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Gestion répressive de la crise

Prolongation de l’état d’urgence sanitaire : le gouvernement passe en force à l’Assemblée Nationale

Après le camouflet de la première délibération, le gouvernement est passé en force à l'Assemblée pour prolonger l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 16 février en utilisant l'article 44 de la Constitution. L'usage de ce mécanisme anti-démocratique est à l'image de la gestion répressive de la crise.

Antoine Bordas

7 novembre 2020

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Crédit photo : Bertrand Guay / AFP

Revirement de situation à l’Assemblée : après le camouflet de mardi, une « reprise en main » autoritaire dès le mercredi

Mardi dernier à l’assemblée nationale, la séance a mal tourné pour le gouvernement. Alors que celui-ci souhaitait prolonger l’état d’urgence sanitaire jusqu’à la mi-février, la droite a profité de la faible présence des élus LREM pour faire voter un amendement réduisant le prolongement au 14 décembre seulement. Alors que les députés Les Républicains ont largement voté l’instauration de l’état d’urgence sanitaire, en demandant même toujours plus de restrictions des droits démocratiques, l’occasion était trop belle pour ne pas taper sur une question qui met en grande difficulté le gouvernement : la crise sanitaire, mais aussi la fermeture des petits commerces. Une occasion rêvée, dans la course déjà lancée à la présidentielle de 2022, pour se positionner en défenseur des « fêtes de Noël », comme l’a incarnée la députée Josiane Corneloup, voire même en défenseur de la démocratie. Une hypocrisie frappante de la part d’élus qui sont parmi les premiers à réclamer des mesures xénophobes et l’instauration de mesures d’exception décuplant l’arbitraire policier, sous couvert de lutte contre le terrorisme…
Un camouflet pour le gouvernement, qui a immédiatement envoyé Olivier Véran dans l’hémicycle pour affirmer sa volonté de ne pas laisser passer la ‘manœuvre’ des élus Républicains.

Le ministre de la santé avait dans son envolé lunaire déjà affirmé que le gouvernement ferait usage de l’article 44 permettant de remettre en cause ce vote. Et ils n’ont pas perdu de temps, dès le lendemain, un nouveau vote est venu remettre en cause le précédent, accordant a la majorité la possibilité de gouverner parler ordonnance jusqu’à la date qu’ils souhaitaient initialement, le 16 février. C’est sans surprise que le gouvernement confirme sa ligne de conduite dans la période, en s’appuyant sur les leviers les plus bonapartistes de la Vème République pour avancer dans la crise latente qu’il traverse.

L’absence de plan sanitaire et divagation sur les mesures : les fissures du bloc politique s’accentuent

Le dernier point réalisé par Santé Public France ce jeudi confirme les pronostiques, l’épidémie poursuit son évolution avec un énième ‘record’ : 58.046 nouveaux cas et 367 décès qui ont été recensés dans les dernières 24h. Côté hospitalisation, sur les sept derniers jours, se sont 19.248 nouvelles personnes admissent dont 2.936 en réanimation. La situation est dramatique dans les hôpitaux, le taux d’occupation des lits évoluent toujours plus, avec déjà 80 % en région parisienne en début de semaine selon Aurélien Rousseau, directeur de l’ARS d’Ile-de-France.

Des chiffres qui sont par ailleurs inférieur à la réalité, car on fait depuis un certain temps qu’il existe un décalage dû au latente de comptabilisation. Cette fois-ci Santé Public France a d’ores et déjà annoncé que suite à « un ’embouteillage’ dans les données  », il faut prendre des pincettes avec les dernières données, tout en réaffirmant une chose certaine : « les indicateurs sont tous très à la hausse »
La courbe épidémique ne se stabilise donc pas malgré les sortis du gouvernement qui affirme que la situation est sous contrôle. La gestion du gouvernement nous mène comme prévu vers une « effroyable dynamique » pour reprendre les termes de Rémi Salomon, directeur de l’AP-HP.

Dans cette situation, le gouvernement divague, plusieurs pistes fuitent dans la presse, sont en cours de discussion, mais rien de concret ne sort. On reste pour l’instant sur le statu-quo en poursuivant un confinement pro-patronal mettant en danger l’ensemble de la population. Mais les cafouillages successifs fragilisent un gouvernement qui ne voit que par la répression.

Dans cette faillite face au virus, de plus en plus de voix s’élèvent contre la gestion gouvernementale. En interne tout d’abord, une note secrète du Directeur général de la Santé Jérôme Salomonque Europe 1 à pu consulter met en lumière les contradictions profondes du système. Dans celle ci, l’homme politique pense clairement que le confinement ne marchera pas : «  Concrètement, l’inflexion de la courbe du virus en France sera plus lente avec "un plateau haut et prolongé  ». Son constat alarmant va jusqu’à évoquer des solutions d’urgences visant à « des évacuations en train vers l’Allemagne  ». La contradiction est flagrante avec un gouvernement qui affiche publiquement une confiance dans sa gestion malgré les certitudes en internes que leurs mesures sont inefficaces.

Mais c’est aussi dans la population que la contestation monte, avec notamment le secteur de l’Éducation Nationale. Que ça soit du côté des enseignants, avec des mouvements de grèves important et des travailleurs de l’éducation qui cherchent même à imposer des protocoles sanitaires adaptés en contradiction avec leur direction. Mais aussi dans la jeunesse, où la vague de mobilisations dans les lycées expriment un ras le bol de la gestion gouvernementale. Face à l’offensive sécuritaire du gouvernement, il s’agit donc de prendre appui sur la colère pour exiger des organisations de la gauche syndicale et politique un plan de bataille contre les attaques anti-sociales et anti-démocratiques en cours.


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