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Tournée des mairies dans le sud-est toulousain

Présidentielles 2017. Échos de campagne #4 : il était une fois dans le Lauragais

Quatrième épisode de la tournée des mairies, à la recherche de parrainages pour le candidat du NPA, Philippe Poutou. Après avoir retracé, ici-même, les tournées de camarades dans l’Aisne et l’Aube, le pays d’Othe, les alentours de Meaux et encore une fois l’Aisne, cette fois-ci, c’est en territoire haut-garonnais que se déroule l’histoire. Bien que le secteur soit plus « à gauche » que ceux cités ci-dessus, les obstacles sont tout à fait similaires, mais avec cette fois-ci, une signature à la clef. John Strempe

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Les 500 signatures ? Une bonne chose pour éviter le débat démocratique


C’est précisément dans le canton de Montgiscard que nous sommes allés arpenter la route, parfois très étroite et difficile d’accès, de la chasse aux signatures. Un canton que je connais bien, j’y ai vécu jusqu’à mes 23 ans, mais comme dit le proverbe d’un mec qui serait né sept ans avant lui-même : « nul n’est prophète en son pays ».

Une première tournée pendant les fêtes fut effectuée avec un bilan peu réjouissant : toutes les mairies visitées, c’est-à-dire 19 villages en trois jours, un seul maire vu (qui avait déjà donné son parrainage à quelqu’un d’autre) et pas vraiment de perspectives enthousiasmantes à coup de «  laissez votre numéro, on vous rappellera », « le maire n’est pas là, mais envoyez-nous un mail » ou même un maire, présent, mais qui refuse de nous voir car il ne parrainera personne. Et puis on connaît la chanson : quand on laisse un numéro, on a autant de chance qu’on nous rappelle que de voir de la neige en août à Toulouse. Pleins de fougue, de jeunesse et d’inexpérience, on se dit que même les grosses communes (dans le jargon d’une tournée, une grosse commune dépasse les mille habitants) peuvent, a minima, nous écouter et, au mieux, nous parrainer. Mais il arrive de tomber sur des maires, très organiques avec le système actuel, qui se réjouissent de la dictature des 500 signatures «  cela évite les extrêmes de se présenter ». Entendre bien sûr « petit parti », car le FN n’a pas de mal à se présenter, et pourtant…

Mais bon, bien que cette première tournée n’ait pas été une entrée en matière des plus parfaites, cela permet de prendre un premier contact, de montrer que nous sommes présents et de se rendre familier auprès secrétaires de mairies, qui bossent souvent aussi dans des mairies aux alentours et qui nous reconnaissent. Ne désespérons pas.

Puis vint un coup de téléphone, assez inespéré, d’un maire, un vendredi : «  Bonjour, on m’a averti de votre venue à la mairie et je suis d’accord pour accorder mon parrainage au NPA, repassez mercredi prochain pour déposer la promesse de signature et je vous la signerai ». Très étonnamment surpris, j’étais ravi de l’appel. Puis je me suis dit que, finalement, on risquait de voir de la neige à Toulouse cet été. Cela avait beau être le maire de mon village, nous ne nous connaissons pas plus que ça, et il est peu probable que cela ait vraiment joué. « Nul n’est prophète en son pays » hein ? Dans tes dents, Jésus et ton proverbe !

« J’ai pour principe de ne parrainer personne, mais… »


C’est donc avec l’assurance d’obtenir un parrainage que nous reprenons la route, avec deux autres camarades, en ce début d’année. Si nous étions trois, c’est non seulement pour former sur le tas les camarades qui n’ont jamais fait de tournée, mais aussi parce qu’il y a deux conditions essentielles pour partir en tournée : c’est d’avoir un permis et une voiture. Et tout le monde ne peut s’offrir ce luxe.

Pour cette journée, huit mairies ont été visitées et nous avons pu rencontrer deux maires. Ce n’est pas beaucoup, mais qualitativement intéressant. Bien qu’on ait eu droit à la traditionnelle réponse, parfois sur un ton désolé, des secrétaires de mairies qui nous informent que le maire ne veut pas parrainer – que serait une tournée sans cela d’ailleurs ? – les discussions avec les maires que l’on a vus étaient encourageantes pour la suite.

Même si les deux discussions ont commencé par le sempiternel « je ne parrainerai personne », il apparaît que l’argument d’un pluralisme politique, d’une possibilité que leur signature permette à un ouvrier, qui plus est combatif et qui a participé à la lutte de défense des emplois à Ford Blanquefort, de prendre la parole dans un défilé d’énarques - « qui touchent plus de 30 000 € par mois », dixit l’un des deux maires - a semble-t-il permis une nouvelle rencontre et discussion dans le futur, et une certaine ouverture pour la possibilité d’une signature. En outre, le fait d’être dans la même galère, petit parti qui ne peut rivaliser médiatiquement face aux gros partis, petite commune qui ne peut s’exprimer en intercommunalité face aux grosses communes, permet une certaine solidarité. Les échanges se sont donc terminés par des « j’en parlerai avec le conseil municipal, revenez après le 15 janvier » ou encore « à bientôt alors, ne désespérez pas, on ne sait jamais ! ».

Le problème, c’est que ce qui coince pour beaucoup est le « qu’en dira-t-on ». « Vous savez, on se connaît tous ici », nous expliqua un maire. Eh ben justement ! L’exemple d’une maire qui, sans soutenir la candidature mais soutenait ce pluralisme-là, a clarifié sa démarche auprès des habitants de sa commune et des communes alentours, en expliquant qu’il ne s’agissait pas d’un choix politique mais d’un choix démocratique. Elle a pu être entendue, et puis, si tout le monde se connaît dans le village, c’est encore plus simple pour faire passer l’information.

Les maires de petits villages étant pour la plupart des ouvriers, des agriculteurs, des enseignants ou des artisans à la retraite, cela permet de faire comprendre que nous sommes pareils, que nous venons du même monde, de la même classe sociale. Et qu’ils et elles peuvent permettre à quelqu’un de s’exprimer pour défendre cette classe-là, qu’ils et elles en ont la possibilité rien qu’en signant un bout de papier. Mesdames et Messieurs les maires, on vous offre la prochaine tournée !


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