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Prime exceptionnelle aux cheminots grâce aux Gilets Jaunes

Ce matin, Guillaume Pepy, président de la SNCF, a annoncé sur Radio Classique la mise en place d'une "Prime exceptionnelle" de fin d'année suite à la mobilisation des Gilets Jaunes.

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« On va jouer le jeu de cette mobilisation nationale pour le pouvoir d’achat, puisque, dès le bulletin de paie de décembre, les salariés les plus modestes vont recevoir une prime de fin d’année supplémentaire ». Voilà les déclarations de Pepy ce matin sur Radio Classique. Versée dès le bulletin de paie de décembre cette prime concernera près de 100.000 cheminots. Cette prime sera de 400 euros pour ceux qui touchent jusqu’a 1,5 fois le Smic et de 200 euros pour ceux qui touchent entre 1,5 et 2 fois le Smic. Sous fond de colère des Gilets Jaunes, le but est donc de calmer la grogne un maximum afin d’éviter que le secteur des cheminots ne rentre dans la bataille. C’est aussi un comble de voir Pepy "jouer le jeu de la mobilisation nationale" alors que lors de l’acte 5 ce dernier a collaboré avec les forces de répression pour mater la grogne des Gilets Jaunes !

Il faut aussi souligner le fait que les salaires sont gelés depuis maintenant 5 ans. Donc nous ne sommes pas dupes, comme si Guillaume Pepy était soudainement favorable à une augmentation du pouvoir d’achat des cheminots... On n’y croit pas une seule seconde ! De plus, selon Pepy, l’entreprise aura "un résultat positif à la fin de l’année", malgré les 3 mois de grève au printemps, ce qui signifie que la direction possède largement les moyens pour augmenter les salaires, mais elle préfère sûrement payer des petits fours et des repas pour les hauts cadres de l’entreprise.

La direction de la SNCF contribue donc à la précarité en économisant sur le dos des cheminots. Leur verser une "prime" à cause de la gronde sociale, au lieu d’une augmentation générale des salaires, voilà de sacrées économies sur le dos des cheminots qui font rouler les trains chaque jour !

Le patronat et le gouvernement jouent sur la division

Le gouvernement et le patronat sont conscients de l’énorme sympathie qu’a le mouvement des gilets jaunes aujourd’hui et craignent une extension du mouvement qui pourrait réellement les faire trembler. Cette extension pourrait prendre la forme d’une grève dans les secteurs stratégiques de l’économie, comme le chemin de fer, qui pourraient paralyser le pays et, avec la force et la détermination dont font preuve les gilets jaunes, stopper le rouleau compresseur du recul social enclenché par ce gouvernement au service des riches et des patrons.

Lors du discours du président Emmanuel Macron le 10 Décembre, ce dernier a annoncé que les grandes entreprises verseraient une prime exceptionnelle si les patrons le souhaitent. Sans nier le fait que pour beaucoup de salariés une telle prime serait un soulagement important dans le contexte où nous sommes nombreux à ne pas réussir à joindre les deux bouts, cette mesure est clairement une tentative de division.

Avec cette prime, le rêve du gouvernement et du patronat est de tenir le mouvement ouvrier à l’écart de la colère des Gilets Jaunes, de ramener le problème entreprise par entreprise. Il est par ailleurs évident, et nous le disons en connaissance de cause, que seules les grandes boîtes vont verser cette prime, en plus de décrédibiliser une fois de plus les syndicats, volontairement, pour donner une impression que ces derniers sont devenus inutiles...

Pourtant les syndicats sont peut-être devenus la clé de voûte du mouvement des Gilets Jaunes. Non pas par la volonté de ses directions syndicales qui ont malheureusement une fois de plus montré qu’elles ne sont pas à la hauteur, voire qu’elles essaient volontairement de freiner toute alliance et possible convergence. Mais en effet pour obtenir des vraies augmentations de salaire, mais aussi pour remettre en cause tout un système d’injustices sociales, la grève reste une arme fondamentale. En ce sens le non appel à la grève des directions syndicales est criminel car la brèche pour obtenir des augmentations de salaires et des vraies avancées sociales n’a jamais été aussi grande qu’aujourd’hui !

Alors que nombreuses sont les personnes qui trouvent que leur pouvoir d’achat est faible, il faut que le mouvement ouvrier s’affirme et demande des augmentations de salaires ! La force qui est celle des gilets jaunes aujourd’hui, avec leur détermination comme nous n’avons pas vu depuis des années, doit être renforcée par l’entrée en scène des travailleurs avec leur propre arme, celle de la grève. Voilà ce que cherchent à empêcher le gouvernement avec ces quelques miettes.

Les cheminots doivent construire le soutien et de mobiliser pour renforcer et élargir le mouvement en cours

Cette prime a été obtenue grâce au rapport de force établi par les Gilets Jaunes, les cheminots ne doivent pas se contenter des miettes et rester à l’écart de cette mobilisation.

A l’image de ce qui a été fait par les cheminots de l’Intergare, qui se mobilisent chaque samedi aux côtés des gilets jaunes depuis le 24 novembre, et pour continuer de renforcer et élargir le mouvement, la question qui doit être posé aujourd’hui c’est comment les cheminots peuvent apporter leur grain de sable. Il y en a qui discutent de l’idée de verser au moins une partie de la prime donnée par la direction aux gilets jaunes les plus précaires, sous forme de cadeaux pour les enfants, nourriture ou même argent pour payer les frais d’avocats des gilets jaunes réprimés par cette justice de classe. Le but n’est pas de faire la charité mais d’envoyer un signal fort pour montrer que certains cheminots n’acceptent pas la division, qu’ils refusent d’encaisser la prime en échange de se taire et qu’ils sont favorables à une poursuite et même un élargissement du mouvement, non seulement en bloquant des ronds points ou des secteurs économiques mais aussi en se mettant en grève, comme ils l’ont déjà fait pour certains ces derniers weekends.


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Clément Alonso

Cheminot au Technicentre de Châtillon (92), syndiqué Sud Rail

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