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« Je ne donne pas à boire aux négros ».

Racisme et maltraitance dans les cellules du tribunal de Paris. L’institution policière tentait de couvrir l’affaire

StreetPress a révélé l’existence de tout un système de maltraitances racistes entretenues par les fonctionnaires de police chargés de surveiller des personnes détenues dans les cellules du tribunal de Paris. Le cabinet du préfet Lallement et l’institution policière étaient au courant de ces actes et ont tenté de dissimuler l’affaire.

Gabriel Ichen

28 juillet 2020

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 Crédits photo : Le Parisien/Eric Le Mitouard 

Dans deux articles parus hier, StreetPress a mis a nu une énième affaire mettant en cause la violence et le racisme endémique de la police. Cette affaire confirme une nouvelle fois le caractère éminemment réactionnaire de l’institution policière.

Humiliations, insultes racistes et homophobes, privations de nourriture et refus de soins

Le tribunal de grande instance de Paris (TGI) dispose de près de 120 cellules utilisées pour enfermer les personnes avant ou après leur passage devant les juges. Ce sont des policiers qui surveillent ces cellules de jour comme de nuit. Une vingtaine d’entre eux sont aujourd’hui mis en cause pour des humiliations, des insultes racistes, homophobe, des privations de nourriture et d’eau, des refus de soins et des vols commis contre plus de 1000 personnes en l’espace de deux ans. De nombreuses sources et preuves, ainsi que les déclarations de l’officier Amar Benmohamed, témoin de ces actes durant près de 2 ans, font ainsi état d’un véritable système de maltraitances racistes qui a été couvert par l’institution policière.

Les personnes enfermées au dépôt du TGI se faisaient ainsi régulièrement traitées de « bougnoule », « négro » et faisaient l’objet d’insultes et de menaces racistes d’une violence inouïe : « je te lancerais tout ça dans la Seine », ou encore « « si on me laissait faire, je mettrais le feu à toutes ces merguez ». De véritables appels aux meurtres racistes qui font ainsi directement référence aux lynchages et aux mises à mort de maghrébins dont la police française et l’extrême droite sont historiquement coutumières. Comme ce fut le cas en 1961 où la police assassinât plusieurs dizaines de manifestants Algériens jetés dans la Seine auxquels s’ajoutèrent de nombreux cas de tortures.

Les détenus des cellules ont subi des traitements inhumains s’apparentant à de la torture selon l’officier qui a témoigné. Les fonctionnaires de polices en cause s’adonnaient à des privations de nourriture et d’eaux, et avait l’habitude de cracher dans les barquettes de repas fournis aux détenus ou de leur jeter par terre « comme à des chiens ». La ventilation des cellules était même coupée volontairement par les policiers.

Le cabinet du préfet Lallement était au courant

Or ces faits sont connus depuis longtemps par les plus hautes instances de l’institution policière. Ces actes ont fait l’objet de remontées jusqu’au cabinet du préfet de police Didier Lallement, qui a donc sciemment cherché à étouffer l’affaire. En effet, à la suite des signalements effectués, l’IGPN a été saisie sans saisir la justice, et trois enquêtes différentes ont été ouvertes par la police des polices sans jamais acter aucune sanction. A l’inverse, plusieurs policiers mis en cause ont même obtenu des promotions. Comme quoi, le racisme dans la police, ça paye…

Ces éléments démontrent donc bien que le racisme de la police n’est pas le problème de quelques éléments néfastes qu’il s’agirait de sanctionner ou d’exclure, car on le voit ici, c’est toute l’institution policière qui est impliquée en ayant eu connaissance de tels agissements et en cherchant à les étouffer.

Cela prouve que nous ne pouvons rien attendre d’enquêtes menées par des policiers sur des policiers, et que nous devons exiger la mise en place de commissions d’enquêtes indépendantes.

De la même manière, cette énième affaire rappelle les fondements d’une institution profondément raciste ayant pour fonction principale de garantir le maintien de l’ordre social existant au service des classes dominantes. Or c’est un ordre social profondément raciste, sexiste et fondé sur l’exploitation d’une majorité de la population que la police est chargée de défendre.

De plus, rappelons que l’institution policière et ses plus hautes instances, sont sous l’autorité directe du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, qui partage lui-même des thèses racistes auxquelles la police fait constamment référence. Il a dernièrement utilisé la thèse de « l’ensauvagement de la société ». Un concept raciste largement utilisé par la police, la droite et l’extrême droite. Le très réactionnaire syndicat de police Synergie s’est d’ailleurs félicité que le ministre de l’intérieur « reprenne sa sémantique ».

Ces éléments nous rappellent que l’on ne peut attendre aucune réforme progressiste d’une telle institution par l’État, qui ne saurait saper ses propres fondements.


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