes qualifiaient le candidat ouvrier d’une personne « simple », « sympathique », « honnête », « comme nous ».

Un sentiment bien résumé par l’intervention au micro d’une très jeune fille à la fin du meeting demandant devant une salle hilare : « est ce qu’on est obligés d’être riches pour être candidat ? » Loin du monde des politiciens professionnels, Poutou a rappelé combien il était difficile pour un ouvrier anticapitaliste de se présenter, mais que cela valait le coup. Voir une salle comble rire tout en discutant sérieusement de comment renverser le capitalisme, c’est bien ça qui inquiète les classes dominantes. Tous ensemble, reprendre les richesses qu’ils nous ont volées : notre bonheur passera par leur malheur de perdre leurs milliards. Une « utopie » loin d’être irréalisable, mais bien plutôt à réaliser : voilà ce qui fait sourire dans les meetings de Philippe Poutou.


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