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Justice patriarcale

Premier féminicide de l’année : la victime avait porté plainte deux fois

L’homme qui a tué sa compagne Eléonore Places lors de la soirée du nouvel an était déjà visé par deux procédures judiciaires suite à des plaintes déposées par cette dernière pour cause de violences conjugales. Ce féminicide démontre à nouveau tristement que nous ne pouvons pas compter sur la justice ni la police pour faire cesser les violences de genre.

Ella Dall’erta

7 janvier 2022

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© : Alain Jocard / AFP

Le premier féminicide de l’année, celui d’Eléonore Places, a eu lieu lors de la soirée du nouvel an. Son compagnon l’a assassinée à coups de couteau avant de la laisser sur le palier de leur immeuble de Bellevigne-les-Châteaux, près de Saumur. L’homme a été mis en examen le 3 janvier avec comme chefs d’accusation meurtre sur concubin et violences aggravées.

Ce drame rappelle tristement d’autres féminicides, ayant lieu alors que les femmes victimes de violence avaient déjà déposé plainte auprès des services de police. En effet, Eléonore Places avait porté plainte contre son conjoint deux fois, ce qui faisait qu’il était placé sous contrôle judiciaire et qu’il avait une interdiction de rentrer en contact avec elle. La jeune femme avait déjà expliqué à l’un des policiers que son compagnon avait menacé de la tuer comme le relate BFMTV : « Pourtant, à la question "votre partenaire vous a-t-il déjà menacé de mort ?", la jeune femme répond par l’affirmative : "Oui. Il n’a pas précisé comment il allait le faire. Mais il m’a dit ’je vais te tuer’", peut-on lire, dans ce document daté du 23 octobre 2021. »

La seule mesure concrète prise, à savoir l’interdiction pour le jeune homme d’entrer en contact avec Eléonore Places, n’a pas été tenue et ils ont continué à travailler au sein de la même caserne. Malgré les deux plaintes et cette déclaration de menace de mort, rien n’a été mis en place pour prendre l’homme en charge et éviter ce drame. Une situation qui n’est pas sans rappeler les féminicides de Chahinez ou encore celui de Nathalie D. qui ont mis en avant l’inefficacité évidente des mesures répressives qui ont conduit à la mort d’Eléonore.

A quelques mois des élections présidentielles, ce féminicide - ainsi que les deux autres qui ont tristement suivi en ce début d’année - vient rappeler que Macron a bien vite oublié « la grande cause du quinquennat » qu’était censée être la lutte contre les violences faites aux femmes, qui s’est réduite à une listes de mesures répressives et une instrumentalisation de la lutte féministe au profit de rhétoriques et de lois racistes.

Ce nouveau féminicide rappelle également que ni la police, ni la justice ne nous aideront à mettre fin aux violences sexistes et sexuelles. La logique exclusivement punitive, qui vise des individus présentés comme monstrueux en les sanctionnant plus ou moins durement sans jamais questionner le terreau social et la dimension structurelle des violences de genre, ne permet pas de lutter efficacement contre elles.
Pour toutes les femmes victimes de violence il est d’ors et déjà nécessaire d’exiger un programme d’urgence, pour une indépendance économique, pour pouvoir sortir d’une relation sans être contraintes à une situation instable ou précaire. Ainsi, le SMIC devrait être augmenté à hauteur de 1800 euros net pour toutes et tous, qui permettraient de se loger, se nourrir et subvenir à l’ensemble de ses besoins. Des logements doivent être réquisitionnés pour accueillir dignement toutes les femmes qui en auront besoin. De plus, si l’instabilité et la précarité sont d’abord économiques, elles peuvent aussi être psychologiques pour les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles, il faut donc permettre un suivi psychologique gratuit et assuré par les services publics.


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