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Plan vidal

Présentation du plan étudiants à l’Assemblée : on sait quels seront les prérequis

Le 12 décembre étaient publiés les « prérequis », ou « attendus » pour entrer en licence. Selon le gouvernement, ce sont « les connaissances et les compétences tacitement requises par les formations d’enseignement supérieur » explicités pour permettre aux lycéens un « choix éclairé » de filière. Mais à bien y regarder, ces prérequis ne sont ni plus ni moins qu'une façon d'instaurer une sélection accrue à l'université. Crédit photo : SIMON DAVAL / MAXPPP

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Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, s’était engagée à définir les prérequis pour entrer à l’université avant Noël. Le gouvernement a dévoilé le 12 décembre le cadrage des « attendus » pour entrer dans les différentes licences. Selon le gouvernement, ils doivent servir à la fois comme une aide aux lycéens pour s’orienter, une référence pour les professeurs de lycée accompagnant ces choix d’orientation et de critères pour les universitaires dans leur travail de sélection des dossiers de candidature. Les prérequis seront utilisés dans toutes les filières dites « en tension » (médecine, droit, STAPS, psychologie) mais aussi dans toutes les filières pour lesquelles les universités auront défini des capacités d’accueil chiffrées.

Dans ces prérequis, on trouve des éléments qui, d’après certains universtaires, seraient plutôt des « objectifs de sortie de licence » que des capacités à maîtriser pour y entrer. Selon Pascal Maillard, enseignant en Lettres à l’Université, « de très nombreux attendus étant en décalage complet avec les compétences et les savoirs savants acquis dans le secondaire, nul doute que nombre de lycéens vont paniquer et renoncer à certaines orientations : des filières pour lesquelles ils éprouvent de l’attrait ou de la motivation et qui leur apparaîtront désormais inaccessibles  ». De plus, certains attendus peuvent apparaître comme complètement délirants : pour entrer dans les filières de santé, il est pré-requis de « disposer de qualités humaines, d’empathie, de bienveillance et d’écoute »... On se demande bien comment les professeurs de lycée vont pouvoir juger de qui dispose de ces « qualités humaines » et de qui n’en dispose pas !

D’autres prérequis sont plus précis : en droit, on devra avoir suivi un module de découverte du droit sur internet, tandis qu’en psychologie, il sera demandé un bon niveau en anglais, dans une matière scientifique et deux matières littéraires. Si ces présentations sont pour l’instant floues, on imagine bien qu’ils se transformeront en des barèmes indexés sur des notes, lesquels renforceront les inégalités entre les différents lycées d’origine.

Présenté comme un moyen de mettre fin au tirage au sort qui départageait jusqu’ici les étudiants, la mise en place de ces prérequis demanderait un travail énorme aux universitaires, personnels administratifs et enseignants. En effet, selon le SNESUP, syndicat de l’enseignement supérieur, « c’est au minimum 18 000 temps pleins d’enseignement qu’il faudra mobiliser pour cette mesure, à offre de formation constante, et sans prendre en compte l’évolution du nombre d’étudiants » pour mettre en place cette sélection qualitative et cet accompagnement personnalisé. Le SNESUP appelle par ailleurs à ne pas organiser et à ne pas mettre en place la sélection.

Comme l’on révélé les MacronLeaks, le projet du président pour l’université est « d’instaurer la sélection sans faire de vagues », et ce pour « augmenter les droits d’inscription » et ainsi « développer le crédit aux étudiants ». La mise en place des prérequis et du Plan Étudiants en général s’inscrivent dans cette logique, et cette sélection déguisée en accompagnement des étudiants ne soulève pour l’instant pas de vague de contestation. Les gouvernements successifs ont baissé constamment les budgets de l’enseignement supérieur, tandis que le nombre d’étudiants augmente chaque année, légitimant ainsi dans les esprits l’idée qu’il faudrait sélectionner. Pour sortir du tirage au sort, ce que nous devons revendiquer ce n’est pas une sélection accrue, mais une université ouverte à toutes et à tous, et non soumise à la logique de la rentabilité.

Face à un Macron qui veut réformer l’université par ordonnances, le début de mobilisation réussi contre la fusion des universités au Mirail à Toulouse montre que les étudiants sont capables de se saisir des enjeux qui les concernent, en lien avec les travailleurs, et de lutter contre les mesures qui visent à séparer filières d’élites et « filières poubelles », à fermer toujours plus la fac aux enfants des classes populaires et à l’ouvrir toujours plus aux intérêts du patronat.


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