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Le pire des repères ou le dernier refuge

Qui est Antonio Guterres, nouveau secrétaire général de l’ONU ?

« La pire des cavernes de brigands » ou « véritable nid de voleurs », selon les traductions. C’est ainsi que Lénine qualifiait, à son époque, la Société des Nations (SDN), l’ancêtre de l’actuelle Organisation des Nations Unies (ONU). Mais les brigands, comme on le sait, ont souvent besoin d’un faux-nez. Il leur faut une façade présentable. Ou encore un porte-parole à première vue bien sous tout rapport. C’est le rôle dévolu au secrétaire général de l’ONU : un type encravaté au visage sympathique, douloureusement-impuissant-mais-faisant-tout-son-possible-pour-la-paix alors que son boulot c’est, précisément, de ficher la paix aux impérialistes ainsi qu’aux grandes puissances qui, dans l’ombre, tirent les ficelles. C’est le rôle que s’apprête à jouer Antonio Guterres, le nouveau secrétaire général de l’ONU. Ciro Tappeste

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« Pour valider les pires des coups tordus, quoi de mieux qu’un socialo ? ». On peut s’imaginer que c’est ce qu’aurait soufflé un fonctionnaire international lors d’une réunion portant sur les nominés au poste de secrétaire général. « On a déjà eu l’Egyptien, ancien ministre de Sadate et signataire de la ‘paix’ avec Israël, Boutros Boutros-Ghali, le Ghanéen, ami des impérialistes, Kofi Annan, pour finir avec Ban Ki-Moon. Pourquoi ne pas tenter le coup avec un social-démocrate proto-austéritaire, en ces temps de Realpolitik ? ». Non, ce n’est pas François Hollande qui a été choisi. Même à New York sa côte de popularité ne dépasse pas les 2%, mais Antonio Guterres.

C’est donc dans les rangs du Parti Socialiste Portugais, artisan de la prise de contrôle, du détournement et l’enterrement de la Révolution des Œillets au nom de la « gauche », qu’on est venu prendre l’homme : Antonio Guterres, un politicien ambitieux dans sa jeunesse, catholique fervent et socialiste comme d’autres vont à la pèche à la mouche. Il s’agit du candidat idéal pour les 193 pays de l’Assemblée Générale de l’ONU qui l’ont investi.

A 67 ans, il a suffisamment donné de gages au système pour être crédible. ON sait bien que ses envolées lyriques sur la réforme du droit de véto au Conseil de Sécurité seront aussi efficaces que des promesses de socialistes, à savoir qu’elles resteront lettre-morte. Lors de ses deux mandats en tant que Premier ministre du Portugal, entre 1995 et 2002, les prémisses de l’austérité bruxelloise sont mises en place. Par la suite, il a servi dix années de direction du Haut-Commissariat pour les Réfugiés, avec les succès que l’on sait. « La migration doit être une option, pas un acte de désespoir ». Sous son mandat à la tête du HCR, le nombre de personnes déplacées hors des frontières de leur pays d’origine est passé de 38 à 60 millions. Et tous attendent toujours une lueur d’espoir en provenance de New York. En vain.

Si Moscou, Londres, Washington, Pékin et Paris, capitales mondiales des droits de l’homme et du progressisme, ont fait campagne pour un homme « ayant le cœur à gauche », selon ses propres dires, c’est bien parce qu’il aura surtout le cœur à défendre leurs intérêts. Voilà donc un ancien vice-président de l’Internationale socialiste au secrétariat général de l’ONU. Depuis leurs fiers et loyaux services rendus aux marchands de canon pendant la Première Guerre Mondiale jusqu’à leur fervent crédo austéritaire au niveau européen ces derniers années, il semblerait bien (pour pasticher le titre très sérieux, du dernier écrit du communiste de conseil Paul Mattick), que la « social-démocratie soit devenue le dernier refuge de la bourgeoisie ». Y compris dans la caverne des brigands.


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