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Privilège policier

Président des cow-boy : Macron encourage les policiers hors service à être armés

Alors qu’en mai dernier la loi sécurité globale autorisait les policiers hors service à être armés dans des établissements recevant du public, Darmanin a annoncé la gratuité du train pour les policiers armés. Le gouvernement incite ainsi les policiers à être armés et systématiquement prêts à réprimer, ouvrant la voie à toujours plus de violences policières mortelles.

Paul Morao

6 septembre 2021

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Vendredi dernier, l’annonce par Gérald Darmanin de la mise en place de la gratuité du train pour les policiers a largement choqué. De fait, les cadeaux aux policiers ne cessent de s’enchaîner depuis le mouvement des Gilets jaunes, de l’exemption de la réforme des retraites à l’exemption de l’obligation vaccinale en passant par les lois visant à garantir l’impunité policière ou les investissements massifs. Une mesure qui a suscité la joie des syndicats de police et qui résonne par ailleurs avec une autre annonce, celle de la volonté du ministre des Transports de s’attaquer au train gratuit des cheminots…

Pourtant, au-delà de l’énième symbole du privilège policier, l’annonce a de quoi inquiéter. En effet, l’accord conclu avec la SNCF dispose que la condition de la gratuité du train sera que les policiers soient armés. Sur Twitter, Gérald Darmanin a ainsi décrit : « un partenariat gagnant/gagnant permettant de mieux sécuriser les trains et faciliter la vie de nos policiers ». En clair, les policiers hors service prenant le train seront considérés comme devant se tenir prêts à intervenir, y compris avec leur arme.

Une mesure qui évoque l’article 53 (article 25 du projet de loi) de la loi sécurité globale, adoptée définitivement en mai 2021. Passé relativement inaperçu derrière l’article 24 qui s’attaquait à la possibilité de filmer les policiers et leurs violences, celui-ci permet aux policiers d’accéder à n’importe quel établissement recevant du public lorsqu’il porte son arme hors service [1]. Deux ans auparavant, un boulanger qui avait refusé l’accès à son établissement à un policier armé et cagoulé avait quant à lui été placé en garde-à-vue pour « refus de vente et outrage à personne dépositaire de l’autorité publique » avant d’être jugé et condamné à 70 heures de travaux d’intérêt général.

Toutes ces mesures font système et vont dans le sens d’élargir les possibilités pour les policiers d’être disponibles en permanence pour réprimer. Pire, comment ne pas y voir un encouragement à faire usage de son arme de la part d’un gouvernement qui ne cesse de donner des gages en faveur de l’impunité policière. Or, en ce sens, cet été a été marqué par une succession d’épisodes où les policiers ont fait usage de leurs armes à feu lors de banals contrôles routiers. A Marseille, le 4 août, Souheil, habitant de la Belle-de-mai était tué par balle lors d’un contrôle. A Stains, le 16 août, les policiers blessaient grièvement par balle deux personnes. Le 18 août, à Rosny-sous-Bois, un policier tirait à 9 reprises en direction d’un véhicule en pleine ville. Le même jour, la gendarmerie arrêtait une voiture avant de braquer le jeune conducteur et ses amis, qui avaient suivi scrupuleusement les ordres des forces de répression.

L’extension de facto du domaine de l’usage de leur arme à feu par les policiers ne peut que faire planer la menace d’une multiplication de telles scènes, et l’incitation à porter leur arme en permanence n’être interprétée que comme une incitation à en faire usage. Une politique ultra-répressive qui apparaît par ailleurs comme le corollaire de la volonté du gouvernement d’élargir les possibilités de réprimer en lien avec la prévision de nouveaux épisodes de luttes de classe, auquel le gouvernement se prépare consciemment de lois d’exception en investissements dans le matériel de répression.

[1] L’article 53 modifie le Code de sécurité intérieure et crée l’article L. 315-3 suivant : « Le fait pour un fonctionnaire de la police nationale ou un militaire de la gendarmerie nationale de porter son arme hors service dans des conditions définies par décret en Conseil d’Etat ne peut lui être opposé lors de l’accès à un établissement recevant du public. ».


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